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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 82<br />

Les 20 membres <strong>du</strong> Comité exécutif des mutuellistes demandent à être compris<br />

dans les poursuites dirigées contre les six chefs d'atelier et compagnons qui, en raison<br />

de la grève de février, sont tra<strong>du</strong>its en police correctionnelle le 5 avril. Ce jour-là, le<br />

Président <strong>du</strong> tribunal ne parvient pas à maintenir l'ordre et prononce le renvoi de l'affaire<br />

au 9 avril ; les membres <strong>du</strong> tribunal sont obligés de s'échapper par une porte dérobée.<br />

On a fait appel à la force armée. Mais, dès que les soldats paraissent, la foule<br />

les acclame :<br />

« Une compagnie d'infanterie s'est approchée <strong>du</strong> Palais de justice. Aussitôt que<br />

l'on a aperçu les soldats, les cris de Vive la Ligne ! Vive le 7 e ! Vivent nos frères ! sont<br />

partis de toutes parts dans la foule qui couvrait la place Saint-Jean ; les soldats, d'un<br />

air amical, répandaient à la bienveillance des <strong>ouvrier</strong>s qui leur serraient la main ;<br />

bientôt les baïonnettes qui étaient au bout des fusils sont rentrées dans le fourreau, les<br />

officiers ont rengainé leur sabre, et la plus cordiale union a régné entre les citoyens et<br />

les soldats. Des tables ont été dressées aux portes des marchands de vin, les soldats, la<br />

crosse en l'air, acceptaient gaiement les offres de leurs concitoyens. Une autre compagnie,<br />

arrivée plus tard, s'est jointe avec le même empressement à ces démonstrations<br />

pacifiques. La confiance était entière entre tous. » (Précurseur <strong>du</strong> 6 avril.)<br />

Cet incident a son importance, il a eu une grande influence sur l'état d'esprit des<br />

<strong>ouvrier</strong>s : ceux-ci virent, dans l'attitude <strong>du</strong> 7 e d'infanterie légère qui fraternisait avec<br />

eux, une manifestation non équivoque de la troupe en leur faveur. « Peut-être dit A.<br />

Sala, sans cette circonstance, le lendemain dimanche, n'eût-on pas compté, au convoi<br />

funèbre, près de 10 000 hommes marchant à rangs serrés et saluant les soldats sur leur<br />

passage. »<br />

Le jugement des <strong>ouvrier</strong>s poursuivis était renvoyé au 9, et il eût été facile d'éviter<br />

l'émeute en ajournant encore l'affaire. Mais le pouvoir est sûr de sa force et d'une répression<br />

facile : des renforts ont été demandés dans toutes les directions, et la troupe<br />

est habilement excitée contre les fauteurs d'insurrection et contre les <strong>ouvrier</strong>s, représentés<br />

comme « des brigands français, de la canaille à mitrailler, rapporte Sala, plus<br />

dangereux mille fois que des ennemis étrangers ». On avait établi des batteries sur les<br />

hauteurs voisines de Lyon et « les fortifications complétaient, en se liant aux forts<br />

détachés, un système formidable » permettant le bombardement de la ville.<br />

Le 9 avril au matin, la division aux ordres <strong>du</strong> général Aymar a un effectif de près<br />

de 13 000 hommes, et 10 brigades de gendarmerie : « Les mutuellistes, les ferrandiniers,<br />

unis aux Droits de l'Homme, si tous eussent pris part au combat, étaient sans<br />

doute loin de réunir un aussi grand nombre de combattants. Mais les <strong>ouvrier</strong>s, partisans<br />

<strong>du</strong> coup de main, espéraient que les populations de Saint-Étienne, de Tarare, de<br />

Chalon, de Grenoble, émues par leur appel populaire, se lèveraient en masse et viendraient<br />

combattre avec eux... En général, ils n'avaient sur eux aucune arme, on peut<br />

l'assurer... mais ils se disaient à eux-mêmes : nous en ferons, nous en prendrons. » (A.<br />

Sala.)<br />

Le Comité d'ensemble avait décidé un arrêt général des métiers ; les Centrales<br />

mutuellistes en avaient reçu, le 8 avril, l'ordre pour le lendemain. Les mutuellistes<br />

devaient se rendre en trois groupes séparés, devant le Palais de justice place Saint-<br />

Jean, devant la Préfecture et devant la Mairie.

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