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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 115<br />

Le 18 mai, la Northern Star publie l'adresse de la Convention au peuple anglais.<br />

Cette adresse, rédigée par Bronterre, recommande clairement au peuple de s'armer ;<br />

elle est approuvée par William Lovett lui-même. Par le manifeste de la Convention au<br />

peuple anglais, le Parlement <strong>ouvrier</strong> abandonne délibérément les méthodes de la force<br />

morale et s'engage dans les voies de la violence. Le manifeste de mai 1839 doit être<br />

rapproché <strong>du</strong> manifeste communiste de 1847. Il est un précédent dont s'inspireront<br />

Karl Marx et Engels : ceux-ci ont mis en formules les expériences chartistes.<br />

Les conventionnels décident de poser huit questions aux meetings simultanés de la<br />

Pentecôte. Huit questions : ils doivent notamment interroger les auditeurs de ces réunions<br />

sur l'éventualité d'une grève générale et leur demander « s'ils sont prêts à défendre<br />

avec les armes des hommes libres les lois et les privilèges constitutionnels que<br />

leurs ancêtres leur ont laissés en usant de leur droit constitutionnel et traditionnel ? »<br />

En adoptant le manifeste, la plupart des conventionnels ont été dominés par deux sentiments.<br />

Ils ont le désir de n'avoir point à prendre immédiatement une décision ; mais<br />

ils craignent aussi de paraître manquer de courage s'ils préconisent la prudence.<br />

Retour à la table des matières<br />

IV<br />

Entre le 17 juin et le 1 er juillet 1839, les conventionnels haranguent les auditoires<br />

chartistes qui adoptent le manifeste. L'idée de la grève générale est acclamée, comme<br />

les autres projets, par les auditoires enthousiastes, mais sans qu'elle provoque des applaudissements<br />

plus précis que ceux qui allaient en bloc à toutes les questions <strong>du</strong> manifeste.<br />

La grève générale avait été accueillie, sauf quelques opposants, par tous les<br />

conventionnels. Seulement, si l'idée <strong>du</strong> mois sacré avait été acceptée par tous, tous<br />

n'étaient pas d'accord sur l'opportunité de sa mise à exécution. Si l'on en croit Lovett,<br />

pour les modérés, la grève générale n'était qu'un épouvantail, « aussi n'étaient-ils pas<br />

opposés à voir discuter cette question par la Convention, le 1 er juillet, comme un<br />

moyen de négocier avec nos adversaires ». Un mot <strong>du</strong> délégué écossais, Abraham<br />

Duncan, résume cette politique : « Nous devons faire trembler nos oppresseurs en les<br />

tenant suspen<strong>du</strong>s jusqu'au-dessus de la gueule de l'enfer, mais nous ne devons pas les<br />

y laisser tomber. » Dans l'esprit de ces modérés, la grève générale n'était qu'une menace,<br />

un moyen d'intimidation pour forcer la main au Parlement. Lovett pensait qu'on<br />

pouvait aller jusqu'à conseiller la cessation <strong>du</strong> travail à un ou deux grands métiers. Les<br />

modérés n'avaient en vue qu'une simple mise en application partielle.<br />

Mais la grève générale apparaît aux Chartistes de la force physique comme<br />

conforme à leurs méthodes et propice à leurs fins. La grève générale pouvait forcer le<br />

vote des deux Chambres ; elle pouvait davantage : sa mise à exécution n'était-elle pas<br />

le commencement même de la révolution ?

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