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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 196<br />

VI<br />

La Seconde République finit et le Second Empire commença par des poursuites<br />

contre les sociétés ouvrières et des condamnations contre les militants.<br />

En vain, alors que les journées de Juin ont provoqué entre eux une rupture, un<br />

certain nombre d'<strong>ouvrier</strong>s et de bourgeois républicains se sont rapprochés dans les<br />

associations et les sociétés secrètes. Ce rapprochement s'est fait d'une façon limitée,<br />

morcelée ; la masse ouvrière reste encore meurtrie : elle garde rancune à tant de républicains<br />

bourgeois, dont l'indifférence et le silence ont été les complices de la répression.<br />

Et ceux des <strong>ouvrier</strong>s qui ne réagiront pas en face <strong>du</strong> coup d'État ont là leur excuse.<br />

Trop tard ! A une heure de la Seconde République où, déjà, les jeux étaient faits,<br />

et où la seule question qui se posait était de savoir qui ferait le coup d'État.<br />

Au reste, en province, bien avant décembre 1851, les populations ouvrières bénéficient<br />

de l'état de siège, depuis le printemps 1849. La manifestation <strong>du</strong> 13 juin à Paris<br />

avait été facilement dispersée ; mais, à Lyon, la Croix-Rousse s'était soulevée et barricadée<br />

; l'émeute, qui avait coûté la vie à 80 soldats et 150 <strong>ouvrier</strong>s, avait été suivie de<br />

1 500 arrestations. L'émeute avait provoqué, de la part des autorités, des mesures de<br />

prudence.<br />

Les grandes villes in<strong>du</strong>strielles sont paralysées. Elles ne pourront tenter, en face<br />

<strong>du</strong> coup d'État, de quelque côté qu'il vienne, aucune résistance.<br />

Les sociétés ouvrières sont désorganisées par des poursuites antérieures au 2 décembre<br />

(rapport <strong>du</strong> procureur général de la Cour d'appel de Limoges, 7 février 1852)<br />

grâce aux mesures préventives prises par les autorités prévoyantes de la Seconde République.<br />

Enfin, on ne saurait trop insister sur l'une des raisons décisives <strong>du</strong> succès <strong>du</strong> coup<br />

d'État ; la frivolité et la lâcheté de ceux des parlementaires qui ne lui étaient pas favorables.<br />

Sans doute, la veulerie de la majorité était prête à se laisser faire une douce<br />

violence. Une minorité restait attachée à la République : mais quelle énergie pouvaiton<br />

espérer d'hommes qui se payaient de mots comme ce Michel de Bourges qui, le 17<br />

novembre 1851, au moment <strong>du</strong> rejet de la proposition s'écriait : « Il n'y a pas de danger<br />

et j'ajoute que, s'il y avait un danger, il y a ici une sentinelle invisible qui nous<br />

protège... c'est le peuple ! » Comment de bonne foi Michel de Bourges pouvait-il espérer<br />

que le peuple pût le protéger ? N'avait-il pas été parmi ces républicains qui, par<br />

leur abstention même, avaient laissé étrangler la République, pendant les journées de<br />

Juin ? A la croisée des chemins, ils n'avaient pas su choisir, ils avaient livré la République<br />

aux Thiers et aux Falloux.

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