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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 62<br />

Les paroles <strong>du</strong> président <strong>du</strong> tribunal de Valenciennes reflètent un état d'esprit assez<br />

généralement partagé. Quels événements vont donc amener, un an après, l'opinion<br />

publique à accepter, avec indifférence, les massacres par lesquels, à Lyon et à Paris,<br />

sont réprimées les journées d'avril 1834 ?<br />

Retour à la table des matières<br />

I<br />

Bazard et Enfantin comme Blanqui avaient, pendant les journées de juillet, compris<br />

que « la classe la plus nombreuse de la société, celle des prolétaires, le peuple en<br />

un mot, avait vaincu », mais que les Trois Glorieuses « ne méritaient pas le nom de<br />

Révolution, parce que rien de fondamental n'était changé dans l'organisation sociale<br />

actuelle ».<br />

Vision nette, mais influence limitée. En 1831 les Saint-Simoniens essaient d'attirer<br />

à eux les <strong>ouvrier</strong>s, mais sans succès. Ils confient à Fournol et à Claire Bazard un enseignement<br />

spécial, le degré des <strong>ouvrier</strong>s. Les archives saint-simoniennes ont conservé<br />

une correspondance avec les <strong>ouvrier</strong>s tailleurs, chapeliers, bottiers qui fréquentent<br />

les cours ; chez ces adeptes « le désenchantement suivait de près l'enthousiasme ». En<br />

province, les missionnaires saint-simoniens entrent comme <strong>ouvrier</strong>s dans les ateliers.<br />

Mais l'influence saint-simonienne n'est pas perceptible, sauf peut-être à Lyon où un<br />

journaliste, de tendance saint-simonienne, fonde L'Écho de la Fabrique. Le journal<br />

emploie fréquemment des formules saint-simoniennes, et exprime, le 26 août 1832,<br />

« la reconnaissance des classes laborieuses aux Saint-Simoniens pour avoir tourné les<br />

idées <strong>du</strong> siècle vers les besoins et l'amélioration de la classe prolétaire ». En réalité,<br />

les références au Saint-Simonisme ressemblent à celles que les journaux <strong>ouvrier</strong>s font<br />

à Fourier et aux théories sociétaires : elles sont un hommage, non la manifestation<br />

d'une influence profonde.<br />

L'influence saint-simonienne ne s'est pas exercée directement sur les classes laborieuses;<br />

mais deux disciples dissidents de l'École, Pierre Leroux et Buchez, ont été les<br />

premiers à infiltrer des tendances, socialisantes dans l'esprit des républicains jusque-là<br />

purement préoccupés des problèmes politiques.<br />

Après s'être séparé de l'École, et s'être affilié à la Société des Amis <strong>du</strong> Peuple, Buchez<br />

organise des cours auxquels assistent des <strong>ouvrier</strong>s; son journal, L'Européen<br />

(1831-1832 et 1835-1838) a pour lecteurs, parmi les <strong>ouvrier</strong>s et artisans de Paris,<br />

surtout des typographes ; mais il est lu aussi à Lyon par les rédacteurs de L'Écho de la<br />

Fabrique. En 1837, les <strong>ouvrier</strong>s imprimeurs, lecteurs de L'Européen, publient une<br />

édition populaire des Évangiles. C'est parmi ces fidèles que se recruteront en 1840 les<br />

rédacteurs de L'Atelier qui s'inspireront des théories buchéziennes.

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