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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 293<br />

Quatre fois, Thiers a répété la même tactique : 1834, il a suscité l'émeute d'avril à<br />

Paris ; 1840, président <strong>du</strong> Conseil, il a cherché à disqualifier les grèves corporatives<br />

afin de distraire l'opinion publique française irritée de l'échec diplomatique que ses<br />

négociations secrètes avaient fait subir à la France ; 1848, son influence sur l'Assemblée<br />

a encouragé et mené au combat « ceux qui voulaient en finir » contre la République<br />

de février ; et le brusque congédiement des 110 000 <strong>ouvrier</strong>s des Ateliers nationaux<br />

a permis de donner une leçon à cette vile multitude.<br />

En <strong>1871</strong>, Thiers, qui se croit un grand homme de guerre, trouve enfin l'occasion<br />

de mener une campagne militaire, il est vrai contre des civils, et de livrer bataille à des<br />

Français.<br />

Lissagaray résume ainsi le 18 mars : « Qu'est-ce que le 18 mars ? Sinon la réponse<br />

instinctive d'un peuple souffleté ? Où y a-t-il trace de complot, de secte, de meneurs ?<br />

Quelle autre pensée que vive la République ! Quelle autre préoccupation que de dresser<br />

une municipalité républicaine contre une assemblée royaliste ? La reconnaissance<br />

de la République, le vote d'une bonne loi municipale eussent tout pacifié. » Cette définition<br />

d'un Communard reflète l'état d'esprit des Parisiens qui ne l'étaient pas. L'auteur<br />

des Rêveries d'un païen mystique, Louis Ménard, écrit à un ami : « Malgré moi,<br />

je penche pour les pauvres, les vaincus, les insurgés, enfin je suis républicain avant<br />

tout, et je crois qu'on est en train de tuer la pauvre République. »<br />

La Commune a voulu défendre la République qu'elle croyait en danger. Elle a été<br />

l'événement qui a empêché « l'escamotage de la République que préparaient les princes<br />

d'Orléans et leur chargé d'affaires, M. Thiers ». Jules Vallès a le droit d'écrire,<br />

dans L'Insurgé : « Nous avons calé la République avec nos fusils d'insurgés. »<br />

Retour à la table des matières<br />

II<br />

Le 19 mars au matin, en l'absence d'un gouvernement qui a fui à Versailles, le<br />

Comité central se trouve seul à Paris.<br />

Les hommes obscurs qui le composent sont surpris par l'événement; mais la responsabilité<br />

que celui-ci leur impose, ils l'acceptent très simplement. Jules Vallès nous<br />

les représente au matin <strong>du</strong> 19 :<br />

« Je n'en connais aucun. On me dit leurs noms, je ne les ai pas encore enten<strong>du</strong>s.<br />

Ce sont des délégués de bataillons populaires seulement dans leurs quartiers. Ils ont<br />

eu leurs succès d'hommes de parole et d'hommes d'action dans les assemblées, souvent<br />

tumultueuses, d'où est sortie l'organisation fédérale... Ils ne sont encore que six

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