Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 78<br />
Fabrique soutient tour à tour les tullistes, puis les tailleurs de pierre ; et, comme ceuxci<br />
remercient de leur appui les <strong>ouvrier</strong>s en soie, le journal répond que L'Écho de la<br />
Fabrique a été fondé pour parvenir à former les liens de confraternité entre les prolétaires<br />
– « la Sainte-Alliance des travailleurs ». En fait, L'Écho de la Fabrique constitue<br />
ce lien entre les <strong>ouvrier</strong>s en soie et les autres corps d'état. En novembre 1833, on<br />
voit successivement les différents métiers se grouper autour <strong>du</strong> mutuellisme. D'abord,<br />
les <strong>ouvrier</strong>s tailleurs. Puis l'Association des Frères Unis (tireurs d'or, guimpiers, passementiers<br />
et enjoliveurs). Le 10 novembre, un banquet réunit 150 mutuellistes de<br />
Lyon, 60 passementiers de Saint-Étienne et 20 mutuellistes de Saint-Chamond.<br />
Le 5 janvier 1834, les frères de la Concorde, les <strong>ouvrier</strong>s cordonniers, demandent<br />
qu'un grand traité unisse fraternellement les travailleurs de toutes, classes :<br />
« Mutuellistes stéphanois, Unistes, et vous, Mutuellistes lyonnais qui, les premiers sur<br />
la brèche, avez reçu les premiers coups d'une législation rétrograde et donné le signal<br />
d'une émancipation des travailleurs, accueillez la famille des Concordistes. »<br />
A Lyon comme à Paris, l'idée prend corps d'une entente générale entre les travailleurs.<br />
« Toute la classe des travailleurs s'ébranle et marche à la conquête d'un monde<br />
nouveau. » Pendant les mois de novembre et de décembre 1833, tel est le thème habituel<br />
de L'Écho de la Fabrique : « Du sein des Associations, doit éclore une organisation<br />
prochaine. Ces Associations, à cette heure dispersées sur le sol, seront des germes<br />
qui bientôt grandiront. Ce sont des matériaux que le présent apprête et amasse,<br />
que la main de l'avenir trouvera là, qu'elle ajustera et alignera pour fonder une administration<br />
générale <strong>du</strong> travail. »<br />
Le 10 septembre 1833, s'était constituée à Lyon une Association Lyonnaise des<br />
Droits de l'Homme. En janvier 1834, L'Écho de la Fabrique prend nettement parti et<br />
soutient la propagande républicaine. En janvier et février, à Lyon comme en Grande-<br />
Bretagne, la grève générale économique occupe les esprits ; cette idée ne prendra un<br />
aspect politique qu'en avril.<br />
En Grande-Bretagne, l'objectif ce sont les 8 heures ; à Lyon, c'est le tarif. Le 2 février,<br />
L'Écho de la Fabrique repro<strong>du</strong>it une lettre de Londres au Populaire relatant un<br />
projet de grève générale pour le 1 er mars. L'Écho de la Fabrique annonce chaque jour<br />
de nouvelles demandes d'affiliations. Mais, au sein <strong>du</strong> mutuellisme, il y a lutte entre le<br />
Conseil des présidents de loge et le Conseil exécutif de 22 membres qui s'appuie sur<br />
les syndicats par catégories. Le Conseil des présidents combat la grève que suggèrent<br />
le syndicat des peluches et le syndicat des châles. Le Conseil exécutif l'emporte. Le 8<br />
février, 800 métiers de peluche s'arrêtent ; et la maison qui, la première, a diminué<br />
l'article châle, est mise en interdit.<br />
Les fabricants s'entendent pour soutenir les baissiers. Le Conseil exécutif veut leur<br />
répondre par la suspension générale des métiers. Cette décision est soumise à un vote.<br />
L'Association mutuelliste a de 2 600 à 2 800 membres. Le 13 février 1 297 votent<br />
pour la grève, contre 1 044 opposants.<br />
Les mutuellistes entendent ne donner à leur décision qu'un caractère corporatif ;<br />
les Centrales prennent toutes les mesures nécessaires pour éviter les troubles et « ne se