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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 117<br />

Du reste, le 22 et le 24 juillet, sur une intervention de Bronterre, la Convention revient<br />

sur son vote et remplace celui-ci par une adresse qui laissera au peuple le soin de<br />

décider. Après de nombreuses tergiversations, le 6 septembre, la Convention décide<br />

de se dissoudre.<br />

La dissolution devait agir sur la psychologie des leaders et sur celle des troupes.<br />

Elle enlève aux masses leur point d'appui. On avait espéré que la Convention serait un<br />

centre de direction et de coordination pour les efforts révolutionnaires; mais la<br />

Convention avait sans cesse oscillé entre des tendances contraires. Les revirements de<br />

plusieurs leaders, de Bronterre O'Brien, <strong>du</strong> Dr Fletcher, la conversion de Robert Lowery,<br />

la dissolution proposée par l'enthousiaste Dr Taylor lui-même et les motifs<br />

qu'en avait donnés Bronterre, tout prouve que cette première poussée <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong><br />

était à son déclin.<br />

Le calme apparent des mois de septembre et d'octobre était mensonger. L'évolution<br />

<strong>du</strong> Chartisme allait s'achever par une tragédie qui devait coûter la vie ou la liberté<br />

à une poignée de soldats chartistes d'une héroïque simplicité.<br />

La grandeur de ces militants est mise en relief par la comédie que donnent deux<br />

des chefs en repoussant une gloire qu'ils semblaient avoir si souvent appelée de leurs<br />

vœux.<br />

Le 4 novembre, 2 000 mineurs gallois, armés, les uns de fusils et de pistolets, les<br />

autres de piques et de pioches, la plupart de gros gourdins, s'avancent vers Newport,<br />

dans l'obscurité d'une nuit de novembre. Ils marchent à travers la tempête, sous une<br />

pluie qui bat leurs visages, s'arrêtant de temps à autre aux public houses. Vers 9 heures<br />

<strong>du</strong> matin, ils arrivent devant l'hôtel de Westgate, où le maire et les magistrats se<br />

sont réfugiés sous la garde d'une compagnie <strong>du</strong> 458 régiment. Les Chartistes commencent<br />

l'attaque en brisant les fenêtres et en tirant sur les soldats. Le maire lit aussitôt<br />

le Riot Act et donne l'ordre aux soldats de faire feu : « La mort fait son oeuvre, 14<br />

Chartistes sont tués et plusieurs autres blessés. Ils étaient con<strong>du</strong>its par John Frost. Ils<br />

étaient armés de fusils, de mousquets, de sabres et avaient même un petit canon.<br />

Quelques-uns des constables spéciaux ont été blessés : M. Morgan, drapier, M. Williams,<br />

quincaillier, ainsi que le maire. Le gros des émeutiers a battu en retraite vers les<br />

champs. Il semble que leur intention ait été d'occuper Newport et de marcher sur<br />

Monmouth pour délivrer Vincent et ses compagnons. Ils avaient juré que Vincent ne<br />

resterait pas en prison au delà <strong>du</strong> 5 novembre. La plus grande agitation règne dans le<br />

pays de Galles. » Deux autres troupes commandées par Jones, horloger, et par Williams,<br />

cabaretier, devaient se joindre à celle de Frost ; mais elles arrivèrent trop tard.<br />

Tel est le récit que la Northern Star, le 9 novembre 1839, donne de l'émeute des mineurs<br />

gallois, con<strong>du</strong>its par le bon et pacifique John Frost et prêts à payer de leur vie<br />

leur amour pour Henry Vincent.<br />

Les Chartistes avaient songé à appuyer le projet des mineurs gallois par un soulèvement<br />

dans le Nord ; ils avaient envoyé un délégué à Feargus pour lui demander<br />

d'être leur chef, « comme il l'avait si souvent proposé ». Peut-on compter sur lui ?<br />

Feargus s'indigne : « Eh ! quoi, monsieur, depuis quand avez-vous enten<strong>du</strong> dire que<br />

moi ou une personne de ma famille ait jamais trahi la cause <strong>du</strong> peuple ? Ne nous

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