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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 41<br />

nisé « par les congréganistes et les agents de Charles X ». Cette hypothèse dispense<br />

les gouvernements de rechercher les causes profondes. Le Constitutionnel <strong>du</strong> 17 août,<br />

scandalisé, s'écrie : « Les <strong>ouvrier</strong>s devraient se méfier de tous ces excitateurs envoyés<br />

au milieu <strong>du</strong> peuple par ses ennemis, qui, furieux de leur défaite, veulent s'en venger<br />

contre leurs vainqueurs. »<br />

Il est certain que le « souci de se débarrasser » des véritables vainqueurs des Trois<br />

Glorieuses hantait l'esprit des pouvoirs publics. « Ceux-ci avaient donné au peuple<br />

deux semaines de vacances », dit O. Festy, il était décent ensuite qu'il reprît le travail<br />

aux conditions que justifiait le jeu de la loi de l'offre et de la demande. C'est le conseil<br />

que donne aux classes laborieuses le préfet de police ; dans son ordonnance <strong>du</strong> 25<br />

août, il rappelle l'illégalité des attroupements et coalitions ; celles-ci sont réservées<br />

aux maîtres. « Les réunions [ouvrières] sont en elles-mêmes « un désordre grave »<br />

[même si elles ne sont accompagnées d'aucun acte délictueux]. Elles alarment les habitants<br />

paisibles, causent aux <strong>ouvrier</strong>s une perte sérieuse de temps et de travail... »<br />

Ce conseil, adressé à « l'héroïque population parisienne », deviendra, s'il n'est pas<br />

suivi, un ordre accompagné de sanctions, selon les prescriptions <strong>du</strong> Code Pénal.<br />

La liberté de l'in<strong>du</strong>strie, voilà le principe qui permet de donner satisfaction à tous<br />

les besoins. Le bon Lafayette lui-même le déclare, dans un ordre <strong>du</strong> jour au peuple de<br />

Paris.<br />

Dans les conflits que peut susciter la concurrence des maîtres et des <strong>ouvrier</strong>s,<br />

l'autorité déclare rester neutre : ces conflits doivent être réglés indivi<strong>du</strong>ellement entre<br />

maîtres et <strong>ouvrier</strong>s ; et, comme le dit le journal Le Temps, l'autorité « ne doit intervenir<br />

que pour appuyer la raison et calmer les passions ». L'autorité se réserve, tout de<br />

même, le droit d'intervenir pour jeter dans la balance le poids de sa force. Un seul<br />

journal, L'Organisateur, journal saint-simonien, le 4 septembre, souligne l'ironie de<br />

cette attitude : « Il n'y a pas un mois que le peuple a vaincu pour les libéraux et les<br />

bourgeois, et le peuple subit toute l'ingratitude forcée que nous avions prévue. Pour<br />

les excès de la concurrence dont il se plaint, on lui refuse, au nom de la liberté, un<br />

remède. On proclame le peuple héroïque ; et, si ce titre ne suffit pas aux affamés,<br />

l'autorité leur défend de demander davantage, sous réserve toutefois de leur faire appliquer<br />

ultérieurement par les gardes nationaux et la troupe de ligne toutes les douceurs<br />

renfermées dans le Code Pénal, la loi martiale, etc. »

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