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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 207<br />

sans cesse en augmentant, qu'est l'<strong>ouvrier</strong>, isolément considéré ? Un grain de sable<br />

83 . »<br />

Retour à la table des matières<br />

III<br />

En 1859, Napoléon III est contraint, par les contre-coups de sa politique extérieure,<br />

de rechercher dans l'opinion publique un point d'appui. L'Empire autoritaire<br />

semble se muer en Empire à tendances plus libérales. Parmi les causes, proches ou<br />

lointaines, de ce revirement, on doit indiquer tout d'abord : le détachement des catholiques<br />

sur le soutien desquels Louis-Napoléon avait pu compter pendant les premières<br />

années, l'opposition des in<strong>du</strong>striels protectionnistes.<br />

Deux hommes ont sur Napoléon III une influence parce qu'il les craint : Morny et<br />

le prince Napoléon, cousin germain de l'Empereur.<br />

Le 2 décembre avait été le coup d'État de Morny. Dès le printemps de 1849 Morny<br />

l'avait préparé lentement, soigneusement par de savantes manœuvres.<br />

En novembre 1851, Morny, pour vaincre les hésitations de son demi-frère, avait<br />

employé l'argument décisif : Louis-Bonaparte, criblé de dettes, craignait de perdre sa<br />

place lucrative de président en mai 1852. Napoléon III ne lui garde aucune reconnaissance<br />

: « Le prince - écrit Morny, peu après sa démission, en janvier 1852 - n'a de<br />

réelle amitié pour personne et ma situation particulière par rapport à lui l'ennuie... Il<br />

n'accepta ma présence qu'à contre-cœur et mes services lui pesaient. » Mais dans les<br />

circonstances difficiles, lorsqu'il est embarrassé, c'est auprès de Morny que Napoléon<br />

III prend conseil.<br />

Du prince Napoléon, son cousin germain, Louis-Napoléon avait peur. Déjà en<br />

1852 et pendant les années suivantes - surtout pendant la guerre de Crimée - Napoléon<br />

III n'ignore pas les bruits qui courent en faveur d'un empire Jéromiste. Dès le 4 novembre<br />

1852, Proudhon note, dans ses carnets, après une visite aux Tuileries : « J'ai<br />

trouvé Ferron, comme Laurent, sûr d'une transmission dynastique à Jérôme. »<br />

Napoléon III redoute la franchise brutale <strong>du</strong> prince Napoléon qui ne craint pas de<br />

le juger « avec la plus grande liberté de langage ; il vous dit carrément, mon cousin est<br />

un cochon. Les ministres sont des J….F…. Les préfets sont des canailles, le gouvernement<br />

est ignoble, tout ça f…. le camp un de ces matins ; Napoléon III, qui ne dit<br />

83<br />

A. AUDIGANNE, Mémoires d'un Ouvrier de Paris, p. 85, Charpentier, Paris, 1873, in-18 (Bib. Nat.<br />

Ll7 69).

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