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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 277<br />

d'un épouvantail. Émile Ollivier sent l'opinion inquiète ; il espère détourner son attention<br />

des soucis extérieurs en cristallisant ses craintes sur l'Internationale.<br />

Le 20 avril, un sénatus-consulte établit la constitution de 1870 ; le plébiscite est<br />

destiné à démontrer l'attachement de la France au régime impérial et à la personne de<br />

l'Empereur.<br />

Le 19 avril, une réunion, présidée par Varlin, décide que les sociétés ouvrières publieront<br />

un manifeste au sujet <strong>du</strong> plébiscite :<br />

« Nous protestons, écrit Varlin le 20 avril à Aubry, contre l'Empire en particulier<br />

et en général, contre toutes les indivi<strong>du</strong>alités qui croiraient pouvoir s'arroger le droit<br />

de poser des questions au peuple, sans lui permettre de les discuter... Nous affirmons<br />

la République sociale universelle. Nous protestons contre le plébiscite et contre son<br />

résultat, quel qu'il soit, et nous recommandons à nos frères travailleurs l'abstention<br />

sous toutes ses formes. » Combault dit : « Jamais la classe ouvrière n'a voulu accepter<br />

quoi que ce soit <strong>du</strong> vainqueur de la France qu'elle a toujours regardé comme son plus<br />

cruel ennemi. L'Internationale a subi les lois de la nécessité ; elle s'est tue jusqu'au<br />

jour où elle a pu dire: Nous ne voulons pas de l'Empire ; et depuis plusieurs années,<br />

c'est son cri le plus aigu... Nous devons nous occuper de politique, puisque le Travail<br />

est soumis à la Politique. Il faut dire tout haut, une fois pour toutes, que nous voulons<br />

la République sociale avec toutes ses conséquences. »<br />

L'occasion atten<strong>du</strong>e s'offrait au gouvernement et à la justice impériale. Le 24 avril,<br />

le manifeste paraît dans La Marseillaise. Il émane à la fois de la Chambre fédérale des<br />

sociétés ouvrières, et d'une Fédération, récemment constituée, des sections parisiennes<br />

de l'Internationale.<br />

Le 30 avril, Émile Ollivier, ministre de la Justice, donne l'ordre d'arrêter tous les<br />

indivi<strong>du</strong>s qui dirigent l'Internationale. A Paris, on arrête 34 militants ; à Lyon, Albert<br />

Richard ; à Rouen, Émile Aubry, Ledoré à Brest, d'autres à Saint-Étienne.<br />

Deux ans auparavant, le 14 septembre 1868, Ollivier avait écrit à Émile Aubry, à<br />

propos <strong>du</strong> droit d'association :<br />

« ...Je vous félicite hautement de [votre] esprit d'élévation morale et de noblesse<br />

de cœur... Reste à conquérir le droit d'association. Concentrez vos efforts sur ce<br />

point... Dès que vous l'aurez obtenu, vous serez les maîtres de vos destinées... vous<br />

ré<strong>du</strong>irez la misère et vous avancerez l’œuvre fraternelle que nous devons tous poursuivre<br />

et qui, Dieu vous aidant, se réalisera un jour. Je n'ai d'autre ambition que de<br />

vous seconder dans ce labeur. J'y use ma vie et je ne reculerai devant aucun effort...<br />

Dans ma joie je suis tout à vous aider et à vous servir <strong>du</strong> meilleur de mon cœur. »<br />

Et, pendant le procès, Émile Ollivier répondra à Assi, l'un des inculpés qui lui<br />

avait écrit :<br />

« Vous ne vous êtes pas trompé en supposant que vous pouviez vous adresser avec<br />

confiance à ma justice. C'est avec un véritable chagrin que je remplis ce pénible devoir<br />

de réprimer les écarts d'hommes que je voudrais n'avoir qu'à servir et à aimer ;

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