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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 192<br />

Dans l'attribution des crédits, le Conseil est décidé à faire profiter de ses encouragements<br />

les <strong>ouvrier</strong>s de la grande in<strong>du</strong>strie, et non pas seulement les associations de la<br />

petite in<strong>du</strong>strie, composées plutôt d'artisans que d'<strong>ouvrier</strong>s. Le Conseil y voit un<br />

moyen de pacification sociale. Ici encore, on songe à la population ouvrière de Lyon<br />

où l'on espère créer une grande Association entre patrons et <strong>ouvrier</strong>s.<br />

Mais les difficultés commencent quand on discute les statuts des associations entre<br />

patrons et <strong>ouvrier</strong>s ; après de nombreuses discussions, le Conseil se décide pour la<br />

société en nom collectif à l'égard des patrons et des principaux membres de l'Association,<br />

avec participation aux bénéfices pour les autres associés : les intéressés.<br />

A propos de la demande des filateurs de laine à Reims, d'une avance de 250 000<br />

francs, le Comité posait le principe « que dans les grands établissements, les usines,<br />

les filatures, les <strong>ouvrier</strong>s ne devaient être qu'intéressés aux bénéfices, parce que ce<br />

mode est le seul qui soit praticable pour faire pénétrer, autant que la nature des choses<br />

le permet, le principe de l'association parmi les <strong>ouvrier</strong>s des grandes fabriques ».<br />

Malgré l'opposition de Corbon, qui fit remarquer que. ce n'était plus là une véritable<br />

association destinée à faire acquérir aux <strong>ouvrier</strong>s les instruments de travail, le<br />

Conseil vota ce principe et par la suite, l'appliqua dans la majorité des cas. Mais les<br />

avances accordées aux associations entre patrons et <strong>ouvrier</strong>s ont eu souvent le caractère<br />

de secours à des in<strong>du</strong>stries en souffrance. Il y avait des in<strong>du</strong>striels qui voulaient<br />

se débarrasser de leur affaire en la cédant à une association. Des patrons dans la gêne<br />

saisissaient l'occasion de passer la main.<br />

Le Conseil fut amené à attribuer au patron devenu gérant l'intérêt de la valeur de<br />

son apport - une part des bénéfices qui atteignait fréquemment 40 % - et, en même<br />

temps, les patrons cherchèrent à ré<strong>du</strong>ire, dans le Conseil d'Administration, les droits<br />

des représentants des <strong>ouvrier</strong>s appelés les intéressés. Transformés en gérants, les patrons<br />

faisaient la plus petite possible la part de contrôle consentie aux <strong>ouvrier</strong>s, et les<br />

« intéressés » ne protestaient pas. Leur part de bénéfice, elle aussi, était ré<strong>du</strong>ite à de<br />

rares bénéfices, le plus souvent à rien, puisqu'il s'agissait d'affaires périclitant.<br />

La disparition de nombreuses associations encouragées prouve qu'elles étaient peu<br />

viables ; leur chute est <strong>du</strong>e aussi en partie à l'action <strong>du</strong> Conseil. L'Assemblée Nationale<br />

avait voté le décret <strong>du</strong> 5 juillet comme la part <strong>du</strong> feu et dans le dessein de démontrer,<br />

par l'expérience, l'impossibilité pratique des associations ouvrières de pro<strong>du</strong>ction.<br />

Des associations ouvrières de pro<strong>du</strong>ction ont été créées dans les corporations les<br />

plus diverses : lithographes de Paris, typographes de Paris, mégissiers de Paris, fouleurs<br />

de Lyon, mécaniciens de Paris, charpentiers, peintres en bâtiments, coiffeurs,<br />

etc... Un tout petit nombre d'entre elles ont survécu à la poussée de l'enthousiasme de<br />

48 et à l'épuisement des crédits <strong>du</strong> Conseil d'encouragement.<br />

Si l'essaim des associations ouvrières, en 1848, n'avait eu qu'une vie éphémère, la<br />

tentative de fédérer ces associations, en 1850, mérite une mention dans une histoire <strong>du</strong><br />

<strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>. L'idée de cette Fédération est <strong>du</strong>e à une femme, Jeanne Deroin.

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