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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 148<br />

Belle ligne de con<strong>du</strong>ite à laquelle L'Atelier est resté fidèle : sa largeur de vues, son<br />

ton discret et grave, sa courtoisie un peu hautaine, ont pu faire penser à ceux qui ne<br />

connaissent rien des travailleurs que les articles de L'Atelier n'étaient pas écrits par<br />

des <strong>ouvrier</strong>s. On a objecté que ces articles n'étaient pas signés : c'est que, par l'intermédiaire<br />

d'un Comité élu sous l'inspiration <strong>du</strong>quel ils étaient élaborés et souvent modifiés,<br />

les articles prenaient un caractère collectif. Ce caractère collectif leur donnait<br />

aux yeux des ateliéristes, comme à ceux <strong>du</strong> public, infiniment plus de poids que s'ils<br />

eussent été l'expression d'opinions personnelles. Ce comité se compose de 4 imprimeurs,<br />

4 chapeliers, 6 bijoutiers, 3 mécaniciens, 1 relieur, 1 tailleur, 1 toiseur, 2<br />

sculpteurs sur bois, 1 peintre en bâtiments. Lorsque L'Atelier affirme qu'il est rédigé<br />

par des travailleurs soumis à la condition <strong>du</strong> salaire, on peut le croire.<br />

L'Atelier ne se place pas à un point de vue strictement national ; L'Atelier s'intéresse<br />

au <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> dans tous les pays où il se développe, et notamment en<br />

Grande-Bretagne. L'Atelier songe à créer des liens de solidarité entre les classes laborieuses<br />

en Grande-Bretagne et en France. Et c'est ainsi que son numéro <strong>du</strong> 30 octobre<br />

1842 contient un appel aux Chartistes, appel auquel ceux-ci répondent le 30 janvier<br />

1843 :<br />

« Entre l'Angleterre et la France, ceux qui des deux côtés ont amené cette profonde<br />

division, l'ont fait par égoïsme, et ils maintiennent leur oeuvre de tous leurs<br />

efforts, car ils savent bien que lorsque nous nous serrerons la main, l'heure <strong>du</strong> peuple<br />

sera venue et leur propre fin sera prochaine. Unissons-nous donc fraternellement,<br />

comme il convient à deux peuples qui se connaissent mutuellement et qui savent que<br />

leur concours peut purger l'Europe des races impies qui l'oppriment, et jeter les bases<br />

de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. »<br />

Retour à la table des matières<br />

III<br />

Le compagnonnage était déchiré par des rivalités qui donnaient lieu à des luttes<br />

brutales, à des combats sanglants et meurtriers.<br />

A l'intérieur de chaque compagnonnage, les reçus, les finis, les initiés se querellaient<br />

les uns les autres : mais l'antagonisme le plus profond était celui qui opposait<br />

aspirants et compagnons.<br />

Chez les Compagnons <strong>du</strong> Devoir, les aspirants, lors de l'embauchage, étaient<br />

payés cinq sous de moins que les compagnons. Aspirants et compagnons vivaient<br />

séparés les uns des autres et mangeaient dans des salles à part, même les jours de fête

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