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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 72<br />

l'Association des <strong>ouvrier</strong>s de tous les corps d'état 30 . Cette brochure de quatre pages<br />

est remarquable.<br />

En même temps que cette brochure, paraît une autre brochure sur le même sujet :<br />

L'Association des Travailleurs, tract de la Société des Droits de l'Homme. On a cru<br />

que ces deux brochures avaient été rédigées par le même homme, l'étudiant républicain<br />

Marc Dufraisse. Il suffit de les rapprocher pour se rendre compte qu'elles ne sont<br />

pas <strong>du</strong> même auteur. Elles diffèrent tout d'abord par le ton. La forme révèle l'auteur.<br />

La brochure signée Marc Dufraisse débute ainsi :<br />

« Citoyens, laissez les monopoleurs, les privilégiés, les exploiteurs, en un mot, les<br />

bourgeois et leurs souteneurs vomir contre les exclus et les exploités l'injure et la calomnie<br />

; laissez-les répandre leur fiel et pousser leur venin ; la faiblesse de leurs<br />

moyens décide l'injustice de leur cause... »<br />

Dans De l'Association des <strong>ouvrier</strong>s de tous les corps d'état, on ne retrouve pas ce<br />

style qui se colore de violence. L'<strong>ouvrier</strong> cordonnier Efrahem commence tout simplement<br />

:<br />

« Des <strong>ouvrier</strong>s de différents corps d'état se plaignent de l'insuffisance de leurs salaires<br />

pour satisfaire à leurs besoins... Les uns contestent la légitimité de nos réclamations<br />

et conseillent, de gaieté de cœur, à nos bourgeois de rejeter impitoyablement nos<br />

demandes ; les autres nous disent de prendre patience, comme si l'on avait le temps<br />

d'attendre quand on a faim. Nous qui souffrons, ne comptons que sur nous-mêmes ;<br />

nous sentons le mal, cherchons un remède immédiat et efficace ; appliquons-le. Je<br />

crois que nous le trouverons dans l'Association... Vous comprenez tous parfaitement<br />

que l'Association a le double avantage de rassembler toutes les forces et de donner à<br />

ce tout une direction. Si nous restons isolés, éparpillés, nous sommes faibles... Il faut<br />

donc un lien qui nous unisse, une intelligence qui nous gouverne, il faut une Association.<br />

Ainsi le premier pas à faire, c'est de former un corps, composé de tous les travailleurs<br />

<strong>du</strong> même état, de donner à ce corps une administration qui le gouverne, une<br />

Commission qui discute avec les maîtres les intérêts <strong>du</strong> corps d'état, ou qui reçoive, de<br />

la main des consommateurs, l'ouvrage à faire et qui le distribue aux associés... A un<br />

signal donné par elle, tous les <strong>ouvrier</strong>s abandonneront leurs ateliers et chômeront pour<br />

obtenir des maîtres l'augmentation <strong>du</strong> prix réclamé... Mais vous n'aurez pas atteint le<br />

but que vous vous proposez si vous ne cherchiez à former une Association de tous les<br />

corps d'état... Il faut unir les sociétés partielles de travailleurs par un lien commun,<br />

que vous établissiez entre elles des rapports faciles et prompts.... Les droits, les intérêts<br />

des <strong>ouvrier</strong>s, à quelque corps d'état qu'ils appartiennent, sont toujours les mêmes ;<br />

en défendant les droits et les intérêts d'un corps d'état, on protège les droits et les intérêts<br />

de tous les autres. Tous, vous voulez un salaire en harmonie avec vos besoins,<br />

tous, vous voulez gagner avec vos bras de quoi vivre honnêtement ; tous, vous avez<br />

les mêmes besoins, tous vous avez faim ; tous, vous voulez <strong>du</strong> pain... Pourquoi vous<br />

30 Paris, Auguste Mie (B. N., Lb51 2002) ; le tract de Dufraisse est éd. chez Havard, s. d. (B. N. H.<br />

H., Lb51 2034). Mie publia les écrits de la Sté des Amis <strong>du</strong> Peuple. Lutteur infatigable, souvent<br />

emprisonné, il finit par se ruiner.

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