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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 90<br />

ment corporatif. Son apogée est marquée, en 1833, par la formation de la Grande<br />

Union Consolidée des Métiers et, au commencement de 1834, par une tentative de<br />

grève générale en faveur des 8 heures.<br />

Ce <strong>mouvement</strong> d'association des classes pro<strong>du</strong>ctives a son centre dans les districts<br />

in<strong>du</strong>striels <strong>du</strong> Nord-Ouest, ses troupes parmi les <strong>ouvrier</strong>s <strong>du</strong> prolétariat in<strong>du</strong>striel<br />

;mais il faut noter que, dans les derniers mois de 1833, il gagne les comtés agricoles<br />

<strong>du</strong> Sud. Les sympathies qu'il rencontre parmi les travailleurs des champs ont<br />

pour sanction, en mars 1834, la condamnation des journaliers agricoles <strong>du</strong> Dorchester.<br />

L'autre <strong>mouvement</strong> part de Londres. Ce sont des artisans de la métropole qui en<br />

sont les initiateurs, en novembre 1831, pendant la campagne qui précède la réforme<br />

politique de 1832. Le projet de réforme ne pouvait satisfaire les classes laborieuses ;<br />

mais certains démocrates <strong>ouvrier</strong>s ont pensé que la conquête de la démocratie politique<br />

était une première étape vers la démocratie in<strong>du</strong>strielle.<br />

Il ne faut pas opposer ces deux formes <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>. Si certains des partisans<br />

de l'action corporative étaient indifférents à la réforme politique, un grand<br />

nombre d'<strong>ouvrier</strong>s et d'artisans, tout en donnant la préférence à l'une, n'excluaient pas<br />

l'autre méthode : l'une et l'autre étaient destinées à atteindre un objectif semblable.<br />

Certaines tendances étaient communes à tous, <strong>ouvrier</strong>s <strong>du</strong> prolétariat in<strong>du</strong>striel <strong>du</strong><br />

Lancashire et <strong>du</strong> Yorkshire, artisans de Londres, <strong>ouvrier</strong>s à domicile ou journaliers<br />

agricoles.<br />

Tous étaient persuadés de la nécessité d'unir les classes laborieuses. Ils sentaient<br />

que de la puissance et de l'indépendance de leurs organisations dépendaient l'amélioration<br />

de leur existence matérielle et leur influence dans la société. Dès cette époque,<br />

l'autonomie <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> s'affirme dans les projets ambitieux de la Grande<br />

Union Consolidée des Métiers et dans les principes de la Working Men's Association.<br />

Jusqu'en <strong>1830</strong>, il existe des associations, des clubs <strong>ouvrier</strong>s. Mais c'est seulement<br />

dans les journaux de <strong>1830</strong> à 1834 qu'apparaît l'expression Trades Union ; par elle s'affirme<br />

la différence essentielle entre la Trade Union, ou association d'<strong>ouvrier</strong>s d'un<br />

même métier, et la Trades Union, ou association de tous les métiers. La Trades Union,<br />

c'est l'association de tous les travailleurs en une seule Union Nationale.<br />

Les pionniers de la Trades Union ont été des <strong>ouvrier</strong>s de l'in<strong>du</strong>strie textile et <strong>du</strong><br />

bâtiment en Lancashire et en Yorkshire. Et c'est parmi le prolétariat in<strong>du</strong>striel des<br />

comtés <strong>du</strong> Nord-Ouest que, en <strong>1830</strong>-1831, L'Association Nationale pour la protection<br />

<strong>du</strong> Travail, puis en 1833-1834 la Grande Union Consolidée des Métiers vont trouver<br />

un appui enthousiaste, mais éphémère. Dans les mêmes districts, le prolétariat in<strong>du</strong>striel<br />

accueillera l'idée de la grève générale comme le moyen d'obtenir, en dehors de<br />

toute intervention <strong>du</strong> Parlement, l'application, dans les usines, des 8 heures. L'Association<br />

pour la protection <strong>du</strong> travail a pu recueillir l'adhésion et les souscriptions de 80<br />

000 <strong>ouvrier</strong>s, et la Grande Union Consolidée des Métiers a pu, un instant, grouper 250<br />

000 travailleurs des usines et des champs.

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