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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 150<br />

En eux s'affrontent les tenants de l'antique compagnonnage et les réformateurs de<br />

L'Union. Et pourtant, chez l'un et chez l'autre, se retrouvent, avec l'opposition de deux<br />

générations, la présence réelle <strong>du</strong> peuple, et aussi, selon les expressions heureuses de<br />

Daniel Halévy, « ces mœurs plaisantes et fines, ces violences aveugles, ces générosités<br />

qui ignorent le calcul ».<br />

Pierre Moreau est un écrivain moins savoureux qu'Agricol Perdiguier : mais le<br />

serrurier d'Auxerre présente, dans l'histoire ouvrière, un visage curieux, austère et<br />

tourmenté. Il est révolté de voir que les traditions <strong>du</strong> compagnonnage divisent les travailleurs<br />

en plusieurs camps, les rendent irréconciliablement ennemis, méchants, intolérables<br />

et fanatiques et « les déshonorent par des actes de barbarie ». Il souhaite<br />

une organisation « qui n'exclue personne, où il n'y a pas de privilège et qui veut dire :<br />

Société de frères, d'amis pour s'instruire et se soutenir mutuellement, partager les peines<br />

et les jouissances ».<br />

Si, dit-il, il s'est « hasardé à prendre la plume, lui, simple <strong>ouvrier</strong> »,c'est qu'il estime<br />

que les travailleurs doivent « 'instruire les uns les autres » Et c'est afin de<br />

concourir à cette oeuvre commune que « ortant de l'atelier, après une longue journée<br />

d'un travail pénible, je prends une plume inexpérimentée et malhabile, pour émettre et<br />

livrer à mes camarades quelques idées sans ordre et sans suite ».<br />

Pierre Moreau met son livre sous l'invocation à l'Union, poème écrit par Achille<br />

François, <strong>ouvrier</strong> corroyeur :<br />

Prolétaires, pourquoi ces haines ?<br />

Ne sommes-nous pas tous égaux,<br />

N'avons-nous pas les mêmes maux,<br />

Ne portons-nous pas mêmes chaînes ?<br />

Pierre Moreau et Achille François sentent fortement que le pire ennemi des travailleurs<br />

est en eux-mêmes et que le remède efficace est la solidarité, l'Union. L'âme<br />

grave de Pierre Moreau, le cœur plein de délicatesse d'Achille François vont avoir une<br />

influence décisive sur l’œuvre de Flora Tristan.<br />

« C'est en lisant Le Livre <strong>du</strong> Compagnonage de M. Agricol Perdiguier (<strong>ouvrier</strong><br />

menuisier), la petite brochure de M. Pierre Moreau, <strong>ouvrier</strong> serrurier, Le Projet de<br />

régénération <strong>du</strong> Compagnonnage par M. Gosset, père des forgerons, que mon esprit<br />

Mémoires d'un compagnon, 1 ère édition, à Genève, 1854, réédités par les Cahiers <strong>du</strong> Centre, avec<br />

une intéressante préface de Daniel Halévy, chez Marcel Rivière (1914).<br />

PIERRE MOREAU, <strong>ouvrier</strong> serrurier, Un mot aux <strong>ouvrier</strong>s de toutes les professions, à tous les<br />

amis <strong>du</strong> peuple et <strong>du</strong> progrès. Auxerre, 1841, chez Guillaume Maillefer, in-12, 81 p. (Bib. Nat., Rp<br />

2757).<br />

PIERRE MOREAU, De la réforme des abus <strong>du</strong> Compagnonage et de l’amélioration <strong>du</strong> sort des<br />

travailleurs. Paris, Prévot, pp. 143, in-12, 1843. (Bib. Nat., R. 44 507).

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