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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 74<br />

moins étroits. Mais il convient d'examiner les arguments de M. Gabriel Perreux, avec<br />

le soin qu'ils méritent.<br />

Vers le milieu d'octobre 1833, le gouvernement fait annoncer officiellement que le<br />

ministre Barthe doit déposer, au début de la session suivante, un double projet de loi<br />

sur les associations et les coalitions ouvrières et sur la presse.<br />

À la même époque, à la mi-octobre, est créée la Commission de propagande grâce<br />

à laquelle le parti républicain veut se mettre en rapport avec les <strong>ouvrier</strong>s. Cette Commission<br />

est composée de trois membres, Napoléon Lebon, Vignerte et Berryer Fontaine<br />

: c'est elle que le préfet Gisquet rend responsable des coalitions des charpentiers,<br />

des ébénistes, des layetiers emballeurs, des tailleurs et des cordonniers. Selon Gisquet,<br />

la Commission de propagande aurait engagé les <strong>ouvrier</strong>s des divers corps d'état à former<br />

entre eux des coalitions partielles et à se fédérer ensuite en une Coalition Centrale.<br />

Des relations existent entre les membres de la Commission de propagande et les<br />

<strong>ouvrier</strong>s qui dirigent les corporations ouvrières et qui appartiennent à des sections de<br />

la Société des Droits de l'Homme. C'est un fait. Mais la Commission de propagande<br />

aurait aussi compris certains militants <strong>ouvrier</strong>s : 4 cordonniers, 3 compositeurs en<br />

caractères, 1 imprimeur en taille-douce, 1 imprimeur en papiers peints, 1 gantier, 1<br />

fileur de coton, 1 corroyeur, 1 serrurier, 1 bonnetier. A ces membres <strong>ouvrier</strong>s venaient<br />

se joindre, en dehors de Lebon, Vignerte et Berryer Fontaine, 3 autres jeunes républicains<br />

: Marc Dufraisse, licencié en droit, Recurt, docteur en médecine, et Mathé, un<br />

autre étudiant en droit. Selon la thèse policière, la Société des Droits de l'Homme n'est<br />

pas seule en cause. L'Association républicaine pour la défense de la liberté de la<br />

presse patriote et de la liberté indivi<strong>du</strong>elle, le 7 novembre 1833, invite ses membres à<br />

donner leur clientèle à l'Association des tailleurs. Elle charge un de ses Comités de<br />

faire un rapport sur les causes et responsabilités des coalitions. La Tribune <strong>du</strong> 17 novembre<br />

publie le procès-verbal de cette enquête. Les conclusions sont favorables aux<br />

grévistes. Enfin, en face des arrestations et des condamnations qui frappent les <strong>ouvrier</strong>s<br />

coalisés, le Comité central de l'Association pour la presse publie une protestation<br />

: Appel au bon sens <strong>du</strong> peuple <strong>du</strong> jugement ren<strong>du</strong> par le Tribunal de Police Correctionnelle<br />

contre les Ouvriers :<br />

« La question de savoir si le jugement est une juste application des lois existantes<br />

n'est pas de notre ressort ; mais il s'agit de savoir s’il se trouve conforme à l'équité et<br />

de la compétence de quiconque sent battre dans sa poitrine un cœur d'homme et croit<br />

au dogme de la fraternité humaine. Quant à nous, qui croyons que les blessures et les<br />

douleurs profondes de la société veulent d'autres remèdes que les tortures nouvelles<br />

<strong>du</strong> cachot, nous qui sommes persuadés qu'il est réservé au gouvernement républicain<br />

seul, de soulager et de guérir le mal qu'engendrent les institutions et les lois faites au<br />

profit <strong>du</strong> petit nombre contre les masses exploitées, nous pensons qu'il est temps d'appeler<br />

toutes les lumières pour éclairer les questions de l'organisation in<strong>du</strong>strielle. »<br />

Avec ingéniosité M. Gabriel Perreux a repris là thèse <strong>du</strong> préfet Gisquet. Il se<br />

fonde d'abord sur un mémoire qui se trouve aux Archives nationales, CC 585 :<br />

« Détail exact des circonstances qui ont amené les événements de Lyon et de Paris, en<br />

février et en avril 1834. » M. G. Perreux reconnaît « qu'il émane de la police et que,<br />

comme tel, il est tendancieux et suspect » : il pense que néanmoins on peut lui accorder<br />

crédit, en raison des « coïncidences » qui paraissent le confirmer.

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