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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 260<br />

blent, par leur entente, à cette Junta qui, depuis 1860, dirige le Trade Unionisme anglais.<br />

Mais, tandis que les chefs des grandes Unions anglaises sont essentiellement des<br />

administrateurs et des réformistes, les militants français sont révolutionnaires et socialistes<br />

: leur socialisme est un communisme non autoritaire.<br />

Au reste, l'influence proudhonienne n'a pas complètement disparu. Elle est représentée<br />

par André Murat et Héligon, et aussi par Émile Aubry, dont les brochures portent<br />

presque toujours un épigraphe de Proudhon. Le manifeste électoral <strong>du</strong> Cercle<br />

économique de Rouen, en 1869, commence par une phrase de La Capacité politique :<br />

« Si les <strong>ouvrier</strong>s, en 1869, votent encore pour leurs patrons politiques, ils retardent<br />

leur affranchissement de cinquante ans. » La Grève de Sotteville-les-Bains, publication<br />

<strong>du</strong> Cercle d'études économiques de Rouen (rapport <strong>du</strong> 23 août 1868 au 7 février<br />

1869) commence par une phrase de L'Idée de la Révolution au XIX ème siècle : « Cela<br />

sera parce que c'était écrit. »<br />

L'action de ces militants <strong>ouvrier</strong>s a été constructive. La grève n'est à leurs yeux<br />

qu'un moyen barbare de régler les relations <strong>du</strong> travail et <strong>du</strong> capital ; mais elle est une<br />

nécessité dans un régime où ces relations sont soumises à l'arbitraire et où les in<strong>du</strong>striels<br />

ont pour les appuyer la force de l'État et l'autorité <strong>du</strong> gouvernement.<br />

L'année 1869 a été une année de grèves fréquentes en France et dans les autres<br />

pays in<strong>du</strong>striels. Parmi les plus importantes : janvier 1869, la grève des cotonniers de<br />

Sotteville-les-Rouen ; février, grève de Bâle ; mars, grève <strong>du</strong> bâtiment à Genève ;<br />

avril, grève des typographes à Genève, en Belgique, Seraing, Frameries ; mai, grève<br />

<strong>du</strong> bâtiment à Lausanne ; juin, grève des mineurs de Saint-Étienne, Rive-de-Gier,<br />

Firminy ; juillet, grève des ovalistes à Lyon ; septembre, grève de Rive-de-Gier ; octobre,<br />

grève des cotonniers d'Elbeuf et, grève des mineurs d'Aubin (Aveyron) ; octobre,<br />

massacre d'Aubin, le 8 octobre : grèves de Marseille (vanniers, layettiers...) ; octobre<br />

et novembre : à Paris, grève des brossiers pour peintres, tisseurs en canevas,<br />

doreurs sur bois, fileurs de laine ; novembre et décembre, grève des mégissiers de<br />

Paris.<br />

En présence de ces grèves, Varlin et ses camarades organisent l'entr'aide des sociétés<br />

ouvrières, la solidarité non seulement entre Paris et la province, mais entre la<br />

France et les autres pays.<br />

Depuis 1865, un certain nombre de sociétés ouvrières de Paris avaient fondé la<br />

Caisse <strong>du</strong> Sou ou Caisse de prêts aux grévistes. Cette caisse fédérative de prévoyance<br />

des cinq centimes est « une fédération restreinte dans son but » - la première esquisse<br />

de la future Chambre fédérale des sociétés ouvrières. Toutes les corporations adhérentes<br />

à cette fédération prélèvent, sur la cotisation de leurs membres, cinq centimes<br />

par semaine pour constituer un fonds de solidarité générale, qui est employé spécialement<br />

pour venir en aide aux grèves. Le Comité fédéral de la Caisse <strong>du</strong> Sou vote<br />

directement des prêts sur ces fonds.<br />

Paris va aider Rouen. Rouen va aider Lyon. Lyon va aider Marseille. En janvier<br />

1869, les bronziers et les relieurs de Paris viennent en aide aux tisseurs de calicot qui,

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