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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 307<br />

« 13 700 condamnés à des peines qui, pour certains, ont <strong>du</strong>ré 9 ans.<br />

« 70 000 femmes, enfants, vieillards privés de leur soutien naturel ou jetés hors de<br />

France.<br />

« 107 000 victimes, voilà le bilan 160 . »<br />

La classe ouvrière a largement contribué au tableau des victimes. Une statistique<br />

approximative <strong>du</strong> général Appert répartit ainsi ces victimes entre les diverses professions.<br />

Condamnés, par professions : 2 901 journaliers, 2 664 serruriers mécaniciens, 2<br />

293 maçons, 1 569 menuisiers, 1 598 employés de commerce, 1 491 cordonniers, 1<br />

065 commis, 863 peintres en bâtiment, 819 typographes, 766 tailleurs de pierre, 681<br />

tailleurs, 636 ébénistes, 528 bijoutiers, 382 charpentiers, 347 tourneurs, 283 sculpteurs,<br />

227 ferblantiers, 224 fondeurs, 210 chapeliers, 206 couturiers, 193 passementiers,<br />

182 graveurs, 172 horlogers, 172 doreurs, 159 imprimeurs sur papiers peints,<br />

157 mouleurs, 106 instituteurs, 106 relieurs, 98 facteurs d'instruments.<br />

Le dimanche 28 mai, après avoir combattu au 6e, au 3e, au 10e, au 11e arrondissements,<br />

« quand il ne reste plus une barricade, Varlin abandonne sa vie au hasard<br />

161 ».<br />

Épuisé, il s'assoit sur un banc place Cadet. Un passant le reconnaît, demeure un<br />

moment hésitant, puis à la patrouille qui passe le désigne. Les soldats le frappent à<br />

coups de crosse. On lui jette or<strong>du</strong>res et boue. Varlin contemple avec sérénité la foule<br />

dont il veut l'émancipation.<br />

Eugène Varlin a risqué sa vie pour sauver les otages et pourtant on crie autour de<br />

lui : « A Montmartre, à Montmartre, qu'on le fusille au même endroit que Clément<br />

Thomas ! »<br />

Le lieutenant Sicre con<strong>du</strong>it Varlin les mains liées vers les buttes où se tenait le général<br />

de Laveaucoupet.<br />

Par les rues escarpées de Montmartre, Varlin est traîné une grande heure. « Sous<br />

la grêle des coups, sa jeune tête méditative, qui n'avait jamais eu que des pensées fraternelles,<br />

devient un hachis de chairs, l’œil pendant hors de l'orbite. » (Lissagaray).<br />

Quand il arrive rue des Rosiers, il ne marche plus, on le porte. On l'assoit pour le fusiller.<br />

Les soldats crèvent son cadavre à coups de crosse. Sicre le dépouille, distribue<br />

aux soldats l'argent trouvé dans ses poches et prend la petite montre que lui ont offerte<br />

les relieurs en septembre 1864.<br />

Eugène Varlin, Thiers : deux hommes, deux races, et pourtant d'un même pays.<br />

Mais ils incarnent les deux courants humains qui se heurtent, tout au long de l'histoire<br />

: la lutte des vivants contre les survivants.<br />

Thiers avait gagné sa quatrième bataille, non point sur une armée ennemie. Général<br />

de guerre civile, son apothéose commence; il devient héros national.<br />

160 LISSAGARAY, op. cit., p. 486.<br />

161 E. FAILLET, Biographie de Varlin, pp. 61, in-8°, Paris, Perreau, 1885.

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