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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 225<br />

Par ordre de l'Empereur, les prévenus sont mis en liberté provisoire, le 30 août<br />

1862. Le tribunal correctionnel distribue entre eux amendes et emprisonnements. Le<br />

jugement est confirmé en appel, le 15 novembre. Mais le 23, l'Empereur gracie les<br />

condamnés. C'est la reconnaissance de fait de la tolérance accordée désormais par le<br />

pouvoir aux coalitions. C'est alors que, sous la pression <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> et notamment<br />

de la grève des typographes, est promulguée la loi <strong>du</strong> 25 mai 1864. Elle rend<br />

légale la tolérance dont, depuis deux années déjà, jouissent les coalitions. Elle modifie<br />

les articles 414, 415 et 416 <strong>du</strong> Code pénal : le fait de la coalition par elle-même n'est<br />

plus puni ; toutefois, de l'emprisonnement et l'amende continuent à frapper<br />

« quiconque, à l'aide de violences, voies de fait ou manœuvres frau<strong>du</strong>leuses aura<br />

amené ou maintenu une cessation concertée de travail dans le but de forcer la hausse<br />

ou la baisse des salaires, ou de porter atteinte au libre exercice de l'In<strong>du</strong>strie ou <strong>du</strong><br />

Travail ».<br />

Quelque curieuse que puisse paraître cette attitude, tous les écrivains <strong>ouvrier</strong>s ne<br />

furent pas également satisfaits de la loi <strong>du</strong> 25 mai 1864. Celle-ci réalisait l'une des<br />

plus essentielles revendications des <strong>ouvrier</strong>s. Elle répondait au programme tracé en<br />

leur nom par Tolain dans sa brochure : Quelques vérités sur les élections de Paris.<br />

Quelques « ateliéristes » semblent regretter les conséquences de la loi <strong>du</strong> 25 mai<br />

1864. Parmi eux, Henri Leneveux qui avait été le premier gérant de L'Atelier. Dans le<br />

livre qu'il publie en 1865 chez Pagnerre, Henri Leneveux regrette que l'opinion<br />

d'Émile Ollivier sur la conciliation obligatoire n'ait pas été suivie par le Corps législatif<br />

: « La force collective ouvrière qui a survécu malgré la suppression des corporations,<br />

parce qu'elle répondait à des nécessités sociales dont nos pères ont oublié de<br />

tenir compte, et qui n'a cessé, en vertu de ces nécessités, de lutter contre l'isolement<br />

où étaient ré<strong>du</strong>its les travailleurs en face des forces considérables <strong>du</strong> capital, cette<br />

force collective n'a plus aujourd'hui, selon nous, de suffisant contrepoids, et elle tend<br />

à devenir oppressive. » Henri Leneveux reproche à la loi en 1864 d'avoir « créé une<br />

situation qui divise des hommes ayant le plus grand intérêt au contraire à s'entendre, à<br />

vivre en bonne intelligence, situation qui consacre légalement la guerre in<strong>du</strong>strielle au<br />

moment où les idées tendent à remplacer le vieil antagonisme par l'association... »<br />

Mais Henri Leneveux appartenait à une toute petite minorité ; et les <strong>ouvrier</strong>s ont, dans<br />

leur ensemble, considéré la loi <strong>du</strong> 25 mai 1864 comme un progrès.<br />

Retour à la table des matières<br />

IV<br />

En juillet 1863, des délégués français, Tolain, Perrachon, Cohadon et Limousin,<br />

signataires <strong>du</strong> Manifeste des Soixante, assistant à un meeting de Saint-James Hall, en<br />

faveur de la Pologne, proposent aux chefs trade-unionistes d'organiser une Association<br />

internationale. En septembre 1864, Tolain, Perrachon et A. Limousin retournent à<br />

Londres, et apportent le projet de cette Association internationale : « C'était, a dit

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