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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 76<br />

Droits de l'Homme en assez grand nombre. Voyer d'Argenson ne pouvait pas dire que<br />

les républicains « avaient prêché dans le désert ».<br />

Le rapport est complet. Rien n'y manque, pas même de discrets éloges à cette<br />

« police si chatouilleuse » : « Le Comité central des Droits de l'Homme avait écrit<br />

dans toutes les villes où il y avait des affiliations à la Société, pour qu'elles travaillent<br />

de leur côté à coaliser les <strong>ouvrier</strong>s. Lyon et Saint-Étienne répondirent d'une manière<br />

satisfaisante aux ordres <strong>du</strong> Comité... et les progrès obtenus dépassèrent toutes leurs<br />

espérances ; mais ils furent encore en cette affaire déjoués par l'infatigable vigilance<br />

de la police qui, un jour, vint se saisir des membres <strong>du</strong> Comité central des coalitions.<br />

» Il faut grandir le complot afin de grandir le rôle de la police.<br />

Le second argument sur lequel s'appuie M. Gabriel Perreux est la similitude entre<br />

le nouveau règlement de la Société des Droits de l'Homme et le règlement de la corporation<br />

des <strong>ouvrier</strong>s cordonniers.<br />

Son troisième argument s'appuie sur l'aveu de Marc Dufraisse. Devant le tribunal,<br />

Marc Dufraisse se reconnaît l'auteur de la brochure d'Efrahem. Mais de la part de ce<br />

jeune intellectuel passionné et généreux, cet aveu est le geste naturel d'un homme qui<br />

veut sauver un camarade. Marc Dufraisse savait que la main de la justice serait moins<br />

<strong>du</strong>re pour lui que pour l'<strong>ouvrier</strong> cordonnier. L'objection essentielle n'est pas dans le<br />

fait que la brochure de la Société des Droits de l'Homme condamne les coalitions et<br />

les grèves. Elle est dans la différence de ton entre les deux brochures l'une est écrite<br />

par un intellectuel, l'autre par un <strong>ouvrier</strong> autodidacte. En tout cas, le seul document<br />

qu'on ait pu faire valoir contre les prévenus - l'ordre <strong>du</strong> jour <strong>du</strong> 24 novembre trouvé<br />

chez Lebon - prouve la sympathie des républicains pour les grévistes, mais il ne<br />

prouve pas que ces républicains aient organisé le <strong>mouvement</strong> des coalitions. Le <strong>mouvement</strong><br />

des coalitions a commencé en septembre, la Commission de propagande républicaine<br />

date seulement <strong>du</strong> milieu d'octobre; et les grèves sont en décroissance dès<br />

la deuxième semaine de novembre. Sympathie républicaine, sans doute, mais point de<br />

plan ni d'action prémédités.<br />

La Fédération des <strong>ouvrier</strong>s de France n'a pas été une invention de Voyer d'Argenson<br />

préoccupé d'utiliser les coalitions dans un dessein républicain. La Fédération des<br />

<strong>ouvrier</strong>s de France est le développement naturel de l'évolution <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong><br />

au moment où la classe ouvrière commence à prendre conscience de sa plus grande<br />

faiblesse : les divisions dont elle est la victime. Aussi ne devons-nous pas nous étonner<br />

que les militants <strong>ouvrier</strong>s aient compris qu'il était nécessaire de réaliser une entente<br />

nationale entre tous les corps d'état. Dans les règlements de leurs sociétés fraternelles,<br />

<strong>ouvrier</strong>s tailleurs, <strong>ouvrier</strong>s imprimeurs, <strong>ouvrier</strong>s cordonniers, par un article<br />

spécial, relient à la Fédération leur association : celle-ci s'engage « à suivre les avis de<br />

la Fédération des <strong>ouvrier</strong>s de France dans l'intérêt de l'Union et de la Fraternité de<br />

tous les corps d'état ». Ce projet de Fédération qui précède, de dix ans exactement,<br />

L'Union ouvrière de Flora Tristan, restera une des aspirations <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong><br />

français jusqu'en 1870, où il sera près d'être réalisé.

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