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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 87<br />

pieds dans le sang, les mains vers le ciel, leur criait : « Toute ma famille est éten<strong>du</strong>e à<br />

mes pieds ; il n'y a plus personne à tuer, il n'y a plus que moi. » Et cinq coups de<br />

baïonnette perçaient ses mains. »<br />

La veuve Pajot :<br />

« C'est ici, les gueux, qu'ils ont tué mon enfant ; c'est ici qu'ils ont tué M. Hû.<br />

C'est ici qu'ils ont tué M. Thierry ; c'est ici qu'ils ont blessé la cousine de M. Bouton,<br />

le petit Léon Hû, Francis Bruneau ; c'est ici, dans ce coin, sous une table sous laquelle<br />

il s'était blotti, qu'ils ont percé de 51 coups de feu et de baïonnette, le respectable M.<br />

Bouton... De ma place, j'entendais les coups de baïonnette qu'ils lui bourraient dans le<br />

corps, ça faisait frou frou, comme la lame d'un couteau qu'on agace dans la paille<br />

d'une chaise. Ils ne sortiront jamais de ma tête, ces mots adressés à mon pauvre garçon<br />

au moment où il se débattait contre la mort : Ah, gredin, tu remues encore, nous<br />

allons t'achever... Et les misérables ils le firent si bien que la cravate noire qu'il avait<br />

au cou et que depuis je porte toujours sur mon cœur, est percée comme une cible…<br />

37 »<br />

Dans le mémoire qu'il publie sur les victimes de la rue Transnonain 38 , Ledru-<br />

Rollin n'a-t-il pas raison de dire « que le gouvernement, pour avoir, comme le disait<br />

M. Guizot, l'occasion de se procurer, par le châtiment, la force que lui avaient fait<br />

perdre ses fautes, a laissé élever une barricade qu'il pouvait empêcher. Qu'aucun coup<br />

de feu n'a été tiré ni à l'extérieur ni à l'intérieur de la maison 12 ; que les soldats y sont<br />

entrés après le combat, sans exaltation possible ; que les attentats qu'ils ont commis ne<br />

l'ont point été pour leur propre défense, mais en vertu d'ordres donnés, telle est l'accusation<br />

grave qui, de la tombe, s'élève contre le pouvoir »? Mais le pouvoir avait la<br />

conscience tranquille, sûr d'avoir accompli son devoir. Le 14 avril, s'adressant aux<br />

pairs et aux députés, venus pour le remercier, Louis-Philippe se félicite en toute simplicité<br />

: « C'est une leçon pour ceux qui ont eu tant de fois la criminelle audace d'attaquer<br />

le gouvernement. »<br />

Honoré Daumier, après avoir montré les ténèbres de la rue Transnonain, voulut<br />

éclairer d'une lueur d'espoir la série de ses lithographies ; il publie, dans La Caricature,<br />

le 6 novembre : Et pourtant elle marche ! Dans son cachot, un jeune insurgé,<br />

fers aux mains et aux pieds, songe, sans paraître se soucier <strong>du</strong> procureur en robe qui le<br />

guette : il ne voit que la jeune femme coiffée <strong>du</strong> bonnet phrygien, s'avançant dans la<br />

lumière.<br />

37<br />

La rue Transnonain, ou la royauté et ses défenseurs, par un officier de l'armée, destitué, F. Demay,<br />

Méru, sept. 1834 (Bib. Nat. Lb51, 2172).<br />

38<br />

Mémoire sur les événements de la rue Transnonain dans les journées <strong>du</strong> 13 et 14 avril 1834, in-8°,<br />

Guillaumin, Paris (Bib. Nat. Lb51 2171).

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