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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 289<br />

Mais déjà la guerre a rompu l'Internationale. Les déceptions et les souffrances d'un<br />

long siège achèvent d'épuiser les énergies et les ressources des <strong>ouvrier</strong>s parisiens. En<br />

vain, quelques militants, Varlin, Theisz, l'<strong>ouvrier</strong> bijoutier Léo Frankel, Avrial, Combault,<br />

s'efforcent-ils de reconstituer les sections désorganisées. Dans les séances 140<br />

que, de janvier à mars <strong>1871</strong>, tient le Conseil fédéral de l'Internationale parisienne,<br />

apparaît souvent l'aveu de leur impuissance.<br />

Le 5 janvier, Varlin constate que, depuis le 4 septembre, l'Internationale manque<br />

d'argent : « les cotisations des sections ne se recouvrent plus ». Le Conseil fédéral<br />

voudrait un journal « bien à lui, à lui seul et dont la rédaction sera dans sa main ». Léo<br />

Frankel remarque qu'il est triste de voir ... « que l'Internationale, avec toutes ses sections<br />

réunies, ne puisse, tout entière, trouver assez de force pour créer un organe général<br />

».<br />

Le 12 janvier, Varlin déclare que « les corporations ouvrières ne sont pas en activité...<br />

les bronziers sont dispersés dans les Compagnies de guerre, ils ne peuvent verser,<br />

on ne peut l'exiger, il y a force majeure... Les ébénistes sont dans le cas de dispersion...<br />

» Le 19 janvier Varlin, qui vient de visiter les centres <strong>ouvrier</strong>s, constate :<br />

« Quand je suis allé en province, j'ai vu des centres entiers émasculés par une atroce<br />

misère. »<br />

Cette atroce misère des populations ouvrières et le chômage provoqué par la<br />

guerre expliquent le déclin des organisations ouvrières. En vain, dans cette même<br />

séance <strong>du</strong> 19, Lacord critique-t-il la politique de l'Internationale : « L'Internationale a<br />

mal compris son rôle, les travailleurs devaient s'emparer <strong>du</strong> pouvoir le 4 septembre, il<br />

faut le faire aujourd'hui... Tout est désorganisé aujourd'hui et cependant... l'Internationale<br />

ignore sa force réelle, elle est considérable : le public la croit riche et unie. » A<br />

quoi Rouveyrolles objecte : « En critiquant l'Internationale, on oublie que les sections<br />

sont ruinées, que leurs membres sont dispersés... »<br />

Léo Frankel, à la séance <strong>du</strong> 19 février, reconnaît que « depuis le 4 septembre les<br />

événements ont dispersé l'Internationale. Il est urgent de reconstituer les sections pour<br />

qu'elles retrouvent la force qui leur est indispensable. Nous avons une force morale,<br />

sinon en France, <strong>du</strong> moins à Paris ; la force matérielle nous manque, faute d'organisation...<br />

Il nous faut une organisation virile, des sections disciplinées, avec leur propre<br />

règlement, qui participent à nos travaux par leurs propres délégués... A ces conditions,<br />

on sera prêt et puissamment constitué au jour de l'action, si imprévue que soit son<br />

arrivée ». Avrial remarque qu'il sera difficile de reconstituer l'Internationale : « Le<br />

manque de travail a créé la misère, et il nous faut des cotisations fidèlement payées<br />

pour publier des journaux, des brochures et aller dans les centres de province. » Mais<br />

Theisz propose d'entreprendre quand même cette réorganisation : « Les sociétés ouvrières<br />

se groupent difficilement aujourd'hui ; les sections [de l'Internationale] se<br />

constituent plus facilement ; les sociétés ouvrières sont fatalement vouées à la lutte<br />

quotidienne <strong>du</strong> salariat : nous savons combien cette tâche est rude, embarrassée dans<br />

mille détails, absorbante. »<br />

140 Procès-verbaux des séances officielles de l’Internationale à Paris pendant la guerre et pendant la<br />

Commune (5 janvier au 20 mai <strong>1871</strong>). E. Lachaud, 1872.

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