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Le littoral de la Province Nord en Nouvelle-Calédonie: Quel ...

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tel-00641510, version 1 - 16 Nov 2011<br />

La coutume n’étant pas figée, les territoires coutumiers sont par conséqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> constante<br />

évolution. Voici ce qu’avait exprimé à juste titre J-M. Tjibaou:<br />

« <strong>Le</strong> retour à <strong>la</strong> tradition, c’est un mythe. Nul peuple ne l’a jamais vécu. La recherche<br />

d’i<strong>de</strong>ntité, le modèle pour moi il est <strong>de</strong>vant soi, jamais <strong>en</strong> arrière ; et je dirais que notre<br />

lutte actuelle, c’est <strong>de</strong> pouvoir mettre le plus d’élém<strong>en</strong>ts appart<strong>en</strong>ant à notre passé, à<br />

notre culture, dans <strong>la</strong> construction du modèle d’homme et <strong>de</strong> société que nous voulons<br />

pour l’édification <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. Notre i<strong>de</strong>ntité, elle est <strong>de</strong>vant nous»<br />

(Tjibaou, J-M., In. De Deckker, P. ; Kuntz, L., 1998, p. 9).<br />

Nous saisissons alors combi<strong>en</strong> ces territoires ne peuv<strong>en</strong>t être figés. Ils évolu<strong>en</strong>t selon les<br />

sociétés et leurs coutumes. <strong>Le</strong>s Kanak <strong>en</strong> s’adaptant à leur nouvel <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> tribu (fig. n°<br />

5), ont donc dû « recréer » ou « réadapter » ce li<strong>en</strong> à <strong>la</strong> terre. Ces nouveaux espaces <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront<br />

après plusieurs générations, les « nouveaux territoires coutumiers », <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce à l’ancêtre<br />

fondateur <strong>de</strong> moins d’une dizaine <strong>de</strong> générations précé<strong>de</strong>ntes, dép<strong>la</strong>cé sur ces lieux (Bodmer, D.,<br />

2001). Nous pouvons ainsi parler <strong>de</strong> déterritorialisation pour cette perte <strong>de</strong> territoire et <strong>de</strong><br />

reterritorialisation lorsque l’espace a été réinvesti <strong>de</strong> tout son s<strong>en</strong>s. Nous pouvons même y<br />

introduire <strong>la</strong> notion d’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t se manifestant par les élém<strong>en</strong>ts matériels et idéels <strong>de</strong>s<br />

territoires, <strong>en</strong>traînant une forte valeur symbolique. De même, les territoires perdus au profit<br />

d’autres groupes, tel que les Caldoches, ont égalem<strong>en</strong>t été investis, certes différemm<strong>en</strong>t (fig. n°<br />

5), mais nous pouvons égalem<strong>en</strong>t parler <strong>de</strong> reterritorialisation dans ce cas.<br />

Ce sont ces processus <strong>de</strong> territorialisation (ces déterritorialisations et ces<br />

reterritorialisations) au profit <strong>de</strong> communautés différ<strong>en</strong>tes ou même i<strong>de</strong>ntiques mais <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ns<br />

divers (Kanak), et les rev<strong>en</strong>dications futures, qui seront à l’origine <strong>de</strong> nombreux conflits. Ces<br />

mécanismes <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t l’idée d’appropriation et r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t pour C. Raffestin 85 « aux domaines<br />

décisionnels et organisationnels ainsi qu’à <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tations sociales » (Raffestin, C.,<br />

1986). Ainsi au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s communautés vivant et organisant les territoires coutumiers, où nous<br />

insistons sur l’idée d’appropriation et d’i<strong>de</strong>ntité, nous avons l’institution qui comman<strong>de</strong>, organise,<br />

gère et donc <strong>en</strong>traîne une multiplicité d’acteurs sur l’espace considéré.<br />

Dans le domaine décisionnel, ces acteurs sont c<strong>en</strong>sés être <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> peser sur les choix<br />

collectifs <strong>en</strong> imposant leurs préfér<strong>en</strong>ces au nom d’une politique, d’une stratégie, comme le choix<br />

85 Avant lui <strong>Le</strong>fèvre, H. <strong>en</strong> 1974, considérait l’appropriation comme <strong>la</strong> transformation d’un espace naturel afin<br />

<strong>de</strong> servir les besoins et les possibilités d’un groupe. Quant à l’anthropologue Go<strong>de</strong>lier, M. <strong>en</strong> 1984, il parle <strong>de</strong><br />

cette appropriation pour caractériser l’action <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> garantir, l’accès, le contrôle et l’usage<br />

<strong>de</strong>s ressources dans une portion d’espace.<br />

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