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Le littoral de la Province Nord en Nouvelle-Calédonie: Quel ...

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tel-00641510, version 1 - 16 Nov 2011<br />

Pr<strong>en</strong>ons l’exemple <strong>de</strong>s Kanak. Pour les sociétés traditionnelles 19 , le mythe fon<strong>de</strong> et organise<br />

le territoire. Il <strong>en</strong>traîne <strong>en</strong> ce<strong>la</strong> un certain « cont<strong>en</strong>u idéel » qui, dans <strong>la</strong> réalité, <strong>en</strong>traîne un<br />

contrôle <strong>de</strong> l’espace, par les communautés qui l’ont produit. <strong>Le</strong>s Mé<strong>la</strong>nési<strong>en</strong>s qui produis<strong>en</strong>t cette<br />

construction idéelle, <strong>la</strong> véhicul<strong>en</strong>t par un mail<strong>la</strong>ge étroit <strong>de</strong> réseaux. Ce<strong>la</strong> leur permet <strong>de</strong> mieux<br />

gérer leur territoire, <strong>de</strong> génération <strong>en</strong> génération, puisque tout ou presque est révélé dans le mythe<br />

(Bodmer, D., 2001). Ces « cont<strong>en</strong>us idéels », les mythes et les généalogies, que ceux-ci<br />

considèr<strong>en</strong>t comme un passé réel, fon<strong>de</strong>nt le prés<strong>en</strong>t (Bodmer, D., 2005). Ainsi, le foncier (<strong>la</strong> mer<br />

y étant totalem<strong>en</strong>t imbriquée), <strong>en</strong> tant qu’expression, support et reproduction du social, ti<strong>en</strong>t une<br />

p<strong>la</strong>ce c<strong>en</strong>trale dans <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s Mé<strong>la</strong>nési<strong>en</strong>s.<br />

Pareillem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> terre et <strong>la</strong> mer constitu<strong>en</strong>t ces territoires transmis. <strong>Le</strong> <strong>littoral</strong>, ce concept<br />

« occi<strong>de</strong>ntal » pour certains, ou sci<strong>en</strong>tifique pour ce qui nous concerne, se trouvant ainsi à cheval<br />

sur ces <strong>de</strong>ux espaces, est chargé <strong>de</strong> s<strong>en</strong>s, et donc à <strong>la</strong> fois support et reproduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> société<br />

mé<strong>la</strong>nési<strong>en</strong>ne. « II constituait le tissu imprégné du réseau <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s humains, il sert<br />

d'archives vivantes du groupe » (Tjibaou, J-M., 1976, p. 285). Une idée récurr<strong>en</strong>te lors <strong>de</strong> nos<br />

<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s consiste à dire que ce terme « <strong>littoral</strong> » a servi aux colons français, mais surtout plus<br />

tard à l’État français, pour légitimer l’accès à <strong>la</strong> mer pour tous, au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s aspects<br />

coutumiers <strong>de</strong> gestion foncière (développés plus loin) qui veul<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> mer (littoraux au moins<br />

jusqu’au récif barrière) soit gérée <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon que <strong>la</strong> terre (émergée), c'est-à-dire appart<strong>en</strong>ant<br />

à <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ns et gérée par eux. Ce qui <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> restreignait l’accès « aux propriétaires »<br />

(propriété collective du c<strong>la</strong>n) <strong>en</strong> question. Voici d’ailleurs comm<strong>en</strong>t s’est exprimé J-P. Doum<strong>en</strong>ge<br />

à ce propos :<br />

« L'œkoumène traditionnel était apprécié comme un espace géographique doté d'un paysage<br />

tout à <strong>la</strong> fois naturel, économique, social et mythique. En analysant les récits mythiques puis<br />

les structures <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, on a pu noter l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> chaque homme à un lieu, se<br />

partageant le même nom. Parce que le sol constituait <strong>la</strong> principale richesse matérielle<br />

capitalisable, il était source <strong>de</strong> pouvoir. Son contrôle, son aménagem<strong>en</strong>t, sa mise <strong>en</strong> valeur<br />

étai<strong>en</strong>t autant d'actes fondam<strong>en</strong>taux dans <strong>la</strong> tradition mé<strong>la</strong>nési<strong>en</strong>ne»<br />

(Doum<strong>en</strong>ge, J-P., 1982, p. 75).<br />

<strong>Le</strong>s autres groupes égalem<strong>en</strong>t ont un rapport immatériel avec ces territoires littoraux,<br />

particulièrem<strong>en</strong>t ceux qui y viv<strong>en</strong>t et ceux qui exploit<strong>en</strong>t ces milieux, notamm<strong>en</strong>t les pêcheurs.<br />

Pour ces communautés pouvons-nous y voir une réalité culturelle ? Pour certains, il est vrai que<br />

nous pouvons parler d’i<strong>de</strong>ntité. Ils se référ<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t aux territoires littoraux qu’ils occup<strong>en</strong>t<br />

19 Sociétés traditionnelles au s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> sociétés ayant existé avant l’histoire, celle <strong>de</strong> l’écriture (bi<strong>en</strong> que l’histoire<br />

<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ns soit contés par le récit <strong>de</strong>s généalogies et gravés sur <strong>de</strong>s bambous). Elles concern<strong>en</strong>t ainsi les<br />

popu<strong>la</strong>tions dont <strong>la</strong> culture est fondée sur l’oralité et dont les pratiques touch<strong>en</strong>t beaucoup à <strong>la</strong> nature qui<br />

l’<strong>en</strong>vironne. <strong>Le</strong> rapport au traditionnel <strong>en</strong> <strong>Nouvelle</strong>-<strong>Calédonie</strong> est souv<strong>en</strong>t lié à <strong>la</strong> culture kanak, à <strong>la</strong> coutume<br />

(cf. Glos.) qu’on "oppose" à ce qui est arrivé avec <strong>la</strong> colonisation.<br />

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