28.06.2013 Views

Le littoral de la Province Nord en Nouvelle-Calédonie: Quel ...

Le littoral de la Province Nord en Nouvelle-Calédonie: Quel ...

Le littoral de la Province Nord en Nouvelle-Calédonie: Quel ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

tel-00641510, version 1 - 16 Nov 2011<br />

Ce tableau nous intéresse dans <strong>la</strong> mesure où il montre égalem<strong>en</strong>t l’importance <strong>de</strong>s espèces<br />

pêchées et ce <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s déc<strong>en</strong>nies. Certaines d’<strong>en</strong>tre elles, comme le dugong et les tortues, sont<br />

protégées sur le p<strong>la</strong>n international, parce que ce sont <strong>de</strong>s espèces c<strong>la</strong>ssées vulnérables par l’UICN.<br />

Mais elles sont aussi, <strong>en</strong> <strong>Province</strong> <strong>Nord</strong>, valorisées sur le p<strong>la</strong>n coutumier dans certaines<br />

cérémonies (mariage d’aîné, <strong>de</strong>uil d’aîné ou <strong>de</strong> chef...). Comm<strong>en</strong>t concilier protection <strong>de</strong> ces<br />

espèces et valorisation socioculturelle ? Nous y revi<strong>en</strong>drons. D’autres sont au contraire protégées<br />

car elles peuv<strong>en</strong>t être les totems <strong>de</strong> certains c<strong>la</strong>ns (cf. chap. 3). Ces espèces ne pourront ni être<br />

touchées dans les territoires <strong>de</strong> ces c<strong>la</strong>ns, ni être consommées ailleurs dans d’autres territoires.<br />

Souv<strong>en</strong>t cette particu<strong>la</strong>rité se vérifie pour le requin et pour certains crabes <strong>de</strong> terre…<br />

La colonisation, <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s réserves, le développem<strong>en</strong>t du commerce sont autant<br />

<strong>de</strong> bouleversem<strong>en</strong>ts qui ont modifié tant <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> pêche selon les territoires coutumiers, que<br />

les métho<strong>de</strong>s utilisées. Si bi<strong>en</strong> qu’aujourd’hui, même si <strong>la</strong> pêche collective est <strong>en</strong>core possible par<br />

<strong>en</strong>droits selon les évènem<strong>en</strong>ts sociaux et coutumiers, elle n’a plus ri<strong>en</strong> à voir avec celle, pratiquée<br />

lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux siècles <strong>de</strong>rniers. « De nos jours, <strong>la</strong> pêche <strong>la</strong>gonaire est une activité <strong>en</strong>core vivrière,<br />

mais constitue surtout l’un <strong>de</strong>s loisirs les plus partagés par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion calédoni<strong>en</strong>ne» (Jollit, I.,<br />

In. Angleviel et al. 2007 p. 235). Cette pêche a donc un impact certain sur <strong>la</strong> ressource, mais il est<br />

difficilem<strong>en</strong>t quantifiable, sauf lorsqu’elle est professionnelle ou que les produits pêchés sont<br />

« déc<strong>la</strong>rés ». Par exemple, concernant <strong>la</strong> pêche au crabe <strong>de</strong> palétuvier, voici ce qu’on peut lire sur<br />

le site <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Province</strong> : elle est « pratiquée par 250 personnes <strong>en</strong>viron » (www.province-nord.nc).<br />

Sur ces 250 personnes, moins du quart sont déc<strong>la</strong>rées comme professionnels. Du coup, il y a un<br />

réel risque <strong>de</strong> conflits dans certains territoires, <strong>en</strong>tre les professionnels qui viv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette activité<br />

et les non professionnels qui v<strong>en</strong><strong>de</strong>nt leur surplus, n’<strong>en</strong> retir<strong>en</strong>t que les profits et ne pai<strong>en</strong>t pas les<br />

charges. Comm<strong>en</strong>t donc t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> ces différ<strong>en</strong>ts acteurs ? Nous <strong>en</strong> parlerons plus loin.<br />

D’autres espèces sont égalem<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t appréciées selon les territoires lors <strong>de</strong>s<br />

cérémonies coutumières. Par exemple, pour un mariage mettant <strong>en</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> Koumac<br />

et ceux <strong>de</strong> Bélep, si les cérémonies se font tantôt sur l’une ou l’autre <strong>de</strong> ces communes, les<br />

premiers apprécieront et prés<strong>en</strong>teront à table <strong>de</strong>s dawas, picots, poulpes (céphalopo<strong>de</strong>s) et crabes<br />

alors même que les mulets, les crevettes et les crabes seront plus appréciés par les c<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> Bélep<br />

parce que plus rares. Alors que les mulets seront valorisés par ces <strong>de</strong>rniers, ce mets n’est pas mis<br />

<strong>en</strong> avant par les c<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> Koumac parce que ce<strong>la</strong> est trop courant chez eux. De leur côté, les c<strong>la</strong>ns<br />

<strong>de</strong> Bélep prés<strong>en</strong>teront ce qui fait leur richesse à savoir le tazar, parce qu’ils sav<strong>en</strong>t que partout<br />

ailleurs <strong>en</strong> <strong>Province</strong> <strong>Nord</strong> cette ressource est plus rare. Ainsi donc quelques espèces seront<br />

valorisées par les cérémonies coutumières selon les territoires, leurs ressources ou leur<br />

appréciation selon les c<strong>la</strong>ns accueillis. C’est souv<strong>en</strong>t une bonne connaissance <strong>de</strong>s espèces et <strong>de</strong><br />

leur valeur gustative qui fait <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> quelques-unes dont les noms se retrouv<strong>en</strong>t dans les<br />

<strong>la</strong>ngues vernacu<strong>la</strong>ires (Annexe 25).<br />

409

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!