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Le littoral de la Province Nord en Nouvelle-Calédonie: Quel ...

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tel-00641510, version 1 - 16 Nov 2011<br />

En effet, il semble que ce soit durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1989 à 1993 que les c<strong>la</strong>ns du <strong>littoral</strong>, ont<br />

pu retrouver, <strong>en</strong> partie, leurs terres. Avant ce<strong>la</strong>, les acquisitions foncières <strong>de</strong> 1970, l’ont été par<br />

accord direct <strong>en</strong>tre les « vieux » et les propriétaires privés d’alors. Ici, il s’agit <strong>en</strong>tre autre <strong>de</strong> M.<br />

Bonn<strong>en</strong>fant (carte n° 27). Certaines terres « rev<strong>en</strong>diquées » n’ont pour l’heure pas pu être<br />

achetées par l’ADRAF ou « r<strong>en</strong>dues » à certains c<strong>la</strong>ns. D’autres <strong>en</strong>core n’ont pas été reconnues<br />

légalem<strong>en</strong>t comme <strong>de</strong>s « terres rev<strong>en</strong>diquées », mais sont signalées comme l’étant, aux<br />

propriétaires fonciers par les c<strong>la</strong>ns qui rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t. « Tant que les c<strong>la</strong>ns dép<strong>la</strong>cés n'auront pas<br />

retrouvé leurs terres d'origine, les rev<strong>en</strong>dications se poursuivront» (Wamytan, R., <strong>Le</strong>a<strong>de</strong>r<br />

politique, Journée <strong>de</strong>s peuples autochtones, discours 2007). La procédure est longue, <strong>de</strong> plus les<br />

c<strong>la</strong>ns doiv<strong>en</strong>t faire valoir leur « titre <strong>de</strong> li<strong>en</strong> à <strong>la</strong> terre ». Sans ce<strong>la</strong>, les procédures sont <strong>en</strong>core plus<br />

longues et nécessit<strong>en</strong>t parfois l’appui même <strong>de</strong>s élus communaux, dans le s<strong>en</strong>s d’une légitimation<br />

d’un besoin foncier pour le bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions. Or comm<strong>en</strong>t s’appuyer sur les élus et le 1 er<br />

magistrat <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, si lui-même est avec <strong>la</strong> famille <strong>de</strong> son épouse, le plus grand propriétaire<br />

foncier (sur les terres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chefferie Boarat) et n’a <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> vouloir ét<strong>en</strong>dre ces terres dans le<br />

cadre <strong>de</strong> son élevage ?<br />

Avec l’administration coloniale et particulièrem<strong>en</strong>t l’arrêté du 6 mars 1876 re<strong>la</strong>tif au<br />

cantonnem<strong>en</strong>t, s’ajoute <strong>en</strong>core d’autres décrets <strong>en</strong> 1887, <strong>en</strong> 1894... Ainsi, le sort <strong>de</strong>s terres<br />

coutumières et <strong>de</strong>s Kanak ne sera fixé et amélioré (citoy<strong>en</strong>neté aux Kanak et droit <strong>de</strong> vote aux<br />

hommes) qu’<strong>en</strong> 1946, c'est-à-dire <strong>de</strong>puis seulem<strong>en</strong>t six déc<strong>en</strong>nies ! Avant ce<strong>la</strong>, ils se cantonnai<strong>en</strong>t<br />

dans leurs tribus et ne pouvant sortir <strong>de</strong> leur arrondissem<strong>en</strong>t, sans justifier d’une autorisation<br />

régulière, leurs pratiques sociales et culturelles étai<strong>en</strong>t sanctionnées, comme les pratiques <strong>de</strong><br />

sorcellerie, les gran<strong>de</strong>s cérémonies <strong>de</strong> Pilous-pilous (sauf autorisation), <strong>la</strong> pratique du feu à <strong>de</strong>s<br />

fins agricoles…les savoirs se perdai<strong>en</strong>t. « En toute hypothèse, les Kanak n’ont pas <strong>de</strong> recours<br />

possible et sont <strong>la</strong>issés à <strong>la</strong> merci <strong>de</strong> gouverneurs dont les agissem<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t être, au mieux,<br />

critiqués a posteriori. L’internem<strong>en</strong>t ou l’exil sur une pério<strong>de</strong> indéterminée sont pratiques<br />

courantes » (Merle, I., In. Terrier, C., 2000, p. 166). Nous concevons dès lors, très aisém<strong>en</strong>t, à<br />

quel point les failles <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition orale, tant sur Koumac qu’ailleurs, ont un li<strong>en</strong> très direct avec<br />

l’histoire liée à <strong>la</strong> colonisation, puisque privé <strong>de</strong> leurs cultures, les échanges <strong>de</strong> tout ordre<br />

(coutume, danse, li<strong>en</strong>s avec les lignages extérieurs...) ne pouvai<strong>en</strong>t se faire (Bodmer, D., 2001).<br />

De plus, il semblerait qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion Kanak fut décimée par <strong>de</strong>s facteurs<br />

extérieurs comme l’alcool, les ma<strong>la</strong>dies, les corvées... Comm<strong>en</strong>t ainsi transmettre le savoir<br />

ancestral, les généalogies... dans <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions où les morts, tant chez les adultes que chez les<br />

<strong>en</strong>fants, fur<strong>en</strong>t nombreux et rapi<strong>de</strong>s (épidémies <strong>de</strong> toutes sortes) ? Justifier du « li<strong>en</strong> à <strong>la</strong> terre »<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t très vite problématique.<br />

Pour certains, cette situation est <strong>la</strong> conséqu<strong>en</strong>ce du fait que l’État dans sa décolonisation,<br />

estime déjà avoir <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie « réparé les torts » (discours politique). Ainsi, « le problème<br />

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