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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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C'est précisément ce que nous révèlent les monuments épigraphiques. M.<br />

Mommsen cite1 deux inscriptions trouvées en 1547, dans le Forum, au pied de<br />

l'arc de Sévère2. Dans l'une, nous lisons les noms de huit curateurs de la demitribu<br />

Suburana ou Sucusana juniorum. Cinq <strong>des</strong> noms sont sur une face du<br />

monument ; ce sont ceux <strong>des</strong> curateurs <strong>des</strong> cinq classes de la demi-tribu. Trois<br />

sont sur une autre face ; ce sont ceux <strong>des</strong> curateurs <strong>des</strong> trois sous-classes dont<br />

la seconde a pour curateur un affranchi.<br />

La seconde inscription donne les noms de huit magistrats de la même demi-tribu,<br />

Suburana juniorum, accompagnés du signe 7 qui représente le cep de vigne,<br />

symbole du pouvoir du centurion romain. Ce sont les noms <strong>des</strong> huit curateurs ou<br />

centurions civils d'une autre année.<br />

Ainsi, les ærarii étaient <strong>des</strong> citoyens rangés en dehors <strong>des</strong> cinq classes de<br />

l'assemblée centuriate. Lorsque le cens de la cinquième classe était au moins de<br />

12.500 as d'une livre de cuivre, ils formaient une seule3 sous-classe, dont le<br />

cens était inférieur à cette somme. Mais, au temps de la seconde guerre<br />

punique, lorsque le cens de la cinquième classe se trouva décuplé comme toutes<br />

les valeurs nominales, et porté à 125.000 as de deux onces, les ærarii étaient<br />

déjà répartis dans trois sous-classes (infra classem), dont le cens était de 50.000,<br />

de 75.000 et de 100.000 as. Le chevalier equo publico qui, dans la revue<br />

quinquennale, était privé du cheval donné par l'État, et mis au nombre <strong>des</strong> ærarii<br />

ou cœrites4, n'était pas pour cela privé du droit de suffrage. Un censeur qui eût<br />

ôté à un citoyen la faculté de voter dans l'une <strong>des</strong> trente-cinq tribus, eût commis<br />

un attentat contre la liberté et une usurpation sur le peuple romain, seul investi<br />

du pouvoir d'exclure un citoyen de la cité.<br />

Le chevalier devenu œrarius était seulement privé <strong>des</strong> droits qu'on exerçait dans<br />

l'assemblée centuriate5. Il était inscrit dans l'une <strong>des</strong> trois sous-classes d'une<br />

tribu, et dans l'assemblée <strong>des</strong> tribus il conservait son suffrage. Mais, pour<br />

annuler en fait ce droit politique qu'en principe il ne pouvait détruire, le censeur<br />

inscrivait souvent celui dont il faisait un œrarius dans l'une <strong>des</strong> dix-sept<br />

dernières tribus, qui étaient moins souvent appelées à voter, parce que la<br />

majorité pouvait être formée avant que leur tour fût venu6.<br />

On comprend par là le sens politique de cette double punition si souvent infligée<br />

aux chevaliers par les censeurs : œrarios fecerunt, tribuque moverunt7. Par la<br />

1 M. Mommsen, Les tribus romaines, Altona, 1844, p. 195 et suiv.<br />

2 Inscriptions de Gruter, 104-6.<br />

3 Verrius Flaccus faisait remonter à Servius Tullius la subdivision de la sixième classe<br />

qu'il appelait quintana classis parce qu'elle était divisée en cinq sous-classes, trois<br />

composées d'ærarii, ou cœrites, une de prolétaires et une de capite censi. Festus, s. v.<br />

Quintana classis : Quintanam classem ait Verrius dictam quod in ea Servius Tullius rex,<br />

distributa capite censorum multitudine, quinque fecit cum eas ordinavit. A l'origine, les<br />

hommes de la sixième classe étaient confondus en une seule centurie. Tite-Live, I, 43.<br />

(Voir nos tableaux de la constitution romaine.)<br />

4 Asconius (In divinatione, III, s. v. Etiam censorium nomen) assimile les ærarii aux<br />

cœrites. Comparer Horace, Epist. I, 6, 62, Cœrite cera digni.<br />

5 C'est dans ce sens restreint qu'il faut prendre ce qu'Aulu-Gelle nous dit <strong>des</strong> cœrites, qui<br />

étaient privés du droit de suffrage (XVI, 13, n° 7). Comparer Tite-Live, XLV, 15.<br />

6 La tribu Suburane, dans l'ordre <strong>des</strong> tribus, était la première de celles de la ville ; la<br />

Romilia, la première <strong>des</strong> tribus rustiques ; l'Arniensis, la dernière de toutes (Cicéron, De<br />

lege agraria, II, 29).<br />

7 Tite-Live, XLII, 10.

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