28.04.2014 Views

HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

comme le ventre affamé dont parle Menenius Agrippa, n'était plus servie ni par<br />

les bras de la campagne, ni même par ceux de la ville. Pour échapper à ce<br />

blocus, les plus misérables clients <strong>des</strong> patriciens, ceux qui sortaient <strong>des</strong> prisons<br />

de leurs créanciers ou craignaient d'y être enfermés, se réfugièrent au Mont-<br />

Sacré sous la protection <strong>des</strong> deux tribuns et de la garde qu'y avaient établie les<br />

tribus rustiques. La ville du Mont-Sacré était <strong>des</strong>tinée par ses fondateurs à<br />

supplanter Reine, et, comme elle, elle commençait par être un asile. Le nombre<br />

<strong>des</strong> réfugiés, selon Denys d'Halicarnasse, dont le récit est plein d'exagérations,<br />

ne s'élevait qu'a quinze ou dix-huit mille. En le réduisant à cinq mille, on le<br />

mettrait à peu près d'accord avec la grandeur actuelle de la colline qu'ils<br />

occupaient. Là, vécurent sous <strong>des</strong> tentes de branchages ou de toile, les réfugiés<br />

de la ville. La plèbe rustique, leur protectrice, leur apportait à manger, et elle fut<br />

personnifiée dans la tradition populaire sous la figure de la fée bienfaisante Anna<br />

Perenna, venant tous les matins du village de Bovillæ apporter aux habitants du<br />

Mont-Sacré <strong>des</strong> gâteaux cuits sous la cendre. Lorsque Menenius Agrippa eut fait<br />

comprendre à ces malheureux, qu'en s'associant à un plan pour affamer Rome,<br />

ils s'affamaient eux-mêmes, ils rentrèrent dans la ville, et élevèrent, dit-on, une<br />

statue à Anna Perenna. Tous les ans, à la fête de cette déesse, la plèbe de la<br />

ville se répandait dans les prés voisins <strong>des</strong> bords du Tibre. Elle y coupait de<br />

grands roseaux, que l'on plantait en terre, et que, chaque famille recouvrait<br />

d'une toge ou de quelques feuillages entrelacés ; l'on prenait un repas sur l'herbe<br />

en s'abritant sous ces tentes improvisées, qui rappelaient le séjour d'une partie<br />

de l'ancienne plèbe urbaine sur le Mont-Sacré.<br />

Les réfugiés ne revinrent avec Menenius qu'après s'être fait donner par les<br />

commissaires du Sénat l'assurance qu'ils ne seraient pas poursuivis par leurs<br />

créanciers, et, pour mieux assurer l'exécution du traité, ils rentrèrent en armes<br />

dans la ville et occupèrent l'Esquilin.<br />

La désertion du Mont-Sacré fit sentir aux plébéiens de la campagne la difficulté<br />

de créer sur la rive droite de l'Anio, assez loin du Tibre et de la mer, une ville de<br />

commerce rivale de Rome. Ils transportèrent leur nouveau marché et le séjour<br />

<strong>des</strong> deux tribuns de la plèbe sur l' Aventin, aux portes mêmes de la ville. Les<br />

patriciens, vaincus par la famine et par le ravage de leurs champs, dont on<br />

empêchait la culture, finirent par céder. Ils conclurent avec la plèbe rustique,<br />

comme avec une puissance étrangère, un traité sanctionné par les féciaux. Le<br />

pouvoir <strong>des</strong> deux tribuns de la plèbe rustique reçut <strong>des</strong> curies de la ville une<br />

homologation qui le fit reconnaître à l'intérieur même de Rome, et, jusqu'à la loi<br />

de Publilius Volero, de 470 avant Jésus-Christ, ce fut l'assemblée curiate qui<br />

choisit les tribuns parmi les candidats de la plèbe <strong>des</strong> campagnes.<br />

Le tribun était à Rome comme un fondé de pouvoirs d'une puissance étrangère :<br />

son inviolabilité était l'application d'une règle du droit <strong>des</strong> gens. Au Forum, le<br />

jour de l'assemblée <strong>des</strong> tribus, il n'était permis à aucun patricien ni de voter, ni<br />

de paraître, ni de troubler les délibérations. Un seul mot prononcé par un <strong>des</strong><br />

chefs de la population urbaine contre le tribun était un crime de lèse-majesté, ou<br />

plutôt un attentat contre l'indépendance <strong>des</strong> paysans. Le perturbateur pouvait<br />

être puni immédiatement par les tribuns, qui avaient le droit de le faire saisir (jus<br />

prehensionis) par les édiles, et de le faire sans jugement précipiter de la roche<br />

Tarpéienne, comme un agresseur étranger (perduellis). Le tribun pouvait réclamer<br />

tout plébéien qu'on voulait mettre en prison, comme n'étant pas sujet à la loi<br />

patricienne. Il pouvait annuler tout sénatus-consulte contraire aux intérêts de la<br />

plèbe. En un mot, le tribunat n'était pas une simple magistrature. C'était bien<br />

plus : une souveraineté. La dictature elle-même, qui suspendait toutes les

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!