HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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L'opinion de M. Bœckh1 s'appuie sur la même hypothèse erronée, et, si elle ne<br />
mène pas à <strong>des</strong> résultats aussi invraisemblables, elle ne les évite qu'au prix<br />
d'une inconséquence. M. Bœckh admet que le cens de la première classe était de<br />
cent mille as de deux onces au sixième siècle de Rome (240-140 av. J.-C.). Il n'en<br />
réduit la valeur nominale que dans la proportion de 5 à 1 pour l'époque de<br />
Servius, et il suppose qu'il était, sous ce règne, de vingt mille as d'une livre.<br />
Voici comment il raisonne2 :<br />
Les citoyens de la première classe avaient un cens de vingt mille<br />
as d'une livre, depuis le règne de Servius jusqu'à la première<br />
guerre punique. Pendant cette guerre, on coupa l'as de douze<br />
onces en six as de deux onces. Le bien qui valait vingt mille as<br />
anciens, en dut valoir cent vingt mille nouveaux. Mais de plus, la<br />
richesse publique et privée s'étant accrue, le prix de toutes<br />
choses s'éleva dans la proportion de 3 à 5 ou de 6 à 10. Le cens<br />
de la première classe, qui, par le seul fait de la nouvelle taille <strong>des</strong><br />
monnaies de cuivre, se serait élevé de vingt mille à cent vingt<br />
mille as, aurait dû, par cette seconde cause d'élévation, être<br />
porté jusqu'à deux cent mille, si le cuivre n'eût doublé de valeur<br />
depuis Servius. Mais on remarque qu'il l'époque de Servius, vingt<br />
mille livres de cuivre valaient un peu plus de soixante-quatorze<br />
livres d'argent, et, qu'au temps <strong>des</strong> guerres puniques, elles en<br />
valaient un peu moins de cent quarante-trois3. Le cuivre avait<br />
donc doublé de prix à peu près ; et le bien qui, sans cela, aurait<br />
valu deux cent mille as de deux onces, n'a dû être estimé qu'à<br />
cent mille.<br />
Ce raisonnement contient dans sa dernière partie une évaluation arbitraire, et<br />
une inconséquence. L'égalité de valeur établie entre vingt mille livres de cuivre et<br />
soixante-quatorze livres d'argent pour l'époque de Servius n'est pas prouvée. Les<br />
valeurs relatives <strong>des</strong> deux métaux à Syracuse au temps de Servius Tullius, ne<br />
peuvent autoriser aucune induction applicable à l'histoire <strong>des</strong> monnaies<br />
romaines. Car, au temps de Servius, les Romains ne connaissaient pas l'argent.<br />
Pline dit expressément qu'ils ne se servirent de monnaie d'argent qu'après la<br />
défaite de Pyrrhus4, ' c'est-à-dire vers l'époque de la prise de Tarente (272 av. J.-<br />
C.). Nous trouvons dans l'épitomé du livre XV de Tite-Live, après le résumé de la<br />
guerre de Tarente, et avant le commencement de la guerre punique, la mention<br />
1 Bœckh, Metrologische Untersuchangen uber Gewichte, Manzfussz und Maase <strong>des</strong><br />
Alterthums S. 425 und ff. L'opinion de M. Bœckh a été suivie par M. Marquardt (Historiœ<br />
equitum Romanorum, liv. Ier. ch. II, p. 9) et par M. Niemeyer (De equitibus Romanis, p.<br />
45).<br />
2 Ce ne sont pas les propres paroles de M. Bœckh, mais c'est le résumé <strong>des</strong> idées qu'il<br />
développe dans ses Recherches métrologiques. Un fragment de cet ouvrage important, et<br />
très-clair dans son ensemble, eût été presque inintelligible. Nous citons pourtant, à la fin<br />
du volume, une page traduite de ce livre, et où M. Bœckh donne ses conclusions (Voir<br />
note 2, au livre II).<br />
3 20.000/74 = 270. 20.000/142 = 140. Voir, à la fin du volume, note 2, au liv. II.<br />
4 Pline, Histoire naturelle, XXXIII, 13. Populus Romanus ne argento quidem signalo ante<br />
Pyrrhum regem devietum usus est. Librales adpendebantur asses.