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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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du premier emploi de l'argent par les Romains1. Tite-Live dit qu'il n'y en avait<br />

pas à Rome en l'an 403 av. J.-C.2.<br />

A ces témoignages précis et concordants, il n'est pas possible d'opposer, comme<br />

on l'a fait, le témoignage de Varron, qui attribuerait à Servius la fabrication du<br />

premier denier d'argent3. Le savant polygraphe ne fait, dans ce passage, que<br />

rapporter un bruit populaire (dicunt), sans se donner pour garant de l'exactitude<br />

du fait supposé. Nous avons montré qu'il y a <strong>des</strong> raisons de croire que ce denier,<br />

attribué à Servius et qui dut peser 8 grammes 18 centigrammes ou 8 gr. 31 c.,<br />

n'était autre que le premier denier romain fabriqué en 269 av. J.-C.4.<br />

Il n'y a donc pas eu de monnaie d'argent à Rome sous Servius ; ni même<br />

pendant les trois siècles qui suivirent son règne. Le cuivre seul avait alors cours<br />

chez les Romains. Quant à l'argenterie, elle y était si peu connue, qu'en l'année<br />

275 av. J.-C. , l'année même de la victoire de Bénévent remportée sur Pyrrhus,<br />

les deux censeurs C. Fabricius Luscinus et Q. Æmilius Papus, notèrent d'infamie<br />

et chassèrent du Sénat P. Cornelius Rufinus, qui avait été dictateur et deux fois<br />

consul, pour avoir réuni dans sa maison dix livres pesant, c'est-à-dire 3<br />

kilogrammes 272 gr. d'argenterie5. Trois siècles auparavant, sous Servius, il ne<br />

devait donc y avoir à Rome ni argenterie, ni monnaie d'argent6 ; et M. Bœckh a<br />

établi entre la valeur de l'argent et celle du cuivre à Rome sous le règne de<br />

Servius un rapport tout à fait imaginaire, puisque le premier de ces deux métaux<br />

n'y avait pas cours et, selon toute vraisemblance, n'y existait même pas<br />

Il est bien vrai qu'au temps <strong>des</strong> guerres puniques, le cuivre devint plus cher<br />

relativement à l'argent. Ainsi, à la tin de la première guerre punique, ce métal<br />

valait seulement 1/140 de son poids d'argent, et à partir de 217 av. J.-C., quand<br />

le denier de 3 grammes 88 centigrammes s'échangea contre seize as d'une once,<br />

1 Tite-Live, Épitomé XV. Tunc primum populus Romanus argentum uti cœpit.<br />

2 Tite-Live, IV, 60. Quia nondum argentum signatum erat æs grave plaustris<br />

convehentes. Au triomphe de Papirius, 293 av. J.-C., on porta deux millions cent trentetrois<br />

mille livres de cuivre (æris gravis), et seulement trois cent trente mille livres<br />

d'argent. L'argent commençait à s'introduire par la grande Grèce et le Samnium ; mais<br />

on récompensait encore les soldats avec <strong>des</strong> as de cuivre (Tite-Live, X, 46). Au contraire,<br />

en 207 av. J.-C., Livius et Néron, dans leur triomphe, portèrent au Trésor trois millions<br />

de sesterces d'argent, et seulement quatre-vingt mille as de cuivre. Quoique les sommes<br />

soient beaucoup plus faibles en 207 av. J.-C., la proportion de l'argent par rapport au<br />

cuivre est tout autre. Le sesterce d'argent était devenu la monnaie usuelle.<br />

3 Varron, dans Charisius, I, 81. Nummum argenteum conflatum primum a Servio Tullio<br />

DICUNT.<br />

4 Pline, XXXIII, 13. Sur les premières monnaies d'argent <strong>des</strong> Romains, voir, à la fin du<br />

volume, la note 1re, au livre II.<br />

5 Aulu-Gelle, IV, 8, n° 7, et XVII, 21, n° 39. Valère Maxime, IV, ch. 4, n° 3, et liv. IV, ch.<br />

3. Denys d'Halicarnasse, frag. Ier du liv. XX, fait un calcul assez juste. Il dit que les dix<br />

livres romaines d'argenterie pesaient un peu plus de huit mines attiques. En mettant la<br />

drachme à 3 grammes 89 centigrammes, la mine pesait 389 grammes, et huit mines, 3<br />

kilogrammes 112 gr., qui sont en effet un peu moins que dix livres romaines ou 3 kil.<br />

272 gr. Pline (XXXIII, 50) fait allusion à cette anecdote, mais négligemment et sans y<br />

croire. Il change même les chiffres pour la rendre plus invraisemblable : Nam propter<br />

QUINQUE PONDO notatum a censoribus triumpatem senem FABULOSUM JAM videtur.<br />

L'incrédulité de Pline et de ses contemporains n'ôte rien à la vérité du fait.<br />

6 L'épitomé XV de Tite-Live dit : Tunc primum populus Romanus ARGENTO uti cœpit. Il ne<br />

dit pas argento signato, ce qui autorise à croire qu'avant la guerre de Pyrrhus, le métal<br />

d'argent lui-même était, à Rome, presque inconnu.

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