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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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donner. La plèbe de la ville, résignée à souffrir ces cruautés, tant qu'elle seule<br />

était frappée, se révolta dès qu'elle put espérer le secours <strong>des</strong> plébéiens de la<br />

campagne. Ni la hauteur insultante du consul Appius, ni les demi-concessions et<br />

les promesses de son collègue Servilius ne purent empêcher la coalition <strong>des</strong> deux<br />

plèbes. La populace <strong>des</strong> clients, auparavant tremblante devant les tribunaux <strong>des</strong><br />

consuls et sous le fouet de l'usurier patricien, osa élever la voix et réclamer la<br />

liberté, dès qu'elle vit arriver à elle la fière plèbe <strong>des</strong> tribus rustiques, les<br />

laboureurs propriétaires, dont le travail nourrissait Rome, et dont le sang payait<br />

ses victoires1. Servilius put encore, en ordonnant de relâcher les prisonniers pour<br />

dettes, former une armée contre les Sabins, les Volsques et les Auronces. Mais,<br />

lorsqu'après trois victoires, les légionnaires virent qu'Appius recommençait à<br />

adjuger comme esclaves les débiteurs aux créanciers, le soulèvement éclata plus<br />

terrible. Sous le consulat de Virginius et de Vetusius, <strong>des</strong> conciliabules nocturnes<br />

se tinrent au quartier <strong>des</strong> Esquilles et sur le mont Aventin. L'Esquilin avait été<br />

autrefois habité par Servius, le libérateur de la plèbe urbaine, qui l'avait peuplé<br />

d'affranchis. L'Aventin, placé en dehors du Pomœrium, était le poste avancé de la<br />

plèbe rustique2. Opprimés de la ville et de la campagne se rapprochèrent, et<br />

concertèrent pour venir à bout <strong>des</strong> patriciens un terrible projet : Les clients et les<br />

fermiers <strong>des</strong> nobles de Rome refuseraient de cultiver les terres de leurs maîtres,<br />

et les plébéiens de la campagne les approvisionneraient en leur apportant le blé,<br />

non plus au Forum, mais sur la 'montagne située à la rive droite de l'Anio, au<br />

pied de laquelle se croisent les roules qui font communiquer le Latium, l'Etrurie<br />

et la Sabine. Le patriciat serait réduit par la famine à capituler, ou Rome<br />

cesserait d'être le marché du Latium et perdrait bientôt par là, son rang de ville<br />

dominante. Un dictateur aimé du peuple parvint à arrêter encore quelque temps<br />

l'explosion de toutes les colères. Pour mettre fin à toutes les guerres extérieures<br />

qui fournissaient aux patriciens un prétexte de différer l'exécution de leurs<br />

promesses, dix légions s'armèrent sous la conduite de Valerius, et tous les<br />

ennemis de Rome furent abattus en peu de jours. Cette victoire fut suivie pour la<br />

plèbe d'une nouvelle déception. Valerius, dont les promesses aux débiteurs<br />

étaient désavouées par le Sénat, abdiqua la dictature.<br />

Alors les deux plèbes, ne comptant plus sur la bonne foi du Sénat, mirent à<br />

exécution le <strong>des</strong>sein <strong>des</strong> conjurés <strong>des</strong> Esquilies et de l'Aventin. Dix légions, selon<br />

Tite-Live, six, selon Denys, se rendirent autour de la montagne de la rive droite<br />

de l'Anio, non pour y camper, ni pour y faire un séjour impossible, mais pour y<br />

marquer la place du nouveau marché. Elles y consacrèrent aussi à Jupiter3<br />

l'enceinte où devaient se réunir, aux jours de délibération, les plébéiens<br />

membres de la nouvelle cité. Sans doute, en se retirant, les légions laissèrent<br />

une garde pour veiller sur cette montagne sainte, désignée pour devenir le<br />

centre d'une ville future, rivale de la Rome patricienne.<br />

Dans l'Italie ancienne, on rencontrait un grand nombre de ces places marquées<br />

du nom de fora ou de conciliabula4, qui, avant de se transformer en villes, furent<br />

1 Denys, VI, 27.<br />

2 Tite-Live désigne assez clairement les conciliabules <strong>des</strong> deux plèbes (II, 28). Les<br />

plébéiens <strong>des</strong> curies, réunis sur l'Esquilin, étaient ceux de la ville ; les plébéiens de<br />

l'assemblée du Forum (Concio), réunis sur l'Aventin, étaient ceux <strong>des</strong> campagnes.<br />

3 Festus, s. v. Sacer.<br />

4 Tite-Live, VII, 15, et XL, 37. Un grand nombre de villes italiennes gardèrent le nom de<br />

Forum : Forum Aurelium, Forum Livii, etc.

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