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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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d'établir plus facilement l'accord du peuple dans les comices, on fît deux<br />

élections <strong>des</strong> mêmes candidats. Les tribus (il fallait dire centuries) appelées les<br />

premières étaient nommées prérogatives, parce que c'était à elles qu'on<br />

demandait d'abord qui elles voulaient pour consuls1. Les secon<strong>des</strong> se nommaient<br />

centuries ; appelées légalement (jure vocatæ), parce que le peuple s'y<br />

conformant, comme il arriva souvent, à la volonté <strong>des</strong> centuries prérogatives,<br />

toutes les formalités légales se trouvaient accomplies2.<br />

Ainsi les hommes de la campagne romaine étaient presque réduits dans<br />

l'assemblée centuriate à légaliser par <strong>des</strong> votes approbatifs les choix que<br />

faisaient, dans de premiers comices, les dix-huit centuries prérogatives, dirigées<br />

elles-mêmes par les six suffrages sénatoriaux3 <strong>des</strong> chevaliers Rhamnes, Tities et<br />

Luceres. Les chefs <strong>des</strong> curies, ou leurs fils, rangés dans les centuries équestres,<br />

formaient encore dans l'assemblée du Champ-de-Mars un peuple au milieu du<br />

peuple, la cité du Pomœrium dans la cité plus vaste de tout le territoire.<br />

Le Sénat trouva un moyen plus commode encore de n'être pas contrarié dans<br />

ses vues politiques par les plébéiens de la campagne. C'était, au lieu de diriger<br />

leurs suffrages, de s'en passer, autant qu'il était possible.<br />

Les gens de la campagne ne venaient guère à la ville que tous les neuf jours, au<br />

marché <strong>des</strong> nundines4. Ils employaient les sept autres jours au travail <strong>des</strong><br />

champs. Les pontifes de l'aristocratie romaine avaient déclaré les nundines jour<br />

férié et néfaste, sous prétexte qu'une assemblée du peuple tenue ce jour-là<br />

aurait interrompu le marché et détourné la plèbe rustique de ses affaires5. Mais<br />

on eût dérangé bien davantage le paysan en le convoquant un jour de travail, s'il<br />

eût dû venir à Rome tout exprès pour voter. On comptait sur son abstention, et<br />

c'était là le but politique de la loi religieuse qui déclarait fériés les jours de<br />

nundines. Grâce à cette loi, les trois ou quatre dernières classes, qui, dans les<br />

1 Comme il s'agit de l'élection <strong>des</strong> consuls, qui ont toujours été choisis dans l'assemblée<br />

centuriate, Asconius a évidemment mis tribus prérogatives pour centuries prérogatives.<br />

Ce qui lui a fait commettre cette inadvertance, c'est que, dans le passage de la première<br />

Verrine (ch. IX) qu'il commente, Cicéron accuse Verrès d'avoir acheté <strong>des</strong> tribus<br />

prérogatives, pour l'élection au consulat de son ami Q. Metellus. A cette époque, il n'y<br />

avait qu'une seule centurie prérogative, tirée an sort parmi les centuries <strong>des</strong> jeunes gens<br />

de la première classe <strong>des</strong> trente-et-une tribus rustiques. La tribu, à laquelle cette<br />

centurie appartenait, s'appelait elle-même prérogative. Mais Verrés, ne pouvant deviner<br />

quelle centurie le sort désignerait, avait acheté, dans plusieurs tribus, les suffrages de<br />

plusieurs prérogatives possibles ; de là le pluriel employé par Cicéron : pro prœrogativis.<br />

2 Asconius, In proœmio Act. in Verrem, ch. IX, s. v. Dedit enim prœrogativam. Mos enim<br />

fuerat, quo facilius in comitiis concordia populi firmaretur, bina omnia de iisdem<br />

candidatis comitia fieri : quorum tribus primæ PRÆROGATIVÆ dicebantur, quod primæ<br />

roqarentur, quos vellent consules fieri : secondæ, jure vocatæ, quod in his, sequente<br />

populo, ut sœpe contigit, PRÆROGATIVARUM VOLUNTATEM, jure omnia complerentur. La note<br />

d'Asconius, sur le ch. IX de la 1re Verrine, est tirée du liv. V, ch. 18 de Tite-Live : Haud<br />

invitis Patribus P. Licinium Calvum prœrogativa tribunum militum non petentem creant....<br />

omnesque deinceps ex collegio ejusdem anni refici apparebat... qui priusquam<br />

renunciarentur jure vocatis tribubus, permisse interregis P. Licinius Calvus ita verba fecit.<br />

(Voir, à la fin du volume, la note 3 au livre II.)<br />

3 Voir plus haut, liv. Ier, Ch. II, § 3, fin.<br />

4 Varron, De re rustica, 2, Proœmium, Comparez Denys, VII, 58, fin. La semaine <strong>des</strong><br />

Romains avait un jour de plus que la nôtre ; ils disaient les nundines parce que leur<br />

semaine avait huit jours, comme nous disons la huitaine parce que la nôtre en a sept.<br />

5 Pline, Hist. nat., XVIII, ch. 3, fin.

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