HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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d'argent, et valoir 5.306 francs 66 c. Les 4.400 talents valaient vingt-trois<br />
millions trois cent quarante-neuf mille trois cent quatre francs1.<br />
On devine quelle révolution économique durent produire de pareilles sommes<br />
versées tout d'un coup dans le trésor d'un petit peuple de moins de trois cent<br />
mille citoyens, qui, quarante ans auparavant, connaissait à peine le métal<br />
d'argent. De plus, les Romains avaient conquis la Sicile, que Caton appelait la<br />
nourrice du peuple romain, le grenier de l'État2. Elle fournissait à Rome du blé,<br />
du miel et du safran, et, pendant la guerre sociale, elle remplaça le trésor public<br />
en envoyant gratuitement aux armées romaines <strong>des</strong> armes, du pain, <strong>des</strong> cuirs,<br />
<strong>des</strong> habits. C'est encore pendant l'intervalle <strong>des</strong> deux premières guerres<br />
puniques que les Romains soumirent la Gaule Cisalpine, pays si riche, au dire de<br />
Polybe3, que, de son temps, le médimne de Sicile4 plein de froment n'y valait<br />
souvent que quatre oboles, et le médimne d'orge, deux oboles ; plaine<br />
abondante en vins, en millet, en épeautre, et dont les diènes fournissaient tant<br />
de glands aux troupeaux de porcs, que la chair de ces animaux servait en Halle à<br />
la consommation <strong>des</strong> particuliers et à la nourriture <strong>des</strong> armées5. Enfin, c'est dans<br />
cette période que les Romains soumirent au tribut Tenta, la reine <strong>des</strong> pirates<br />
d'Illyrie6 ; qu'ils conquirent la Corse et la Sardaigne, dont la première fournit un<br />
tribut de cent mille livres de cire, et la seconde un tribut de blé. De plus, on<br />
1 Le talent attique, poids fort, en 188 av. J.-C., pesait quatre-vingts livres romaines ou<br />
26 kilogrammes 160 grammes (Tite Live, XXXVIII, 38, et Polybe, XXII, ch. 26, n° 19). Ce<br />
talent correspondait à la drachme de grammes 36 centigrammes ou de 82 grains 1/7,<br />
dont parle M. Letronne. En composant le talent euboïque de six mille drachmes de 75<br />
grains, nous sommes resté au-<strong>des</strong>sous <strong>des</strong> évaluations ordinaires du poids du talent<br />
euboïque. La preuve que ce dernier talent se rapprochait beaucoup du talent attique,<br />
c'est que Publias Scipion, avant imposé à Antiochus une contribution de quinze mille<br />
talents euboïques, dont cinq cents devaient être payés aussitôt, deux mille cinq cents<br />
après la ratification du traité, le reste en douze paiements annuels (Tite-Live, XXXVII, 15.<br />
Polybe, XXI, 14), le traité fut ratifié par le Sénat et le peuple (Tite-Live, XXXVII, 55), les<br />
2.500 talents dus après la ratification du traité furent versés (Polybe, XXII, 24 n° 8), et,<br />
dans la rédaction du traité définitif, les commissaires romains mirent, au lieu <strong>des</strong> talents<br />
euboïques, douze mille talents attiques (Polybe, XXII, 26, n° 19. Tite Live, XXXVIII, 38).<br />
Quand on ne stipulait pas que le talent attique serait payé sur le pied de 80 livres<br />
romaines, il n'était guère que de 23 kil. 565 gr. Le talent euboïque est estimé un peu<br />
plus fort que ce talent attique, dans la proportion de 72 à 70. Donc, comparé au talent<br />
attique de 23 kil. 565 gr., il aurait pesé 21 kil. 238 gr. En ordonnant, dans le paiement<br />
<strong>des</strong> 1.2.000 derniers talents dus par Antiochus, que chaque talent pèserait au moins 80<br />
livres romaines (26 kil. 160 gr.), les dix commissaires romains rendirent le traité plus<br />
onéreux pour le roi de Syrie (Tite-Live, XXXVIII, 38).<br />
2 Cicéron, Verrines, act. II, liv. II, ch. 2. M. Calo cellam penariam reipublicæ nostræ,<br />
nutricem plebis Romanæ Siciliam nominavit. Comparez Strabon, liv. VI, ch. 2.<br />
3 Polybe, II, ch. 15.<br />
4 Le médimne de Sicile valait six modii romains (Verrines, act. II, liv. III, ch. 45).<br />
5 Polybe ajoute un détail curieux, c'est que, dans une hôtellerie de la Cisalpine, on<br />
pouvait vivre un jour pour la moitié d'un as. Polybe fait de cette monnaie le quart de<br />
l'obole ; l'obole étant la sixième partie du denier, on ne payait donc, au temps do Polybe,<br />
que douze as d'une once pour un denier, tandis qu'en 217 av. J.-C., la valeur du denier<br />
avait été fixée à 16 as d'une once (Pline, XXXIII, 13). C'est une preuve de plus de<br />
l'affluence toujours croissante de l'argent à Rome.<br />
6 Polybe, II, 12.