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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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si courte, ait empêché les travaux de la campagne, et causé, comme il le dit, la<br />

disette qui vint deux ans après1.<br />

Denys, qui a moins de critique que Tite-Live, n'atténue aucune invraisemblance.<br />

Il ne met, il est vrai, que six légions, c'est-à-dire trente mille soldats, sur le<br />

Mont-Sacré. Mais les plébéiens de la ville viennent en foule se joindre à eux.<br />

C'est une véritable émigration qui laisse Rome presque déserte2, comme si elle<br />

eût été prise d'assaut. Lus habitants de la campagne quittent aussi leurs<br />

demeures pour se rendre, les plus riches, auprès <strong>des</strong> patriciens de Rome, les<br />

plus pauvres, auprès <strong>des</strong> réfugiés du Mont-Sacré. La désertion <strong>des</strong> champs est<br />

telle que les paysans laissent périr leurs bestiaux3 ; et cette division de la<br />

population accumulée dans deux camps opposés dure, selon Denys, depuis les<br />

jours qui suivirent l'équinoxe d'automne, jusqu'aux environs du solstice d'hiver.<br />

Cicéron dit même4 que la création <strong>des</strong> tribuns n'eut lieu que dans l'année qui<br />

suivit la retraite de la plèbe au Mont-Sacré. Denys nous a donné, avec tous ses<br />

détails, le récit que Tite-Live a essayé de corriger en l'abrégeant. Mais ce récit<br />

n'est pas seulement invraisemblable. Il ne se compose que d'une suite de faits<br />

impossibles.<br />

Se figure-t-on <strong>des</strong> laboureurs quittant leurs travaux, négligeant à la fin de<br />

septembre de semer leur blé d'hiver, et laissant mourir leurs bœufs à l'étable,<br />

pour aller faire sur une montagne, avec <strong>des</strong> soldats révoltés, une démonstration<br />

politique qui dure jusqu'à la fin de décembre ? D'un autre côté, comment<br />

admettre que, pour conquérir même la plus importante <strong>des</strong> garanties, les<br />

plébéiens d'une grande ville aient émigré en masse et abandonné leurs maisons<br />

et leurs familles ; ou qu'ils aient entraîné dans un camp leurs femmes et leurs<br />

enfants à l'entrée de la mauvaise saison ? Comment cette multitude se fût-elle<br />

nourrie, chauffée, logée ? Le pillage <strong>des</strong> biens <strong>des</strong> nobles eût-il suffi à entretenir<br />

toute une population devenue oisive, où il y avait de trente à cinquante mille<br />

soldats ? Qu'eut-elle fait pendant trois mois sur le Mont-Sacré, où il était pour<br />

elle aussi impossible de vivre, qu'il était inutile et peu sensé d'y aller ? Les<br />

Sabins qui étaient en armes contre Rome eussent-ils négligé l'occasion de la<br />

prendre, pendant qu'elle était désertée par ses habitants et par ses défenseurs,<br />

si dix, ou même six légions, se fortifiant dans un camp retranché, s'y fussent<br />

enfermées avec la plèbe, dans une inaction incompréhensible5 ?<br />

Le récit de Denys est donc rempli d'invraisemblances choquantes. L'idée qu'un<br />

serment fait aux consuls en 493 av. J.-C., eût retenti autour <strong>des</strong> drapeaux les<br />

soldats révoltés, est une inconséquence et un anachronisme. L'émigration en<br />

masse de la plèbe et son séjour prolongé sur une montagne étaient impossibles.<br />

1 Tite-Live, II, 34. Tite-Live dit, que la retraite eut lieu à la fin du consulat de Servilius et<br />

de Vetusius. Spurius Cassius et Postumus Cominius devinrent consuls pendant la retraite<br />

au Mont-Sacré. La disette commença avec le consulat de Geganius et de Minucius. Mais,<br />

de l'aveu de Tite-Live (II, 21), il n'y a pas grand fond à faire sur la chronologie de cette<br />

époque.<br />

2 Denys, VI, 46.<br />

3 Denys, VII, ch. Ier.<br />

4 Cicéron, Pro C. Cornelio, fragm. 1er.<br />

5 La preuve que la ville ne fut point abandonnée, c'est que Q. Cicéron, dans le De<br />

legibus, III, 8, parle ainsi de la naissance de la puissance tribunitienne : Cujus primum<br />

ortum si recordari volumus, inter arma civium et OCCUPATIS ET OBSESSIS URBIS LOCIS<br />

procreatum videmus.

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