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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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exclusif, pour qui la patrie romaine était limitée à l'enceinte du Pomœrium, Sylla,<br />

répandit parmi les tribus dix mille affranchis surnommés les Cornéliens. Personne<br />

n'a mieux dépeint ce parti mêlé de chefs patriciens et de bandits recrutés à prix<br />

d'argent dans les carrefours de Rome, que le grand orateur, l'homme nouveau<br />

d'Arpinum qui toute sa vie l'a combattu, qu'il fût conduit par un chef avoué<br />

comme Sylla, ou par <strong>des</strong> chefs hypocrites couverts du masque de la démagogie<br />

comme Catilina ou Clodius.<br />

Penses-tu, dit-il à Clodius2, que le peuple Romain soit le peuple composé de ces<br />

gens qui se vendent à tant la journée ? que l'on pousse à faire violence aux<br />

magistrats ? à mettre le siége autour du Sénat ? à demander chaque jour le<br />

meurtre, l'incendie, le pillage ? Ce peuple que tu ne pouvais rassembler en<br />

nombre suffisant qu'en faisant fermer les boutiques3 ? Ce peuple, à qui tu avais<br />

donné pour chefs les Lentidius, les Lollius, les Plaguleius, les Sergius4 ? Quel<br />

peuple romain digne d'inspirer le respect et la terreur aux rois, aux étrangers,<br />

aux nations les plus lointaines ! Une multitude ramassée à parmi les esclaves, les<br />

gens à gages, les bandits, les misérables ! Mais le peuple Romain, tu l'as vu au<br />

Champ-de-Mars dans sa grandeur et sa beauté imposante, lorsque toi-même tu<br />

as eu le droit d'essayer contre l'autorité du Sénat, et contre les sympathies de<br />

l'Italie entière, l'effet de ta parole. Voila le peuple vainqueur et dominateur de<br />

toutes les nations, tu l'as vu, misérable, dans cette brillante journée, où tous les<br />

chefs de la cité, ceux de tous les ordres, de tous les âges, croyaient voter non<br />

sur le salut d'un citoyen, mais sur celui de la cité entière, lorsqu'enfin le Champde-Mars<br />

se remplit d'hommes qui avaient fermé, pour y venir, non <strong>des</strong><br />

boutiques, mais <strong>des</strong> municipes.<br />

Si, pendant toute l'histoire de la République, l'antagonisme <strong>des</strong> Romains de la<br />

ville et de ceux de la campagne est le fait dominant, si, même au temps de<br />

Cicéron, le citoyen d'un municipe avait deux patries et n'était qu'un fils adoptif<br />

de la cité romaine5, c'est dans la prépondérance, ou de la population urbaine, ou<br />

de la population rustique, aux divers siècles de Rome, que nous devons trouver<br />

la cause <strong>des</strong> révolutions qu'elle a traversées.<br />

Sous les rois, il n'y eut ni assemblées de tribus, ni assemblées politiques <strong>des</strong><br />

centuries. La première élection faite dans l'assemblée centuriate, fut celle <strong>des</strong><br />

1 Appien, Guerres civiles, I, 30, appelle les partisans de Marius άγροΐκος, et ses ennemis<br />

άστυκοί, πολιτικός, όχλος.<br />

2 Cicéron, Oratio pro domo sua, XXXIII.<br />

3 Cicéron (Pro Sextio, LIII) dit que la tribu Palatine était celle où se recrutaient les<br />

bandits de la faction du Forum.<br />

4 Cicéron, Pro Sextio, XV. Pour se rendre maître du Forum, en l'absence <strong>des</strong> Romains de<br />

la campagne et <strong>des</strong> municipes, Clodius avait fait abolir la loi Fuira qui déclarait que les<br />

comices na pourraient avoir lieu tous les jours fastes, et la loi Ælia qui permettait à un<br />

magistrat d'arrêter les suffrages, en annonçant qu'il observait le ciel. Cette loi de Clodius<br />

était, dit Cicéron, la ruine de la République tout entière. En effet, l'assemblée <strong>des</strong> tribus<br />

devint une machine à voter qui, sous l'impulsion du tribun démagogue, se mit à<br />

fonctionner avec une activité effrénée. Il y eut <strong>des</strong> assemblées où chaque tribu rustique<br />

était à peine représentée par cinq personnes. Pro Sextio, LI. Cicéron (Pro domo, XXX)<br />

parle d'un certain Sedulius, dont le nom figurait sur le plébiscite par lequel il fut exilé,<br />

comme celui du citoyen qui avait voté le premier. Cicéron ne trouve pas étonnant que ce<br />

patriote fût le premier au Forum le jour de l'assemblée, puisque, faute d'abri, il y<br />

couchait.<br />

5 Cicéron, De legibus, II, 2.

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