HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
§ IV. — CONCLUSIONS DU CHAPITRE Ier. MÉTHODE POUR<br />
APPRÉCIER, EN LES COMPARANT, LES RÉCITS DE L'<strong>HISTOIRE</strong><br />
PRIMITIVE DE ROME.<br />
Tous les historiens anciens sont d'accord que la chevalerie se composait à<br />
l'origine de trois cents chevaliers choisis par les trente curies, et que le nombre a<br />
été doublé trois fois sous les rois.<br />
1° Le premier doublement est placé, par Tite-Live, sous Tullus, après l'arrivée<br />
<strong>des</strong> Albains, et, par Plutarque, sous Tatius, après l'arrivée <strong>des</strong> Sabins.<br />
2° Le second doublement, qui éleva le nombre <strong>des</strong> chevaliers de six cents à<br />
douze cents, est d'un commun accord attribué à Tarquin l'Ancien.<br />
3° Le troisième doublement, accompagné de l'établissement de l'œs equestre,<br />
fixa le chiffre définitif <strong>des</strong> chevaliers equo publico à deux mille quatre cents. Il<br />
eut lieu, selon Cicéron, sous Tarquin l'Ancien, et Tite-Live y substitue une levée<br />
faite par Servius Tullius, de douze cents nouveaux cavaliers classés en dehors<br />
<strong>des</strong> six centuries consacrées.<br />
Ces observations nous fournissent une méthode pour apprécier, en les<br />
comparant, les récits <strong>des</strong> auteurs anciens sur l'histoire primitive de Rome. Pour<br />
déterminer cette méthode, il faut se faire une idée juste de leurs procédés de<br />
composition.<br />
Lorsqu'au siècle <strong>des</strong> guerres puniques, les premiers historiens romains1, Fabius<br />
Pictor, L. Cincius Alimentus, et tant d'autres qui ont servi de gui<strong>des</strong> aux écrivains<br />
de l'époque d'Auguste, commencèrent à recueillir les souvenirs de la vieille<br />
Rome, ils se trouvèrent comme perdus au milieu d'une forêt de récits<br />
légendaires, qui, depuis plusieurs siècles, avaient envahi le domaine inculte de<br />
l'histoire. Ce n'est pas que les monuments anciens leur fissent défaut pour s'y<br />
retrouver, et l'usage de l'écriture n'était pas aussi rare aux premiers siècles de la<br />
République, que les plaintes intéressées de Tite-Live pourraient le faire croire2.<br />
Mais les gran<strong>des</strong> Annales <strong>des</strong> Pontifes rebutaient ces écrivains par leur<br />
sécheresse, par leur partialité en faveur du patriciat3. Les annales privées<br />
avaient été remplies d'anachronismes et île faussetés, par la vanité <strong>des</strong> gran<strong>des</strong><br />
familles4. Les traités conservés depuis le temps <strong>des</strong> rois, sur la pierre ou sur le<br />
bronze, sur le bois ou sur la toile5, étaient enfermés dans les archives, ou écrits<br />
dans une langue dont quelques mots étaient déjà difficiles à comprendre, de<br />
l'aveu de Polybe, pour les plus savants de ses contemporains. Ces richesses<br />
étaient donc presque perdues, pour <strong>des</strong> écrivains qui ne pouvaient, ou ne<br />
savaient en tirer parti. Dans le lointain obscur où ils entrevoyaient l'histoire <strong>des</strong><br />
premiers temps de Rome, chacun fixait à son gré une foule de traditions, pour<br />
ainsi dire flottantes. Chaque récit formait un ensemble qui reproduisait assez<br />
fidèlement la physionomie et les traits principaux d'une période historique, niais<br />
où les détails étaient proportionnés et disposés entre eux selon le goût de<br />
1 Vitæ et fragmenta vererum historicorum romanorum, de Krause, Berlin, 1832.<br />
2 Tite-Live, VI, 1, et VII, 3.<br />
3 Sempronius Asellio, apud Gellium, V, 18. Caton, apud Gellium, II, 28. Cicéron, De<br />
legibus, I, 2.<br />
4 Tite-Live, II, 21, et VIII, 40.<br />
5 Pline l'Ancien, XXXIV, 39. Polybe, III, 22. Tite-Live, IV, 7 et 20.