HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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Toujours est-il que, jusqu'à cette réforme, les dix-huit centuries de chevaliers<br />
equo publico votaient à part, du reste de la première classe, et on annonçait<br />
séparément leur vote. Au contraire, dès les premières années de la seconde<br />
guerre punique, on ne trouve plus, dans chaque assemblée, qu'une seule<br />
centurie prérogative qui est tirée au sort1. C'est qu'entre les années 296 et 215<br />
av. J.-C. se place, vers l'an 240, une révolution politique liée à la révolution<br />
économique et monétaire que nous avons décrite. C'est dans cette révolution<br />
que les dix-huit centuries durent perdre le droit de voter au premier rang, qui<br />
passa à celle <strong>des</strong> centuries <strong>des</strong> tribus rustiques que le sort désignait. Jusque-là,<br />
les chevaliers avaient dirigé les suffrages dans l'intérêt exclusif du patriciat<br />
urbain et <strong>des</strong> sénateurs chefs de la population tout urbaine <strong>des</strong> curies.<br />
Varron disait que l'institution <strong>des</strong> centuries prérogatives avait pour but de<br />
désigner les candidats aux Romains de la campagne qui ne les connaissaient pas.<br />
Verrius Flaccus croyait que c'était plutôt le mérite pie le nom <strong>des</strong> candidats qui<br />
était indiqué au peuple par les centuries prérogatives, et qu'après leur vote, on<br />
causait de la valeur ou de l'indignité <strong>des</strong> personnes proposées, afin de faire un<br />
choix plus éclairé2. Ces deux opinions ne sont pas contradictoires. Elles<br />
s'accordent même pour présenter le vote <strong>des</strong> prérogatives, comme une direction<br />
politique exercée sur les suffrages <strong>des</strong> plébéiens de la campagne. Les six<br />
centuries équestres <strong>des</strong> Rhamnes, <strong>des</strong> Tities et <strong>des</strong> Luceres, qui représentaient le<br />
peuple <strong>des</strong> curies de la ville primitive, devaient voter les premières, et entraîner<br />
par leur décision les suffrages <strong>des</strong> douze autres centuries équestres, appelées<br />
avec elles et remplies <strong>des</strong> plébéiens amis de la noblesse3.<br />
Les chefs <strong>des</strong> trente curies, les sénateur, dont les fils remplissaient les six<br />
suffrages et qui, après l'an 400, y conservèrent eux-mêmes une place en restant<br />
chevaliers equo publico, se distinguaient encore très-fortement dans l'assemblée<br />
centuriate de la plèbe <strong>des</strong> tribus rustiques. Ces patriciens qui avaient leur<br />
domicile héréditaire dans l'enceinte sacrée du Pomœrium, ces sénateurs qui,<br />
venus peut-être de Regilli ou de Tusculum, s'étaient faits citadins de Rome, en y<br />
exerçant une magistrature curule, n'avaient admis la plèbe <strong>des</strong> gens de la<br />
campagne4 dans les centuries, qu'a condition d'exercer sur les suffrages une<br />
influence dominante. La distinction du peuple de la ville et du peuple <strong>des</strong> tribus<br />
rustiques était si marquée, que, pour Asconius, le vote <strong>des</strong> dix-huit centuries<br />
équestres formait, dans les comices consulaires, comme une élection à part qui<br />
précédait et déterminait l'élection populaire : Ç'avait été l'usage, dit-il, qu'afin<br />
1 Tite-Live, XXIV, 7 et 9, an 215 av. J.-C. XXVI, 22, an 211, et XXVII, 6, an 210 av. J.-C.<br />
Comparez Cicéron, Pro Plancio, 20, et Philip., II, 33.<br />
2 Festus, éd. de M. Egger, p. 107. Prœrogativæ centuriæ dicuntur, ut docet Varro reruin<br />
hunutuarunt, lib. VI, QUÆ RUS (QUO RUSTICI, selon la conjecture d'Orsini) Romani, qui<br />
ignorarent petitores, facitius eos animadvertere possent. Verrius probabilius judicat esse,<br />
ut, cum essent <strong>des</strong>ignati a PRÆROGATIVIS, in sermonem res veniret populi de dignis<br />
indignisve, et fierent cœteri diligentiores ad suffragia de his ferenda.<br />
3 Tite-Live, IV, 60. Quum senatus summa cesse contulisset, PRIMORES PLEBIS, NOBILIUM<br />
AMICI, ex composito conferre inci piunt…. repente certamen conferendi est ortum. An 403<br />
av. J.-C. Tite-Live fait un récit tout semblable de la contribution de l'an 210 (liv. XXVI,<br />
ch. 36). Hunc consensum senatus equester ordo est seculus ; equestris ordinis plebes.<br />
Comparez Tite-Live, I, 13. Ex primoribus civitatis DEODECIM scripsit CENTURIAS.<br />
4 Niebuhr, Histoire romaine, Ire partie, éd. Berlin, 1833, p. 616. Die alte Römische PLEBS<br />
bestand ausschiesslich aus Laadwirthen un ! Feldarbeitern. L'opposition entre le peuple<br />
primitif de la ville de Rome (populus) et la plèbe <strong>des</strong> tribus rustiques, est une <strong>des</strong> vues<br />
les plus profon<strong>des</strong> de ce grand esprit critique. Comparez Denys, II, 28, et IX, 25.