HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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2° QUE LA RÉFORME ENLEVA LE DROIT DE PRÉROGATIVE AUX<br />
CENTURIES DE <strong>CHEVALIERS</strong> EQUO PUBLICO, ET LE TRANSPORTA<br />
À UNE CENTULIE TIRÉE AU SORT, PARMI CELLES <strong>DES</strong> JEUNES<br />
<strong>CHEVALIERS</strong> EQUO PRIVATO <strong>DES</strong> TRIBUS RUSTIQUES.<br />
Mais ce fut surtout le changement dans le droit de prérogative qui diminua<br />
l'influence de la noblesse sur l'assemblée centuriate. Jusqu'après 296 av. J.-C.1,<br />
les dix-huit centuries de chevaliers equo publico étaient appelées les premières,<br />
et parmi elles, les six centuries sénatoriales étaient nommées plus<br />
particulièrement les prérogatives. Leur choix désignait les candidats aux Romains<br />
de la campagne qui ne les connaissaient pas, et décidait presque toujours le<br />
résultat de l'élection. La réforme, qui se fit vers l'an 240 av. J.-C., avait au<br />
contraire pour but de faire passer la prédominance aux plébéiens de la<br />
campagne. C'est parmi les centuries <strong>des</strong> trente-et-une tribus rustiques, dont les<br />
noms étaient déposés dans une urne (sitella ou cistella), que l'on tirait au sort la<br />
prérogative unique chargée désormais de la direction <strong>des</strong> suffrages2. Les tribus<br />
urbaines qui, dans les premiers siècles de la République étaient les plus<br />
considérées, puisque l'usage se conserva de les faire voter les premières3,<br />
tombèrent alors dans le mépris pour deux causes : d'abord, on n'y prenait jamais<br />
la centurie prérogative, et l'on voit en 204 av. J.-C., un censeur patricien, C.<br />
Claudius, inscrit au nombre <strong>des</strong> citoyens de la dernière <strong>des</strong> tribus rustiques,<br />
l'Arniensis4 ; en second lien, les tribus urbaines se remplissaient peu à peu<br />
d'affranchis et de gens sans aveu. Depuis l'an 302 av. J.-C., les censeurs avaient<br />
l'habitude d'y jeter en masse tout ce qu'il y avait de plus méprisé dans la<br />
population romaine. A la fin, les nobles, les riches et les honnêtes gens rougirent<br />
d'être, mêlés à cette populace, et ils se furent inscrire sur les listes <strong>des</strong> tribus<br />
rustiques, bien plus pour se distinguer de la plèbe urbaine, que pour honorer le<br />
travail <strong>des</strong> champs5. Le droit de voter en tête de l'assemblée centuriate était<br />
naturellement réservé à lune <strong>des</strong> centuries <strong>des</strong> tribus rustiques qui seules<br />
découvrir la trace de cette seconde révolution, à l'année 179 av. J.-C., dans ce passage<br />
de Tite-Live (XL, ch. 51). Censores M. Æmilius Lepidos et M. Fulcius mutarunt suffragia ;<br />
regionatimque gentribus homimam, causis et quastibus tribus <strong>des</strong>cripserunt. Dans ce<br />
passage obscur, Tite-Live ne parle point <strong>des</strong> classes, et il semble plutôt indiquer que les<br />
hommes <strong>des</strong> petits métiers furent inscrits comme citoyens <strong>des</strong> tribus. C'est ce que ferait<br />
croire la réaction violente de 169 av. J.-C. (Tite-Live, XLV, 15) où Sempronius Gracchus<br />
refoula tous les affranchis dans la tribu Esquiline. D'ailleurs la fusion complète de<br />
l'assemblée <strong>des</strong> tribus et de celle <strong>des</strong> centuries n'a jamais pu s'opérer, puisque les ærarii<br />
étaient dans les tribus et non dans l'assemblée centuriate. La prérogative étant toujours<br />
une centurie <strong>des</strong> jeunes gens de la première classe, il suffisait, pour la déterminer, de<br />
tirer au sort la tribu qui la fournirait et lui donnerait son nom. Cette tribu s'appelait pour<br />
cela prérogative, même dans l'assemblée où l'on ne votait pas par tribus.<br />
1 Tite-Live, X, 22.<br />
2 Les prérogatives nommées par Tite-Live sont : l'Aniensis juniorum (XXIV, 7 et 8, an<br />
215 av. J.-C.), la Veturia juniorum (XXVI, 22, an 211 av. J.-C.), et la Galeria juniorum<br />
(XXVII, 6, an 210).<br />
3 La tribu Romilia, la première <strong>des</strong> tribus rustiques, était pour cela nommée la<br />
cinquième, quinta.<br />
4 Tite-Live, XXIX, 37.<br />
5 Pline, Histoire naturelle, XVIII, 3. L'explication de Pline est plus édifiante que juste. Au<br />
temps où Cincinnatus labourait son champ au pied du Vatican, c'étaient les tribus<br />
urbaines qui étaient le plus considérées. La préférence donnée aux tribus rustiques ne<br />
date que du triomphe politique de la plèbe <strong>des</strong> campagnes.