HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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montre que le prix du cheval, qu'il rappelle incidemment, était en usage dans les<br />
temps anciens. Mille as d'une livre romaine, ou 327 kilogrammes 180 grammes<br />
de cuivre1, devaient, en effet, être le prix d'un bon cheval de guerre. Aujourd'hui<br />
(août 1865), le cuivre fui avant la valeur de 245 francs les 100 kilogrammes, la<br />
quantité de métal qui composait primitivement l'æs equestre, se vendrait 800<br />
francs, prix actuel d'un cheval de cavalerie2.<br />
L'æs equestre de dix mille as qui est indiqué dans Tite-Live3, ne peut se<br />
composer d'as d'Une livre romaine (lit raies). Car, à ce compte, un cheval aurait<br />
valu 3.271 kilogrammes 800 grammes de cuivre, qui se vendraient, en 1865,<br />
plus de 8.000 francs ; et la subvention payée par l'État, pour l'achat de 2.400<br />
equi publici, eût été de 7.852.320 kilogrammes de cuivre, qui coûteraient<br />
aujourd'hui 19.238.184 fr. Un tel prix serait exorbitant, et la richesse d'un État<br />
qui, sous Servius, ne comptait que 80.000 hommes en état de porter les armes,<br />
ne permettait pas de si fortes dépenses.<br />
Il est évident que l'æs equestre de dix mille as, est l'équivalent de mille<br />
drachmes ou deniers4 d'argent, de l'époque de la seconde guerre punique. Tite-<br />
Live, en écrivant les chapitres XLIII et XLIV de son livre premier, avait sous les<br />
yeux les Annales de Fabius Pictor. Ce vieil historien, contemporain et ami de<br />
Fabius le temporiseur, avait employé la langue grecque5 ; et il devait, selon<br />
l'usage de son temps, exprimer en drachmes, les valeurs monétaires. Or, Pline<br />
nous apprend6 que, lorsqu'en 218 av. J.-C., le Sénat fit faire <strong>des</strong> as d'une once<br />
de cuivre, il ordonna que, dans le commerce, la drachme, ou denier d'argent. fût<br />
donnée pour seize as nouveaux, mais que l'on continuât à payer la solde en as<br />
anciens de deux onces (sextantarii), en donnant un denier pour dix as.<br />
La solde, en effet, à la fin <strong>des</strong> guerres puniques, s'appréciait en as, mais se<br />
payait en deniers d'argent ou drachmes7. Il devait en être de même de l'æs<br />
equestre. Tite-Live a trouvé dans Fabius Pictor, le chiffre de mille drachmes pour<br />
l'æs equestre, et il l'a traduit par dix mille as, comme eût fait un questeur<br />
militaire.<br />
Mille drachmes, dont chacune8 pesait 3 grammes 88 centigrammes d'argent fin,<br />
vaudraient aujourd'hui 852 francs 22 centimes, et c'est un prix un peu plus élevé<br />
1 La livre romaine était, selon M. Letronne, Considérations générales sur l'évaluation <strong>des</strong><br />
monnaies grecques et romaines, de 327 grammes 18 centigrammes ; selon M. Guérard,<br />
Proleg. au polyptique d'Irminon, de 326 grammes ; et, selon M. Mommsen, Histoire<br />
Romaine, de 327 grammes 46 centigrammes.<br />
2 La valeur relative du cuivre à l'argent est aujourd'hui de 1/100 ; elle était de 1/142 au<br />
temps <strong>des</strong> guerres puniques. 327 kilogrammes de cuivre auraient valu, au temps<br />
d'Annibal, seulement 519 francs.<br />
3 Tite-Live, I, 43.<br />
4 Pline, Hist. nat., liv. XXI, ch. 109, n° 34. Drachma Attica denarii argentei habet<br />
pondus. Comparez Celse, V, 17.<br />
5 Denys, I, 6.<br />
6 Pline, Hist. nat., XXXIII, 13.<br />
7 Polybe, I, 39, n° 12. La solde du fantassin était de 1.200 as, qui se payaient par 120<br />
drachmes d'argent.<br />
8 Letronne, Considérations générales sur l'évaluation <strong>des</strong> monnaies grecques el<br />
romaines, 1817, Conclusions. La drachme ou le denier est évaluée à un peu plus de 73<br />
grains ½ d'argent fin. Il y avait un peu plus de 85 drachmes dans la livre romaine de 327<br />
grammes ou de 6,154 grains.