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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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chiffre XVI. Le premier chiffre indique la valeur du denier dans tous les comptes<br />

officiels et même, comme nous le verrons bientôt, dans le texte <strong>des</strong> lois. Le<br />

second indique sa valeur en as usuels d'une once ou d'une demi-once.<br />

Mais, si la traduction que fait Denys de cent mille as par cent mines ou dix mille<br />

drachmes est conforme à un usage du troisième siècle av. J.-C., maintenu<br />

malgré les changements monétaires dans tous les registres publics par le<br />

sénatus-consulte de l'an 217 av. J.-C. ; elle n'en est pas moins doublement<br />

inexacte. Elle contient une erreur de fait : car elle suppose qu'au temps de<br />

Servius on se servait à Rome <strong>des</strong> mêmes monnaies d'argent qu'à Athènes1,<br />

quand Pline nous affirme qu'on n'y connaissait aucune pièce d'argent, et quand<br />

Tite-Live, dans toute sa première décade, ne mentionne presque jamais l'emploi<br />

d'une monnaie autre que l'æs grave composé d'as d'une livre de cuivre2. Elle<br />

contient aussi une erreur d'évaluation : car, en admettant que les monnaies<br />

d'Athènes auraient eu cours dans la Rome <strong>des</strong> derniers rois concurremment avec<br />

les as d'une livre de cuivre, la drachme, qui après la première guerre punique<br />

valait dix as de deux onces, n'aurait pas valu dix as d'une livre sous le règne de<br />

Servius. Faut-il préférer l'autorité de Denys à celle de Pline, et croire, avec la<br />

plupart <strong>des</strong> savants de l'Allemagne, que le chiffre de cent mille as n'est pas celui<br />

du cens de la première classe sous Servius ; niais qu'il représente cent mille as<br />

de deux onces du temps <strong>des</strong> guerres puniques, et que, par conséquent, Denys<br />

aurait eu raison de traduire cent mille as par cent mi-ries ? Il vaut mieux<br />

reconnaître l'ignorance évidente de l'écrivain grec sur tout ce qui concerne<br />

l'histoire <strong>des</strong> monnaies romaines, que d'imputer à Pline, qui a fait cette histoire<br />

avec tant de précision, une erreur si difficile à comprendre. Denys trouvait<br />

l'usage établi depuis deux siècles dans l'administration romaine de traduire dix as<br />

par une drachme, et il suivait l'usage. Il ne s'inquiétait pas de savoir si les as du<br />

cens de Servius étaient de deux onces ou d'une livre, parce qu'il n'avait aucune<br />

idée de cette distinction ; et il était conforme à son système d'assimilation entre<br />

les Grecs et les Romains de mettre les monnaies athéniennes entre les mains <strong>des</strong><br />

contemporains de Brutus3.<br />

Tite-Live4 fixe à cent mille as le cens de la première classe au temps de Servius,<br />

et nous avons démontré1 que c'était le même qu'il appelle, à l'an 400 av. J.-C.,<br />

1 Sur les premières monnaies d'argent de Rome, voir la note I, au livre II, à la fin du<br />

volume.<br />

2 Tite Live, an 403, liv. IV, ch. 60. Dans une contribution volontaire du Sénat, l'æs grave<br />

est entassé sur <strong>des</strong> chariots : Quia nondum argentum stgnatum erat, æs grave plauslris<br />

convehentes. Tite-Live (I, 53) cite l'emploi fait par Tarquin-le-Superbe de quarante<br />

talents d'argent et d'or pour la construction du nouveau Capitole. Mais ce chiffre est<br />

emprunté par Tite-Live à Fabius Pictor, écrivain latin, qui avait employé la langue<br />

grecque et traduit, comme Denys, les sommes marquées en as anciens par <strong>des</strong> mots<br />

grecs (Tite-Live, I, 53). C'est le même Fabius Pictor qui, par respect pour la beauté de la<br />

langue grecque, a traduit le nom <strong>des</strong> 26 pagi de la campagne de Servius par le mot grec<br />

φυλαί. Les philhellènes de l'époque <strong>des</strong> Scipions écrivaient l'histoire de Rome en grec<br />

avec la même élégance inexacte qu'on retrouve dans les cicéroniens du XVIe siècle,<br />

parlant en latin <strong>des</strong> choses de leur temps.<br />

3 Denys (VII, 71) dit qu'après la bataille du lac Régine, le Sénat ordonna de dépenser<br />

chaque almée cinq cents mines d'argent pour les fêtes du 15 juillet, et qu'on dépensa<br />

cette somme tous les ans, jusqu'il la guerre punique. Or Pline (XXXIII 13) et Tite-Live<br />

(Ep. XV) s'accordent à dire que, jusqu'après la guerre de Pyrrhus, les Romains ne se<br />

servirent pas d'argent.<br />

4 Tite-Live, I, 43.

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