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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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un signe de la volonté <strong>des</strong> dieux (omen). Il entraînait presque toujours celui <strong>des</strong><br />

douze autres centuries équestres. Le vote <strong>des</strong> dix-huit centuries était annoncé à<br />

l'assemblée, et les quatre-vingts centuries îles fantassins de la première classe,<br />

qui étaient ensuite appelées par le héraut, refusaient rarement d'y adhérer. A<br />

quoi bon choisir d'autres consuls que ceux que le vote <strong>des</strong> six prérogatives avait<br />

désignés à la plèbe de la campagne, comme les candidats préférés du Sénat ?<br />

Les sénateurs n'avaient-ils pas le droit, ou de faire annuler une élection qui leur<br />

aurait déplu, pour le moindre vice de forme dans la cérémonie augurale, ou de la<br />

faire casser par l'assemblée curiate qu'ils dirigeaient ?<br />

Les 99 centuries de la première classe ayant voté d'accord, ce qui arrivait<br />

presque toujours, la majorité légale était formée, et rarement, nous dit Tite-Live,<br />

on consultait la seconde classe. Pour décourager toute tentative d'opposition, le<br />

sénat avait encore trouvé un procédé politique plus efficace : au lieu de diriger<br />

les votes <strong>des</strong> plébéiens de la campagne, il s'en passait. Les jours de ceux où les<br />

hommes <strong>des</strong> tribus rustiques se réunissaient à Rome, avaient été déclarés<br />

néfastes1 par les augures patriciens. Cette loi qui dura jusqu'à l'an 286 avant<br />

Jésus-Christ, on la justifiait par un beau prétexte : c'est qu'on aurait craint de<br />

déranger de leurs affaires, par une convocation politique, les paysans qui<br />

venaient vendre leurs denrées au marché. On espérait qu'ils se dérangeraient<br />

encore moins de leurs travaux pendant la semaine, et que l'assemblée, oit ils<br />

étaient convoqués pour la forme, se tiendrait en l'absence de la plupart d'entre<br />

eux. Aussi les plébéiens de la campagne s'abstinrent-ils souvent2 de venir figurer<br />

au Champ-de-Mars, dans <strong>des</strong> assemblées oit leur concours était jugé si peu<br />

nécessaire, et on, pour les quatre cinquièmes d'entre eux, tout était, décidé,<br />

avant que leur tour de voter fût venu. Ils laissaient alors les patriciens et leurs<br />

clients, c'est-à-dire les hommes de la ville, arranger entre eux comme ils<br />

l'entendraient, les élections <strong>des</strong> consuls.<br />

Telle était la constitution, qu'on a souvent représentée comme un progrès de la<br />

démocratie dans Rome, et dont on a voulu, bien à tort, faire honneur au roi<br />

populaire Servius Tullius. Denys y voit au contraire un stratagème habile pour<br />

tromper la plèbe sur sa nullité réelle. Mais les hommes ne s'attachent guère<br />

qu'aux droits sérieux. Il est difficile de leur persuader qu'ils ont de la puissance,<br />

quand ils n'en ont pas. L'indifférence politique, ou la demande de droits<br />

nouveaux, étaient les seules réponses possibles aux promesses mensongères de<br />

la constitution aristocratique de 509 avant Jésus-Christ. Cicéron, qui la juge en<br />

homme d'état, disait à son frère Quintus, pour lui faire comprendre la nécessité<br />

de l'établissement du tribunat de la plèbe : Ou il ne fallait pas chasser les rois, ou<br />

il fallait donner à la plèbe une liberté réelle, et non pas nominale3.<br />

Nous avons essayé de ressaisir le sens de cette révolution de 493 avant Jésus-<br />

Christ, d'où sortit le tribunat de la plèbe, d'en retrouver la couleur vraie et<br />

vivante, altérée par les retouches peu adroites de la rhétorique de Tite-Live et de<br />

Denys d'Halicarnasse. Des fragments du récit primitif qu'ils ont noyés dans leurs<br />

développements oratoires, et surtout les indications de Pison, de Salluste et de<br />

1 La distinction <strong>des</strong> jours fastes et <strong>des</strong> jours de comices n'est établie qu'en l'an 136 avant<br />

Jésus Christ, par la loi Fufia ou Fusia. Auparavant l'action politique, aussi bien que<br />

l'action judiciaire, était interdite pendant les jours néfastes.<br />

2 Tite-Live, II, 64 : Irata plebs interesse consularibus comitiis noluit ; per patres<br />

clientesque patrum consules creati T. Quinctius et Q. Seruilius.<br />

3 Cicéron, De Legibus, III, 10 : Quamobrem aut exigendi reges non fuerunt, aut plebi re,<br />

non verbo, danda libertas.

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