HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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Mais l'assemblée centuriate, le populus proprement dit, ne comprenait que cinq<br />
classes1. Or, les curies contenaient, dès les premiers siècles de Rome, les<br />
pauvres clients de la plèbe urbaine, c'est-a-dire les Ærarii ou Cœrites2, qui<br />
formaient la sixième classe. Le nom de Cœrites n'est autre chose qu'une forme<br />
ancienne de celui de Curites ou Quirites3, et signifie hommes <strong>des</strong> curies qui ne<br />
font pas partie du populus proprement dit. Lorsqu'après la première guerre<br />
punique, le prêtre romain prononçait la formule pro populo Romano Quiritibusque<br />
ou Cœritibusque, il priait pour les citoyens <strong>des</strong> cinq classes de l'assemblée<br />
centuriate, et pour les hommes <strong>des</strong> curies ou Cœrites de la sixième classe.<br />
Aulu-Gelle4 a, selon son habitude, obscurci cette question par une explication<br />
fausse. Il prétend que les habitants de Cære furent les premiers qui, pour prix de<br />
l'hospitalité donnée aux vestales pendant l'invasion gauloise, reçurent le droit de<br />
cité sans suffrage ; et que, pour cette raison, on appela tables <strong>des</strong> &rites, celles<br />
où les censeurs inscrivaient ceux qu'ils privaient du droit de voter.<br />
Tout est faux dans cette explication étymologique. Les habitants de Cære, qui<br />
s'appelaient Cœretes et non Cœrites, reçurent en 387 av. J.-C., non le titre de<br />
citoyens sans suffrage, mais celui d'hôtes du peuple Romain5 qui était exclusif du<br />
droit de cité6. D'ailleurs les Cœrites ou Ærarii n'étaient point privés du droit de<br />
suffrage, ni mis en dehors <strong>des</strong> trente-cinq tribus. Un censeur n'aurait pas eu le<br />
droit de priver le moindre citoyen de cette garantie de sa liberté7. Ils étaient<br />
seulement mis en dehors <strong>des</strong> cinq classes de l'assemblée centuriate, on du<br />
populus proprement dit, pour être rangés dans la sixième classe, qui ne votait<br />
que dans l'assemblée (les tribus. Au contraire, les citoyens sans droit de suffrage<br />
ne votaient dans aucune assemblée, et n'étaient inscrits dans aucune tribu que<br />
lorsque le droit de suffrage leur était accordé8. Les Cœrites ne peuvent donc être<br />
confondus avec les citoyens sans droit, de suffrage, pas plus qu'ils ne portaient le<br />
nom <strong>des</strong> habitants de Cære. C'étaient les Quirites de la sixième classe qui, après<br />
la révolution monétaire du temps de la première, guerre punique, possédaient<br />
moins de cent vingt-cinq mille as, ou de cinquante mille sesterces de fortune.<br />
On aperçoit les différences qui séparèrent toujours l'assemblée centuriate de<br />
celle <strong>des</strong> tribus, même lorsque les tribus furent divisées en centuries. 1° Dans la<br />
première, on appelait toujours les citoyens par classes, de sorte que les riches<br />
votaient toujours les premiers et les trois premières classes pouvaient former la<br />
majorité. Au contraire, dans l'assemblée <strong>des</strong> tribus, on ne tenait pas compte <strong>des</strong><br />
différences de fortune, et le plus pauvre citoyen avait dans sa tribu une voix<br />
comme le plus riche. 2° De plus dans l'assemblée centuriate étaient admis<br />
seulement les hommes <strong>des</strong> cinq premières classes, appelés Classici, qui avaient<br />
au moins cent vingt cinq mille as de fortune, tandis que, dans les tribus, votaient<br />
aussi les Ærarii ou Cœrites qui pouvaient ne posséder que cinquante mille as. 3°<br />
Dans la première classe de l'assemblée centuriate, les chevaliers equo privato<br />
1 Tite-Live, III, 30. C. Tubéron, dans Aulu-Gelle, X, 28.<br />
2 L'identité <strong>des</strong> Ærarii et <strong>des</strong> Cœrites est attestée par Asconius, In divinatione, III, s. v.<br />
Etiam censorium nomen.<br />
3 On disait, de même cœrator pour curator, mœnia pour mania, œnus pour anus, fossa<br />
Clœlia pour fossa Cluilia (Cicéron, De legibus, III, 3 et 4. Aulu-Gelle, IV, 2, et XV, 11).<br />
4 Aulu-Gelle, XVI, 13, n° 7.<br />
5 Tite-Live, V, 50.<br />
6 Mommsen, Rœmiche Forschungen, S. 331.<br />
7 Tite-Live, XLV, 15.<br />
8 Tite-Live, XXXVIII, 36.