28.04.2014 Views

HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

anciens tribuns militaires1. Peut-on supposer que cette amende eût été égale à<br />

la valeur totale d'une fortune de la première classe ?<br />

L'invraisemblance de la supposition devient encore plus forte, si l'on remarque<br />

qU'en l'an 416 av. J.-C.2, deux dénonciateurs reçurent, par ordre du Sénat, dix<br />

mille as d'une livre. Le Sénat eût-il récompensé un service de ce genre, par le<br />

don d'une fortune de première classe ? Il est vrai que Tite-Live dit qu'à cette<br />

époque on était riche avec dix mille as. Mais Tite-Live, comme tous les écrivains<br />

du siècle d'Auguste, se plaît à opposer la pauvreté <strong>des</strong> temps anciens à la<br />

richesse de la Rome impériale ; c'est aussi le thème favori que développent. Pline<br />

et Juvénal. Il y a dans l'expression de l'historien Quæ tum divitiæ erant, une<br />

légère exagération <strong>des</strong>tinée à augmenter l'effet du contraste. Mais, si l'on voulait<br />

prendre l'expression dans le sens littéral, elle pourrait encore se justifier, sans<br />

qu'il fût besoin de l'appliquer à une fortune de première classe. Le Sénat avait à<br />

récompenser en l'an 416 av. J.-C. deux esclaves qui avaient révélé un complot<br />

d'esclaves. Leur donner dix mille as avec la liberté, c'était les enrichir assez, si ce<br />

don les plaçait, sur les registres <strong>des</strong> censeurs, immédiatement au-<strong>des</strong>sous <strong>des</strong><br />

citoyens de la cinquième classe. C'eût été exagérer la récompense jusqu'au<br />

scandale, si la munificence publique avait classé deux esclaves dénonciateurs<br />

parmi les premiers citoyens de Rome, dans la classe qui, seize ans plus tard,<br />

fournit les chevaliers equo privato. En 186 av. J.-C., une courtisane assez<br />

connue3, Hispala Fecenia, ancienne esclave, reçoit par ordre chi Sénat, cent mille<br />

as de deux onces, c'est-à-dire dix mille drachmes, pour avoir dénoncé les<br />

bacchanales. Ce dernier chiffre fait bien voir, comme M. Zumpt l'admet, que les<br />

valeurs exprimées en as avaient décuplé entre 416 et 186 av. J.-C. Mais le<br />

métier de la personne à qui la récompense est donnée, montre que cent mille as<br />

n'étaient pas la fortune d'un citoyen de la première classe, au temps <strong>des</strong> guerres<br />

puniques4, pas plus que dix mille as ne l'étaient auparavant.<br />

Ainsi, l'hypothèse de M. Zumpt, qui porte à cent mille as de deux onces la<br />

fortune de la première classe au temps d'Annibal, et qui la réduit à dix mille as<br />

d'une livre au temps de Servius, a pour point de départ une erreur démontrée, et<br />

aboutit à plusieurs conséquences inconciliables avec <strong>des</strong> faits certains.<br />

1 Tite-Live, V, 12. En 475 av. J.-C., une amende de deux mille as était modérée (Tite-<br />

Live, II, 52). La loi de Licinius Stolon (365 av. J.-C.) fixait à dix mille as l'amende de celui<br />

qui aurait mille jugères de terres publiques (Tite-Live, VII, 16).<br />

2 Tite-Live, IV, 45. Indicibus dena millia æris gravis, quæ tum divitiæ habebantur, ex<br />

ærario numerata.<br />

3 Tite Live, XXXIX, 9. Scortum nobile libertina Hispala Fecenia. Comparez, Ibid., 19.<br />

Postumio referente de P. Æbutii et Hispalœ Feceniœ prœmio senatus-consultum factum<br />

est : ut singulis his centena millia æris quæstores urbani ex ærario darent.<br />

4 Vers le même temps, en 181 av. J.-C., Caton le Censeur assujettit au tribut la valeur<br />

<strong>des</strong> voitures et de la toilette <strong>des</strong> daines, lorsque cette valeur dépassait quinze mille as,<br />

c'est-à-dire quinze cents drachmes (1.300 francs). Est-il possible de croire qu'à une<br />

époque où une dame romaine pouvait, sans scandaliser Caton, mettre treize cents francs<br />

à sa voiture ou à sa toilette, le prix total d'une fortune de la première classe fin estimé<br />

seulement 100.000 as, c'est-à-dire 10.000 drachmes ou 8.620 francs ? A la même<br />

époque, certains esclaves de moins de vingt ans, s'achetaient plus de dix mille as. Tite-<br />

Live, XXXIX, 11. Comparer Plutarque, Vie de Caton l'Ancien, ch. XVIII.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!