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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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curies de la ville, les tribuns n'étaient pas admis au sénat, c'est-à-dire dans<br />

l'assemblée <strong>des</strong> trois cents chefs du peuple quiritaire. Ils restaient, comme<br />

étrangers à la ville, dans le vestibule de la curie. Leur admission au nombre <strong>des</strong><br />

sénateurs est le signe de cette fusion du peuple de la ville et de la plèbe de la<br />

campagne, qui eut lieu seulement vers l'an 240 avant Jésus-Christ.<br />

Si l'on se figurait la plèbe rustique unie, avant cette époque, avec le peuple de la<br />

ville par les liens indissolubles de la nationalité politique, un grand nombre de<br />

faits <strong>des</strong> premiers siècles de la république deviendraient incompréhensibles. Les<br />

secessions, qu'on a improprement appelées retraites de la plèbe, ne présentent<br />

qu'une série d'invraisemblances ou d'impossibilités, si l'on y veut voir <strong>des</strong><br />

émigrations périodiques d'un peuple tout entier quittant ses maisons de la ville<br />

ou ses maisons <strong>des</strong> champs, pour aller séjourner inutilement sur une montagne.<br />

Pour avoir raison d'une démonstration politique aussi peu sensée, le Sénat<br />

n'aurait eu qu'à laisser agir la faim, l'ennui, les privations qui eussent ramené<br />

plus sûrement les émigrants à leurs foyers que l'éloquence de Menenius Agrippa.<br />

Mais les secessions étaient tout autrement redoutables. C'était la menace du<br />

peuple de la campagne de se séparer de la ville, et de transporter le marché <strong>des</strong><br />

Nundines autre part qu'au Forum. Le mont Sacré, l'Aventin, le Janicule furent<br />

successivement désignés pour remplacer Rome comme centre commercial de la<br />

région agricole que les plébéiens cultivaient et les patriciens, réduits par une<br />

sorte de blocus, durent, pour ramener chez eux les convois de blé et les<br />

agriculteurs, garantir les plébéiens contre la violence <strong>des</strong> usuriers de la ville par<br />

un sauf-conduit général et permanent, qui fut la puissance tribunitienne. C'est<br />

pour cela que les tribuns de la plèbe se faisaient seconder dans leurs fonctions<br />

par les édiles, c'est-à-dire par les inspecteurs du marché. Les secessions furent<br />

possibles jusqu'à la réforme de l'an 240 avant Jésus-Christ, qui unit intimement<br />

la plèbe et le patricial, la campagne et la ville ; et nous trouvons une dernière<br />

sécession de la plèbe au Janicule en 286 avant Jésus-Christ. C'est jusqu'à cette<br />

même année de la dictature d'Hortensius que les patriciens refusèrent<br />

obéissance aux plébiscites et aux tribuns, parce qu'ils ne votaient pas les uns et<br />

n'élisaient pas les autres. Il faut donc croire que jusqu'au milieu du troisième<br />

siècle avant Jésus-Christ, il y avait dans l'État romain deux peuples en un, ou<br />

plutôt deux zones de populations concentriques. La population de la zone<br />

extérieure, c'est-à-dire les plébéiens de la campagne, avaient au milieu de la<br />

zone intérieure, au centre de la ville, une enclave oui, les jours d'assemblée ils<br />

exerçaient une souveraineté exclusive : c'était le marché ou Forum sur lequel ils<br />

venaient, les jours de nundines, vendre les produits de leurs champs. L'union<br />

nationale <strong>des</strong> populations de ces deux zones n'avait rien de définitif tant que<br />

chacune d'elles eut ses lois et ses magistrats particuliers, et Rome, jusqu'à la fin<br />

de la première guerre punique, fut menacée, par représailles de la cruauté de<br />

ses patriciens, d'un véritable schisme <strong>des</strong> tribus rustiques.<br />

Il est vrai que Niebuhr fait cesser la dualité de la plèbe rustique et du peuple de<br />

la ville à l'époque de la loi <strong>des</strong> Douze Tables, c'est-à-dire deux siècles trop tôt, et<br />

il a cru que ces deux éléments s'étaient combinés sous l'influence d'une même<br />

législation ; niais, quelle que soit la valeur de cet aperçu, en ce qui concerne la<br />

vie civile <strong>des</strong> Romains, il est certain que la dualité politique subsista jusqu'à la<br />

grande réforme <strong>des</strong> assemblées par centuries et par tribus, qui coïncide, comme<br />

nous le montrerons, avec la révolution économique et monétaire de la fin de la<br />

première guerre punique. Dire que Niebuhr a manqué non de génie ni de<br />

prudence, mais de logique et de hardiesse, c'est une assertion qui, au premier<br />

abord, peut sembler étrange ; mais nous prions qu'on ne la condamne point

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