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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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Servius il y ait eu 89 centuries dans la première classe. Il y en avait 98, comme<br />

le témoignent Tite-Live et Denys, et elles se partageaient en 80 centuries de<br />

fantassins et 18 de chevaliers. Pour mettre le langage de Cicéron d'accord avec<br />

la vérité historique, on a fait subir au texte <strong>des</strong> changements de plusieurs sortes.<br />

Mais ils sont tous condamnés d'avance par leur inutilité. Quand meulé on<br />

parviendrait, en substituant un texte imaginaire au texte réel, à faire dire à<br />

Cicéron ce qu'il n'a point dit, à quoi réussirait-on ? A rendre inintelligibles les<br />

deux premières phrases du même fragment, qui ne s'expliquent pas, si l'on<br />

suppose que Cicéron n'a pas commis l'erreur que l'on veut corriger. S'il n'a pu<br />

oublier un instant que la première classe de Servius comprenait 80 centuries de<br />

fantassins et 18 de chevaliers, que voudrait-il dire en parlant de ce grand<br />

nombre de chevaliers, pris par Servius dans toutes les tribus, et qui n'étaient, ni<br />

<strong>des</strong> dix-huit centuries, ni <strong>des</strong> cinq dernières classes ?<br />

L'erreur de Cicéron est la même dans les deux passages du fragment, et, loin de<br />

nous en plaindre, il faut en faire notre profit. L'homme d'État qui parle d'histoire<br />

a quelquefois <strong>des</strong> préoccupations plus intéressantes que son sujet, et il est<br />

heureux que Cicéron ait, par inadvertance, antidaté une partie de la constitution<br />

de son temps : sans cela nous la connaîtrions mal. Denys a assisté sous Auguste.<br />

aux réunions <strong>des</strong> assemblées centuriates. Il a vu le jeu de la constitution que<br />

Cicéron avait pratiquée, et il ne l'a pas compris. Il en est revenu avec<br />

l'étonnement d'un érudit, que la vue <strong>des</strong> choses présentes embarrasse, parce<br />

qu'elles ne sont plus d'accord avec les livres anciens qu'il connaît1. Pour Cicéron,<br />

c'était tout le contraire. Le sentiment si vif qu'il avait de la réalité contemporaine<br />

lui faisait quelquefois oublier le passé ; et ce qu'il a écrit au livre II de la<br />

République sur la constitution de Servius, n'a plus rien d'obscur, si l'on reconnaît<br />

qu'il a mis dans la première classe de l'époque <strong>des</strong> rois ce qu'elle contenait de<br />

son temps : 18 centuries de chevaliers equo publico et 70 centuries de chevaliers<br />

equo privato2.<br />

Nous arrivons donc avec Cicéron au même résultat où nous ont conduit Tite-<br />

Live3 et Salluste4 : à l'identification de la chevalerie romaine avec la première<br />

classe de citoyens, depuis la fin du premier siècle de la République.<br />

Cette vérité historique a tant de conséquences, qu'à cause <strong>des</strong> doutes qu'on<br />

pourrait élever à tort sur l'authenticité <strong>des</strong> lettres de Salluste ou sur le sens du<br />

passage de la République de Cicéron, nous allons la déduire directement du<br />

langage <strong>des</strong> auteurs latins.<br />

Tous les écrivains de l'antiquité, lorsqu'ils parlent <strong>des</strong> derniers siècles de la<br />

République, opposent le nom de plèbe (plebs), détourné de son sens primitif, à<br />

1 Denys, IV, 21, fin.<br />

2 M. Peter, dans son excellent livre intitulé : Epochen der Verfassangsgeschichte der<br />

Römischen Rep., S. 66 (Leipzig, 1841), avait commencé l'explication du second passage<br />

du fragment de la République, II, 22, en reconnaissant que Cicéron mettait par<br />

anachronisme 70 centuries dans la première classe de Servius. Nous l'avons achevée en<br />

établissait l'identité ces 70 centuries avec les chevaliers equo privato du temps de<br />

Cicéron : ce qui fait comprendre aussi le premier passage du même fragment jusqu'ici<br />

inexpliqué.<br />

3 Tite-Live, V. 7.<br />

4 Salustrii epist. ad Cæsarem, I, 7 et 12.

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