HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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avaient assez d'autorité morale pour l'exercer. La prérogative semble aussi avoir<br />
toujours été une centurie de jeunes gens. Cette préférence donnée à la jeunesse<br />
sur l'âge mûr vient de l'idée qu'on se faisait alors de l'inspiration divine. Le<br />
premier vote était considéré comme l'expression de la volonté <strong>des</strong> dieux (omen) ;<br />
et la jeunesse, plus passionnée et moins réfléchie que l'âge mûr, semblait, par là<br />
même, plus rapprochée de cette nature primitive que l'instinct devine, et que la<br />
raison ne comprend pas. Aux yeux de tous les peuples de l'antiquité, les oiseaux,<br />
les enfants, les femmes, Sibylles de la Grèce ou prophétesses germaniques, tous<br />
les êtres en qui le raisonnement humain n'avait pas fait taire les voix naïves de<br />
l'instinct, paraissaient animés du souffle prophétique refusé à l'intelligence virile.<br />
Quoi d'étonnant que, pour un vote, qui devait être interprété comme un présage<br />
et auquel les Romains se soumettaient religieusement comme à un oracle1, les<br />
jeunes gens fussent préférés aux vieillards ? N'était-il pas vraisemblable que<br />
l'age n'aurait pas éteint en eux toute étincelle de l'esprit divin, et qu'ils auraient<br />
encore quelque chose du don mystérieux de pressentir les secrets de l'avenir ?<br />
Enfin, quoique rien ne le prouve directement, tout fait supposer que la centurie<br />
prérogative était toujours une de celles de la première classe.<br />
Cette classe riche, qui fut toujours appelée la première à voter, n'eût pas souffert<br />
que le hasard pût attribuer à une centurie de la cinquième classe, l'immense<br />
autorité de la prérogative ; et ce fut C. Gracchus qui le premier demanda que les<br />
noms <strong>des</strong> centuries <strong>des</strong> cinq classes fussent mêlés et que le héraut les appelât<br />
dans l'ordre où le sort les désignerait2. La prérogative était donc toujours une<br />
centurie de la première classe, c'est-à-dire qu'elle était composée de chevaliers<br />
equo privato.<br />
Lorsque l'on tirait au sort un <strong>des</strong> noms <strong>des</strong> trente-et-une tribus rustiques, si celui<br />
de la Veturia sortait de l'urne, la centurie <strong>des</strong> jeunes gens de la première classe<br />
de cette tribu était par la désignée pour voter avant les autres ; et on l'appelait<br />
Veturia juniorum.<br />
3° NOUVELLE MANIÈRE DE VOTER <strong>DES</strong> DIX-HUIT CENTURIES DE<br />
<strong>CHEVALIERS</strong> EQUO PUBLICO.<br />
Après la prérogative, étaient appelées les dix-huit centuries de chevaliers equo<br />
publico. Mais elles ne votaient plus à part, ni dans le même ordre qu'avant les<br />
guerres puniques. Avant la réforme, les dix-huit centuries formaient comme un<br />
peuple à part (populus), dont on annonçait le vote séparément. .Mais, après la<br />
réforme, la centurie prérogative unique garda seule ce privilège. Les dix-huit<br />
centuries, qui faisaient partie de la première classe, entraient désormais avec<br />
elle dans l'enceinte électorale du Champ-de-Mars3. Elles ne votaient pas non plus<br />
dans le même ordre qu'autrefois : les six suffrages, qui foret tient la chevalerie<br />
urbaine et sénatoriale, au lieu d'être les premiers, comme avant les guerres<br />
puniques, ne votaient plus qu'après les douze autres centuries qui étaient<br />
remplies <strong>des</strong> fils <strong>des</strong> publicains4. Cette interversion dans l'ordre <strong>des</strong> votes tenait<br />
aux causes générales qui, en déplaçant la majorité et l'influence politiques,<br />
1 Cicéron, Pro Plancio, XX.<br />
2 Lettre de Salluste à César, I, ch. VII.<br />
3 Cicéron, Philippique II, 33. Denys fait, par anachronisme, entrer les dix-huit centuries<br />
dans l'Ovile avec le reste de la première classe, dès 457 av. J.-C. (Denys, X, 17).<br />
4 Tite-Live, XLIII, 16. Huit <strong>des</strong> douze centuries condamnent, en 169 av. J.-C., le censeur<br />
Appius Claudius, ennemi <strong>des</strong> publicains.