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HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...

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Qu'est-ce donc que cette fameuse sécession de la plèbe qu'on a fort<br />

improprement appelée la retraite au Mont-Sacré ?<br />

L'apologue de Menenius Agrippa, qui est la partie du récit primitif la mieux<br />

conservée par Tite-Live, va nous en faire comprendre le sens1.<br />

Au temps où dans l'homme tous les membres n'obéissaient pas à<br />

une même pensée, et où chacun d'eux avait sa volonté et son<br />

langage, les différentes parties du corps s'indignèrent d'être au<br />

service du ventre, qui seul profitait de leurs soins et de leurs<br />

travaux. Le ventre, tranquille au milieu d'eux, n'était, disaient-ils,<br />

occupé qu'à jouir <strong>des</strong> plaisirs qu'ils lui donnaient. Ils conspirèrent<br />

donc, les mains, pour ne plus porter la nourriture à la bouche, la<br />

bouche, pour ne plus la recevoir, les dents, pour ne plus la<br />

broyer. Mais en voulant, dans leur colère, réduire le ventre par la<br />

famine, les membres eux-mêmes et le corps tout entier devinrent<br />

maigres et décharnés. Par là on s'aperçut que le ministère du<br />

ventre n'était pas inutile, qu'il avait moins pour fonction d'être<br />

nourri que de nourrir, puisqu'il rendait à toutes les parties du<br />

corps le sang enrichi par la digestion <strong>des</strong> aliments, et qu'il faisait<br />

ainsi couler dans toutes les veines la force et la vie.<br />

Sous cette allégorie transparente on aperçoit sans peine la réalité historique. La<br />

ville de Rome fut en effet affamée ; les bras de la campagne refusèrent de lui<br />

porter sa nourriture ordinaire. Les plébéiens <strong>des</strong> tribus rustiques, maltraités par<br />

<strong>des</strong> citadins orgueilleux, avaient transporté le marché <strong>des</strong> nundines du Forum<br />

romain sur le Mont-Sacré. Ils avaient exclu du marché les patriciens, et ils y<br />

admettaient la plèbe urbaine, qui s'était entendue avec eux pour compléter ce<br />

blocus du patriciat.<br />

Nous allons reprendre tout le récit <strong>des</strong> historiens anciens à ce point de vue qui en<br />

rend tous les détails intelligibles et clairs2.<br />

La mort de Tarquin-le-Superbe mit fin aux ménagements que les patriciens de<br />

Rome avaient gardés pour la plèbe3. Jusque-là, la crainte du retour <strong>des</strong> rois les<br />

avait disposés aux concessions, et ils avaient accordé aux hommes de la<br />

campagne qui, depuis Servius, étaient enrôlés dans les légions, le droit de voter<br />

au Champ-de-Mars et celui de former seize tribus rustiques. Mais la sécurité leur<br />

rendit tout leur orgueil. Habitués à faire rentrer dans l'esclavage les affranchis de<br />

la plèbe urbaine, qui ne payaient pas les intérêts de leurs dettes, et à les<br />

enfermer dans leurs ateliers de travail, ils prétendirent traiter de même les<br />

propriétaires de la plèbe rustique. On vit un ancien centurion, un plébéien d'une<br />

grande maison4, qui avait possédé autrefois <strong>des</strong> champs et <strong>des</strong> troupeaux,<br />

s'échapper d'une prison de débiteurs esclaves où son créancier l'avait plongé. Il<br />

montra au peuple <strong>des</strong> Quirites la trace <strong>des</strong> coups que son maître lui avait fait<br />

1 Tite-Live, II, 32.<br />

2 Nous n'essaierons pas de suivre un ordre minutieusement chronologique, qui serait<br />

d'ailleurs impossible. Tite-Live dit, en commençant le récit de ces événements (II, 21) :<br />

Tanti errores inplicant temporum rationem aliter apud alios ordinatis magistratibus, ut<br />

nec qui consules secundum quos, nec quid quoque anno actum sit, in tanta vetustate non<br />

rerum modo sed etiam auctorum digerere possis. Le vrai ordre est donc ici celui qui, au<br />

milieu de ces incertitu<strong>des</strong>, subordonne les détails à une idée d'ensemble qui les explique.<br />

3 Tite-Live, II. 21.<br />

4 Tite-Live, II, 23, dit : MAGNO NATU QUIDAM.

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