HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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comices, ne pouvaient former la majorité légale, ne s'apercevaient pas qu'elles<br />
avaient une immense majorité réelle. Leurs membres n'étaient jamais réunis en<br />
assez grand nombre pour mesurer ou essayer leurs forces et prendre quelque<br />
influence. L'élection était décidée sans contradiction par les dix-huit centuries<br />
prérogatives1.<br />
L'aristocratie urbaine dominait donc l'assemblée du Champ-de-Mars, parce que<br />
les six suffrages composés de sénateurs et de fils de sénateurs, votaient en tête<br />
<strong>des</strong> dix-huit centuries de chevaliers, et qu'ils n'avaient jamais en face d'eux (les<br />
masses populaires compactes et confiantes en elles-mêmes.<br />
On se demande seulement où votaient les trois cents sénateurs avant l'an 400,<br />
lorsque les six centuries ne contenaient encore que la jeune noblesse.<br />
Ils se bornaient à voter dans les quatre-vingts centuries <strong>des</strong> fantassins de la<br />
première classe, laissant à leurs fils, chevaliers <strong>des</strong> six suffrages, le soin de<br />
diriger les votes. N'avaient-ils pas un moyen puissant d'en contrôler le résultat ;<br />
puisque, jusqu'aux lois de Publilius Philo (337 av. J.-C.) et de Mœnius (287), ils<br />
pouvaient annuler une loi ou une élection faite par les centuries, en refusant d'en<br />
proposer la confirmation à l'assemblée curiate2 ? Enfin, depuis l'an 400 av. J.-C.<br />
les sénateurs n'eurent même plus besoin de confier à leurs fils ce rôle politique.<br />
Ils le remplirent à côté d'eux. Gardant le cheval que l'État leur donnait (equum<br />
publicum), ils restaient, après leurs dix ans de service, chevaliers <strong>des</strong> six<br />
suffrages3. Chefs <strong>des</strong> centuries prérogatives aussi bien que <strong>des</strong> curies, ils<br />
possédaient à la fois la direction et le contrôle <strong>des</strong> votes de l'assemblée<br />
centuriate.<br />
Une loi du dictateur Hortensius (286 av. J.-C.) vint ébranler cette domination que<br />
les sénateurs exerçaient au Champ-de-Mars. Macrobe nous dit qu'il rendit fastes<br />
les jours de nundines, de façon que les paysans, qui venaient au marché de la<br />
ville, pussent en même temps arranger leurs procès4. Ce qui a empêché Macrobe<br />
de saisir le sens politique de cette loi, c'est la distinction qu'il fait entre les jours<br />
fastes et les jours de comices5. Cette distinction ne fut établie qu'en 136 av. J.-<br />
C., par la loi Fufia ou Fusia6, qui détermina les jours fastes où l'on ne pourrait<br />
1 Cicéron (Pro Plancio, XX) dit qu'au temps où il n'y avait qu'une centurie prérogative,<br />
jamais un candidat qu'elle avait nommé ne manqua d'être élu. Cette influence, qui tenait<br />
aux idées religieuses <strong>des</strong> Romains sur les omina, devait être bien plus forte encore avant<br />
les guerres puniques, lorsque les dix-huit centuries équestres étaient prérogatives et<br />
qu'on annonçait séparément leur vote, comme on annonça plus tard le vote de la<br />
prérogative unique (Philippique, II, 33). Aussi Asconius, au ch. IX de la première Verrine,<br />
dit : Sequente populo, ut sœpe contigit, PRÆROGATIVARUM VOLUNTATEM. Tite-Live (I, 43) dit<br />
que la première classe, qui avait la majorité <strong>des</strong> centuries, rendait presque toujours, par<br />
son accord, l'appel de la seconde classe inutile. Denys (IV, 20, fin) appelle les deux<br />
dernières classes superflues, et dit aussi que le vote était le plus souvent achevé par la<br />
première classe seule. En déclarant fériés les jours de nundines, l'aristocratie de Rome<br />
voulait faire entendre aux paysans <strong>des</strong> quatre dernières classes que, pour cd qu'ils<br />
avaient à faire dans l'assemblée centuriate, ce n'était pas pour eux la peine de se<br />
déranger.<br />
2 Voir plus haut, livre Ier, ch. II, § 3.<br />
3 Cicéron, De Republica, IV, 2.<br />
4 Macrobe, Saturnales, I, 16.<br />
5 Macrobe, Saturnales, I, 16.<br />
6 Cicéron, De provinciis consularibus, ch. 19. Cette loi de l'an 136 fut rendue nécessaire<br />
par l'admission <strong>des</strong> prolétaires dans les tribus, depuis 179 av. J.-C. (Tite-Live, XL, 51).<br />
Alors la plèbe affluait à Rome, non-seulement aux nundines, mais aux jours de la