HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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pouvait être faite à l'assemblée curiate ou à l'assemblée centuriate, que par un<br />
patricien1. Au contraire, dans l'assemblée <strong>des</strong> tribus, l'auteur de la proposition<br />
qui devait être transformée en plébiscite (auctor ou princeps rogationis), était<br />
toujours plébéien aux premiers siècles de la République, puisque les patriciens<br />
n'y étaient pas convoqués par les tribuns. Lælius Félix et Gaius sont donc<br />
d'accord pour expliquer le refus que faisaient les patriciens, d'obéir aux<br />
plébiscites par la loi qui leur interdisait de les voter.<br />
Or, nous trouvons dans l'histoire romaine une loi toujours renouvelée et toujours<br />
vaine, pour soumettre les patriciens aux plébiscites. Son renouvellement même<br />
est une preuve de la protestation persévérante du patriciat. Car on a remarqué<br />
que, parmi les ordonnances, celles qui sont reproduites le plus souvent, sont<br />
celles qu'on applique le moins. Quand le législateur se répète, c'est qu'il n'est pas<br />
obéi. Dès l'année 446 av. J.-C., les consuls Valerius et Horatius, pour décider la<br />
question de savoir si les plébiscites étaient obligatoires pour les patriciens, firent<br />
déclarer par les comices centuriates que les décisions de la plèbe assemblée par<br />
tribus, seraient <strong>des</strong> lois pour le populus2 (peuple noble).<br />
Un peu plus d'un siècle après, Publilius Philo refit la loi Valeria-Horatia, en lui<br />
donnant cette forme nouvelle : Les plébiscites obligeront tous les hommes <strong>des</strong><br />
curies3 (337 av. J.-C.). Enfin, en 286 av. J.-C., la plèbe tourmentée par les<br />
créanciers, après de longues et terribles révoltes, finit par se retirer sur le<br />
Janicule4, c'est-à-dire par y transporter son marché et ses réunions politiques,<br />
comme autrefois au Mont-Sacré ou sur l'Aventin.<br />
Le dictateur Hortensius prit le rôle de Menenius Agrippa. Il alla trouver la plèbe<br />
réunie sur le Janicule un jour de nundines, et, dans le bois de chênes qui<br />
couronnait la montagne, il fit voter plusieurs lois, dont l'une renouvelait, dans les<br />
mêmes termes, celle de Publilius Philo, et soumettait tous les hommes <strong>des</strong> curies<br />
aux plébiscites5. Or, Lælius Félix6 dit que, jusqu'à cette dictature d'Hortensius,<br />
les plébiscites n'obligeaient pas le patriciat. Il est donc certain qu'au moins<br />
jusqu'à l'an 286 av. J.-C., les patriciens ne votaient pas dans les tribus<br />
assemblées au Forum.<br />
Il est même fort probable que les patriciens, après 286 comme après 446 et<br />
après 337 av. J.-C., continuèrent de protester contre une mesure politique<br />
illogique et injuste, qui leur imposait <strong>des</strong> obligations ne correspondant à aucun<br />
peuple était acquise à la proposition. Il n'y manquait qu'un homme pour en prendre<br />
l'initiative. Ce fut Terentius Varron qui s'en chargea. Le plébiscite, qui condamnait<br />
Cicéron à l'exil, portait en tête le nom de Sidulius, mentionné faussement comme l'auteur<br />
de la proposition (Cicéron, Pro domo sua, XXX). Celui qui se faisait adopter devant<br />
l'assemblée curiate devait porter lui-même la proposition devant les trente curies ; on lui<br />
demandait : AUCTORNE ES ut (le nom du père adoptif) in te vitæ necisque potestatum<br />
habeat ut in filio. (Ibidem, ch. XXIX et XXX).<br />
1 Cicéron, Pro domo sua, XIV. Comparez Tite-Live, VI, 41. Appius raisonne, comme<br />
Cicéron, dans l'hypothèse de la ruine complète du patriciat. Cicéron (pro Plancio, XX)<br />
appelle aussi auctoritas l'influence de la centurie qui vote la première.<br />
2 Tite-Live, III, 55.<br />
3 Tite-Live, VIII, 12.<br />
4 Tite-Live, Épitomé du livre XI. Il est impossible ici de supposer que la plèbe ait quitté<br />
Rome et le territoire <strong>des</strong> vingt-neuf tribus rustiques qui existaient alors, pour aller se<br />
fixer à demeure sur le Janicule.<br />
5 Pline, Hist. nat., XVI, 13, n° 10.<br />
6 Lælius Félix, loc. cit.