HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS - L'Histoire antique des ...
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suffrages et les centuries équestres où votaient les sénateurs1. Cette<br />
ressemblance <strong>des</strong> mots est le signe de l'identité <strong>des</strong> pensées dans deux passages<br />
assez rapprochés <strong>des</strong> livres sur la République.<br />
Depuis l'an 400 av. J.-C., les six centuries n'étant plus obligées de servir en<br />
corps dans les légions, les chevaliers qui en étaient membres prirent l'habitude<br />
de conserver, après leurs dix ans de service le cheval que l'Etat leur avait donné<br />
(equum publicum). Même en devenant sénateurs ils ne cessaient pas d'être<br />
chevaliers equo publico.<br />
En 184 av. J.-C., Caton le Censeur2, passant la revue de la chevalerie, privait de<br />
son cheval Scipion l'Asiatique, qui avait été consul six ans auparavant. En l'an<br />
204 av. J.-C., les deux censeurs, M. Livius Salinator et C. Claudius Néron se<br />
trouvaient tous deux chevaliers equo publico3. Valère Maxime, qui a vécu dans<br />
un temps où les centuries équestres ne contenaient plus que <strong>des</strong> jeunes gens,<br />
cherche à expliquer ce fait en supposant que les deux censeurs étaient dans l'âge<br />
de la force4. Il est vrai que les chevaliers sénateurs ne se contentaient pas de<br />
former une chevalerie purement honoraire. Souvent ils accompagnaient comme<br />
volontaires les légions qui faisaient campagne ; et Tite-Live compte parmi les<br />
morts de la bataille de Cannes5 vingt-et-un tribuns militaires dont quelques-uns<br />
avaient été consuls, préteurs ou édiles, et de plus quatre-vingts sénateurs ou<br />
anciens magistrats honorés de charges curules, qui étaient partis volontairement.<br />
Mais les sénateurs avaient aussi une raison politique pour conserver le cheval<br />
payé par l'Etat : c'est qu'ils conservaient en même temps leur droit de vote et<br />
leur influence dans les six centuries équestres. C'est cet avantage politique que<br />
Scipion Emilien6 regrettait de voir compromis par le désir imprudent de quelques<br />
sénateurs, qui demandaient un plébiscite pour leur ordonner de rendre aux<br />
censeurs les chevaux que l'Etat leur avait confiés. Le droit de garder ces chevaux<br />
était devenu pour les sénateurs un honneur coûteux. Outre que le chevalier equo<br />
publico n'était pas soldé, il était moralement obligé à faire, de temps en temps,<br />
une campagne. Les subventions de l'æs equestre et de l'æs hordearium, qui<br />
n'avaient pas varié depuis la seconde guerre punique, devaient être<br />
insuffisantes, en 129 av. J.-C., pour l'achat et pour l'entretien d'un cheval7. Des<br />
sénateurs, probablement ceux du parti de Metellus et de P. Mucius, rivaux de<br />
Scipion Emilien8, demandaient la faveur de ne plus faire partie <strong>des</strong> six centuries<br />
équestres, et ils sacrifiaient ainsi l'intérêt politique du Sénat à un intérêt<br />
pécuniaire (largitionem quærunt). Mais, jusqu'à la mort de Scipion Émilien, les<br />
1 Cicéron, De Republica, II, 2. Equitatus in quo SUFFGAGIA sunt etiam SENATUS. Ibidem., II,<br />
22. Equitum centuriæ cum SEX SUFFRAGIIS.<br />
2 Tite-Live, XXXIX, 44.<br />
3 Tite-Live, XXIX, 37.<br />
4 Valère Maxime, II, ch. IX, n° 6. Propter robur ætatis.<br />
5 Tite-Live, XXII, 49.<br />
6 Cicéron, De Republica, IV, 2. Si ce désir ne fût pas venu <strong>des</strong> sénateurs, mais <strong>des</strong><br />
tribuns ennemis du Sénat, Scipion l'eût qualifié de ruse politique, et non de sottise :<br />
slulte cupientibus.<br />
7 Dès le temps de Caton, on montrait peu d'empressement à remplir les 2.400 places de<br />
la chevalerie equo publico, fallait prendre <strong>des</strong> mesures pour que le nombre <strong>des</strong> chevaliers<br />
ne tombât pas au-<strong>des</strong>sous de 2.200 (Caton, dans Priscien. Note 3 du livre Ier, à la fin de<br />
ce volume. C'est vers le même temps qu'Æbutius se faisait dispenser de recevoir un<br />
cheval de l'État, 186 av. J.-C. (Tite-Live, XXXIX, 19).<br />
8 Cicéron, De Republica, I, 19.